FMC : 10 points clésLombalgie

L’activité physique et l’éducation thérapeutique sont les piliers de la prise en charge.

Dr Guy Scémama
  1. 01
    Point formation n°1

    Les lombalgies sont fréquentes : 84 % des personnes ont eu, ont ou auront une lombalgie. Il est essentiel de délivrer une information rassurante quant au pronostic : dans 90 % des cas, la lombalgie commune évolue favorablement en moins de quatre à six semaines. On parle de lombalgie chronique lorsqu’elle dure de plus de trois mois.

  2. 02

    Il est nécessaire, devant des lombalgies, de rechercher des signes orientant vers une pathologie sous-jacente. Les signes d’alerte sont :
    - une douleur de type non mécanique : d’aggravation progressive, présente au repos et en particulier durant la nuit ;
    - un symptôme neurologique étendu (déficit dans le contrôle des sphincters vésicaux ou anaux, atteinte motrice au niveau des jambes, syndrome de la queue de cheval) ;
    - une paresthésie au niveau du pubis (ou du périnée) ;
    - un traumatisme important ;
    - une perte de poids inexpliquée ;
    - un antécédent de cancer ;
    - un usage de drogue intraveineuse, ou un usage prolongé de corticoïdes ;
    - une déformation structurale importante de la colonne vertébrale ;
    - une douleur thoracique (rachialgies dorsales) ;
    - un âge d’apparition de moins de 20 ans ou de plus de 55 ans ;
    - de la fièvre ;
    - une altération de l’état général.

  3. 03

    Le diagnostic est clinique, guidé par le siège de la douleur, son horaire mécanique. L’examen doit rechercher une déviation de la colonne vertébrale, des facteurs favorisants comme une cyphose et/ou une scoliose.

  4. 04

    Il n’y a pas d’indication à réaliser une imagerie rachidienne dans le cas d’une poussée aiguë de lombalgie en l’absence de signe d’alerte. Il est néanmoins recommandé d’expliquer au patient pourquoi une imagerie n’est pas nécessaire. L’imagerie rachidienne doit être réalisée en cas de lombalgie chronique, l’IRM étant l’imagerie de première intention.

  5. 05

    L’évaluation du risque de passage à la chronicité est essentielle. Ce risque est à rechercher dès que l’arrêt de travail va au-delà de quatre semaines. Les principaux indicateurs en sont :
    - des problèmes émotionnels (dépression, anxiété, stress, retrait des activités sociales) ;
    - des attitudes et représentations inappropriées par rapport au mal de dos, comme l’idée que la douleur représenterait un danger ou qu’elle pourrait entraîner un handicap grave, ou un comportement passif par rapport à la prise en charge ;
    - des comportements douloureux inappropriés (évitement ou réduction de l’activité liés à la peur) ;
    - des problèmes liés au travail (insatisfaction professionnelle ou environnement de travail jugé hostile) ou problèmes liés à l’indemnisation (rente, pension d’invalidité).

  6. 06

    Le traitement non médicamenteux de première intention des lombalgies aiguës repose sur l’exercice physique adapté, en favorisant l’autogestion et la reprise des activités quotidiennes, y compris la reprise précoce des activités professionnelles si possible.

  7. 07

    Chez les patients présentant une lombalgie chronique ou à risque de chronicité, la réalisation d’exercices thérapeutiques adaptés à la situation clinique, enseignés par un kinésithérapeute, puis poursuivis à domicile, est recommandée. Le kinésithérapeute participe à l’éducation du patient (réassurance, lutte contre les peurs et croyances, sensibilisation aux bienfaits de l’activité physique).

  8. 08
    Point formation n°8

    Les traitements non médicamenteux de deuxième intention comportent les techniques manuelles (manipulations, mobilisations), ces dernières devant s’intégrer dans le cadre d’une combinaison multimodale de traitements incluant un programme d’exercices supervisés.

  9. 09

    Le traitement médical des lombalgies fait appel aux antalgiques et aux AINS lors des poussées douloureuses. Le choix du traitement doit prendre en compte les antécédents médicaux, les expériences antérieures de prise antalgique, les préférences du patient et le risque de mésusage. Il est possible d’envisager le port d’une ceinture lombaire ou d’un corset sur une courte durée pour aider à la reprise d’activités bien qu’ils n’aient pas démontré d’efficacité sur l’évolution de la lombalgie. Le traitement chirurgical reste l’exception, en cas de sciatique avec hernie discale compliquée par un syndrome de la queue de cheval ou de déficit moteur sévère ou en cas de persistance d’une impotence fonctionnelle douloureuse malgré le traitement médical bien conduit.

  10. 10

    La prévention est essentielle et repose sur la pratique régulière d’une activité physique et/ou d’exercices d’autorééducation, l’amélioration des conditions de travail, et la lutte contre la sédentarité et l’obésité.

Références :

- Haute Autorité de santé. Prise en charge du patient présentant une lombalgie commune. Recommandation de bonne pratique. Mars 2019.

Le Dr Guy Scémama déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.