Faire du cancer un objet politique

C’était il y a tout juste seize ans, au printemps 2007. Alors jeune assistant parlementaire au Sénat, je souffre depuis plusieurs semaines d’un atroce mal de ventre. D’après mon médecin parisien de l’époque, que je suis allé voir trois fois, c’est une gastrite carabinée. Pourtant, le 7 mai 2007, au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, j’entre aux urgences de l’hôpital Bichat pour n’en ressortir que quinze jours et des dizaines d’examens plus tard avec un diagnostic implacable : lymphome B non hodgkinien à grandes cellules. En langage compréhensible, un cancer du sang qui touche le système lymphatique, garant du système immunitaire. Au stade 4 qui plus est, stade d’avant le cimetière, histoire d’ajouter de l’intensité dramatique. Or à 27 ans, pour la majorité d’entre nous, la mort n’est qu’une hypothèse d’école.