FMC : 10 points clésBronchite aiguë

Atteinte infectieuse des bronches et de la trachée, survenant sur des voies respiratoires indemnes de maladie chronique, la bronchite aiguë est l’un des diagnostics les plus fréquents en médecine de ville.

Dr Philippe Massol
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    Point formation n°1

    Le signe principal de la bronchite aiguë est la toux. Elle est parfois précédée de rhinite, de pharyngite ou de laryngite. Elle est souvent sèche initialement, volontiers nocturne, quinteuse, douloureuse. Elle devient productive après quelques jours, avec une expectoration d’aspect muqueux ou mucopurulent, sans corrélation avec une origine bactérienne.

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    La toux peut s’accompagner de sensation de malaise général, avec des myalgies, des arthralgies, des troubles digestifs, des céphalées… La fièvre est inconstante et rarement élevée.

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    L’examen clinique est normal ou retrouve quelques râles bronchiques. Aucun examen complémentaire n’est justifié.

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    La distinction entre pneumonie (rare) et bronchite (fréquente) peut être cliniquement difficile, mais capitale compte tenu d’un pronostic et d’un traitement très différent. Une pneumopathie aiguë est évoquée devant une fièvre supérieure à 37,8 °C, une tachycardie > 100 batt/min, une polypnée > 25/min, une douleur thoracique, l’absence d’infection des voies aériennes supérieures, une impression globale de gravité ou des signes auscultatoires en foyer (râles crépitants). Une radio pulmonaire (face et profil) doit alors être faite pour confirmer le diagnostic. Mais la symptomatologie peut être trompeuse ou fruste, notamment chez le sujet âgé.

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    Un virus est responsable de la majorité des bronchites aiguës (50 à 90 % des cas) : le plus souvent, il s’agit d’un virus influenza (grippe) et para-influenzae, ou d’un adénovirus, d’un virus respiratoire syncytial (VRS), moins fréquemment d’un myxovirus, ou un coronavirus.

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    Les bactéries sont rarement en cause : Mycoplasma pneumoniae, Chlamydia pneumoniae et Bordetella pertussis ; plus rarement : pneumocoque et Haemophilus influenzae avec des surinfections bactériennes secondaires qui seraient favorisées par les lésions locales post-virales.

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    L’évolution est simple et la guérison spontanée sauf en cas de pathologie chronique associée (risque de décompensation). Les signes généraux disparaissent en quelques jours, la toux en huit à dix jours. Elle peut cependant persister plus longtemps, quelques semaines, voire quelques mois (réparations des lésions épithéliales bronchiques et inflammation prolongée, parfois entretenue par des irritants bronchiques tels que le tabac). L’évolution est similaire sous antibiothérapie. Neuf études randomisées conduites contre placebo n’ont pu démontrer l’avantage à prescrire un antibiotique, qu’il s’agisse de la durée de la bronchite ou de la survenue de complications. L’apparition d’une expectoration purulente n’est pas synonyme de surinfection bactérienne, mais elle correspond davantage à une intense nécrose épithéliale.

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    Point formation n°8

    Si la bronchite aiguë se répète à quelques semaines ou mois d’intervalle, il faut rechercher un facteur de risque respiratoire (tabac, irritant respiratoire professionnel ou autre) ou faire un bilan (radiographie pulmonaire au minimum) à la recherche d’une cause locale (tumeur, corps étranger, bronchectasies…).

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    Le traitement symptomatique associe un antitussif ou un mucorégulateur pour la toux, associés éventuellement à un antipyrétique ; des bêtamimétiques ou des corticoïdes inhalés peuvent être proposés si la toux est rebelle ou en cas de bronchospasme. Les Ains et les corticoïdes per os ont une efficacité non documentée dans la littérature, mais ils sont souvent utilisés.

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    L’antibiothérapie sera prescrite en seconde intention seulement, devant des râles bronchiques à l’auscultation au-delà du septième jour ou en cas de décompensation d’une comorbidité associée. Le choix s’orientera de préférence vers un macrolide ou une cycline, actifs sur Mycoplasma pneumoniae, Chlamydia pneumoniae et Bordetella pertussis.

Références :

- Benhamou D. Bronchite aiguë de l’adulte. Revue Prat Med Gen 2013;894:61-2.
- Catherinot E, Bron C, Rivaud E, Couderc LJ. Infections respiratoires basses communautaires. La pneumologie fondée sur les preuves. Splf. Éditions Margaux Orange, 2013.

Dr Philippe Massol : journaliste, egora.fr, Egora l'Hebdo-Panorama du médecin, Global Média Santé. Il déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.