Cystite, conjonctivite, eczéma… Ce que le pharmacien pourrait bientôt dispenser sans prescription
Un amendement au budget de la Sécurité sociale pour 2019 adopté jeudi en commission des Affaires sociales autorise une expérimentation pour trois ans dans deux régions.
Après la vaccination contre la grippe et le bilan de médication des personnes âgées, une nouvelle compétence pourrait être confiée aux pharmaciens. Un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019, déposé par la députée LREM Delphine Bagarry, médecin urgentiste de profession, autorise les pharmaciens d'officine à dispenser "certains médicaments à prescription médicale obligatoire dans le cadre d’un protocole médical et de coopération conclu avec le médecin traitant et les communautés de santé des structures d’exercice coordonnées". La liste des médicaments serait définie par arrêté. Il s'agirait dans un premier temps d'une expérimentation, menée pour trois ans dans deux régions. Delphine Bagarry prend exemple sur la Suisse, où depuis mars 2018 20% des pharmaciens dispensent sans ordonnance des médicaments normalement soumis à prescription médicale. "Plusieurs pathologies ont été identifiées comme la cystite, la conjonctivite ou l’eczéma par exemple, précise la députée dans l'exposé des motifs. Des arbres de décisions ont été définis pour harmoniser la qualité et la sécurité de la dispensation de ces médicaments par le pharmacien d’officine." Cette mesure, qui sera soumise au vote de l'ensemble des députés, s'inscrit "dans la droite ligne des coopérations recherchées au travers des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui devront mailler le territoire" et répond à l'objectif poursuivi par le Gouvernement de libérer du temps médical. Mais pour la CSMF, "il s’agit là d’une remise en cause complète des contours de métier" de médecin. "Cela revient à donner au pharmacien la responsabilité d’un diagnostic médical et d’une prescription de médicaments habituellement prescrits par le médecin", s'alarme le syndicat dans un communiqué daté du 18 octobre. "Remettre en cause les contours de chaque métier sous le prétexte de la coopération est de nature à engendrer des dysfonctionnements et des problèmes graves dans la prise en charge des patients. Sans compter la responsabilité que les pharmaciens seraient amenés à endosser…", prévient le syndicat.
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