FMC : 10 points clésOeil rouge avec réduction de l’acuité visuelle

Certaines étiologies doivent être identifiées rapidement car elles peuvent conduire à une cécité.

Dr Pierre Francès, Dr Nicolet Perolat
  1. 01
    Point formation n°1

    L’oeil rouge est un motif fréquent de consultation chez le praticien généraliste. Entre 1 et 4 % des consultations sont effectuées pour un oeil rouge en urgence. Parmi les quatre étiologies associant oeil rouge et réduction de l’acuité visuelle, nous trouvons :
    – la kératite, se caractérisant par : douleurs, larmoiements, photophobie, blépharospasme, et érosions ou ulcérations à la lampe à fente ;
    – les uvéites antérieures, associant : pupille en myosis, cercle périkératique, parfois hypertension oculaire, adhérences entre la face postérieure de l’iris et la capsule antérieure (synéchies) qui peuvent conduire à une déformation de la pupille ;
    – l’endophtalmie, regroupant : oedème palpébral, hypopion à la lampe à fente, inflammation importante du segment postérieur ;
    – le glaucome, se manifestant par : douleur intense, vomissements, céphalées, globe oculaire dur à la palpation, semi-mydriase, hypertension oculaire, oedème de la cornée.

  2. 02

    La kératite herpétique (18 000 cas par an) provoque une ulcération dendritique en carte de géographie. On objective souvent un trouble de la sensibilité cornéenne. Le traitement repose sur l’administration d’antirétroviraux locaux. En cas d’atteinte cornéenne stromale, il est utile de recourir aux antirétroviraux oraux. Cependant, les risques de récidive sont importants.

  3. 03

    La kératite à adénovirus peut survenir dans les suites d’une conjonctivite virale ou y est parfois associée. Le plus souvent, on retrouve des ulcérations superficielles disséminées. Fréquemment, cette forme de kératite évolue favorablement.

  4. 04

    La kératite secondaire à un zona est liée à une atteinte virale du nerf ophtalmique V1. Il s’agit d’une kératite superficielle (en phase aiguë d’un zona) ou d’un ulcère superficiel. Dans certains cas, il est possible d’objectiver une kératite neuroparalytique (forme chronique) dont le pronostic est parfois défavorable.

  5. 05

    La kératite bactérienne (dans 50 à 90 % des cas due à des cocci à Gram positifs) est objectivée chez 5 000 patients chaque année. Son origine est à mettre sur le compte d’un corps étranger, du port de lentilles ou d’un traumatisme. Un examen bactériologique cornéen dans le cadre d’un abcès est impératif. Un traitement par des antibiotiques locaux doit être effectué.

  6. 06

    La kératite traumatique peut être secondaire à un corps étranger, mais aussi faire suite à une soudure à l’arc, ou une exposition solaire trop intense. Il est nécessaire d’intervenir rapidement dans le cas d’un corps étranger métallique pour réduire le risque infectieux (antibiothérapie locale), et le dépôt de rouille. Dans le cas d’une soudure à l’arc, la douleur est parfois importante, et l’épithélium cornéen peut être touché. Il est nécessaire dans ce cas de recourir à des collyres à base de vitamine A pour permettre une cicatrisation rapide.

  7. 07

    La kératite d’origine iatrogène peut être secondaire à l’utilisation de collyres avec des conservateurs qui peuvent induire des ulcérations cornéennes. Certaines thérapeutiques peuvent aussi parfois conduire à un syndrome sec oculaire, et favoriser une kératite (antidépresseurs tricycliques).

  8. 08
    Point formation n°8

    L’uvéite antérieure est secondaire à une inflammation de la tunique vasculaire de l’oeil. On retrouve des précipités rétrocornéens. Un bilan étiologique est fondamental (même s’il est souvent négatif). On doit rechercher une maladie de Behçet, une spondylarthrite ankylosante, un herpès, une sarcoïdose, une syphilis, un lupus érythémateux disséminé, une arthrite chronique idiopathique. Le traitement est avant tout étiologique, et associera des collyres corticoïdes et cyclopégiques.

  9. 09

    L’endophtalmie est une infection oculaire grave qui fait souvent suite à une intervention chirurgicale, une toxicomanie, ou un traumatisme oculaire récent. Dans ce cas il faut confier le patient à un spécialiste pour effectuer un traitement antibiotique intraoculaire, et réaliser des prélèvements d’humeur aqueuse pour déterminer l’agent infectieux responsable.

  10. 10

    Le glaucome. Deux formes sont classiquement décrites :
    – le glaucome par fermeture de l’angle qui est secondaire à un blocage pupillaire (l’humeur aqueuse ne peut plus circuler). Il faut intervenir en urgence ;
    – le glaucome néovasculaire qui est dû à une ischémie rétinienne étendue. On note alors des néovaisseaux qui se développent vers l’angle iridocornéen.

Références :

- Kanski JJ. Précis d’ophtalmologie clinique. Éd. Elsevier Masson 2012.
- Hovding G. Acta Ophtalmol 2008:86(1):5-17.
- Fortoul V, Denis P. Item 81 / Q 212 - Oeil rouge et douloureux. Rev Prat 2014;64(5):707-15.
- Delair E. Oeil rouge. Rev Prat Med Gen 2008;22(798):291-5.
- Couf. Les référentiels des Collèges. Ophtalmologie. Éd. Elsevier Masson 2017.

Les Drs Pierre Francès et Nicolas Perolat déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.