"La douleur, premier motif de consultation dans les services d’urgence et chez le médecin généraliste, concerne près de 12 millions de patients en France dont plus des 2/3 souffrent de douleurs chroniques avec des répercussions psychosociales. Seuls 30% des patients douloureux reçoivent un traitement approprié. Les structures douleur chronique (SDC) ont théoriquement pour objectif de prendre en charge les patients douloureux les plus complexes. Cependant, du fait de leur fragilité, elles en traitent moins de 3%", introduit la Dre Sylvie Rostaing, anesthésiste-réanimateur, responsable de la consultation douleur (Institut du cancer Avignon-Provence), ex-vice-présidente SFETD. La France compte 245 SDC (2/3 de consultations, 1/3 de centres) réparties sur le territoire dont 75% sont présentes dans les établissements publics. Pour la Pre Valeria Martinez, anesthésiste et médecin de la douleur (Hôpital Raymond Poincaré, Garches), présidente SFETD : "ce maillage territorial s’essouffle. Près de 30% des SDC pourraient disparaître dans les prochaines années par manque de moyens financiers et humains. Nous comptons en moyenne 0,59 équivalent temps plein de médecins douleurs pour 100 000 habitants, le délai médian d’attente d’une consultation SDC est de 3 mois (et parfois jusqu’à 1 an). De plus, le départ à la retraite de 177 médecins est attendu dans les 5 ans. Or, depuis 2010, nous n’avons pas eu de plan ou de programme national douleur". François Braun, questionné par la députée Maud Petit sur la feuille de route envisagée pour pérenniser les SDC lors de la Journée mondiale de la douleur, avait indiqué que la prise en charge de la douleur chronique devait s'inscrire dans un parcours de soins impliquant les médecins généralistes, premier maillon de la chaîne, les établissements de santé intervenant en second recours à travers des prises en charge pluri-professionnelles. Le Ministre de la santé a saisi la Haute Autorité de Santé (HAS) qui publiera des recommandations sur le parcours de soin début 2023. Parallèlement, il a ajouté que le processus de labellisation des SDC est relancé avec la volonté d'intégrer davantage la médecine de ville à ces structures. Deux mesures renforcent ce modèle : l’appel à manifestation d'intérêt pour l'élaboration de protocoles de coopération entre infirmiers et médecins et la création de 20 postes d'assistants spécialistes douleur par an pour les SDC. Le parcours de soins doit permettre une prise en charge plus rapide des patients. L’étape suivante sera de définir les moyens à mettre en place. Je pense que la coopération entre la Ville et l’hôpital va être renforcée car la prise en charge de la douleur est très hospitalo-centrée, faute de moyens adaptés, précise la Dre Rostaing.
Fin janvier 2023, la liste des SDC labellisées pour cinq ans sera établie par les ARS sur la base d'un nouveau cahier des charges élaboré par la DGOS. L’accent est mis sur des critères qualitatifs, d'organisation et d'expertise. L’appel à candidature (nouvelle structure ou renouvellement) a été publié l’été dernier. Au maillage territorial actuel a été ajouté au moins une structure douleur chronique référente pour l’endométriose par région. Les permanences avancées, rattachées aux centres et consultations labellisées, ont été redéfinies pour mieux couvrir certains départements. Des prises en charge prioritaires pour les urgences douleur seront également mises en place.
Les SDC doivent assurer la transmission des informations concernant les patients pris en charge, auprès des correspondants libéraux, médecins traitants notamment. Enfin, l’accent est mis sur les réunions de synthèse pluriprofessionnelles (médecins, infirmier(e)s ressource douleur, psychologues, etc…) et les réunions de concertation pluridisciplinaires (médecins de spécialités différentes).
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