FMC : 10 points clésSyndrome de l’intestin irritable

Le syndrome de l’intestin irritable est une maladie chronique très fréquente (4,1 % de la population mondiale). Malgré sa bénignité, il nécessite souvent une prise en charge.

  1. 01
    Point formation n°1

    En pratique clinique, le syndrome de l’intestin irritable (SII) se caractérise par une distension abdominale, des flatulences et des ballonnements récurrents associés à des troubles du transit. Les douleurs abdominales doivent être présentes au moins une fois par semaine (en moyenne) en association à au moins un des critères suivants : être en relation avec la défécation (soulagement ou aggravation des douleurs abdominales liées à la défécation), avec un changement dans la fréquence des selles ou dans la forme des selles.

  2. 02

    Le SII touche le plus souvent les femmes et les sujets de moins de 50 ans. C’est un motif fréquent de consultation en gastroentérologie. On distingue classiquement le SII-C (constipation) du SII-D (diarrhée) ou SII mixte.

  3. 03

    Il convient de réaliser un bilan biologique standard incluant une TSH, une calcémie, un bilan vitaminique (ferritine, B9, B12). Des tests sérologiques seront réalisés dans les SII-D pour exclure une maladie coeliaque (IgA anti-transglutaminase et IgA totales).
    Le dosage de la calprotectine fécale (actuellement non remboursé) peut être utile pour éliminer une forme débutante de maladie inflammatoire intestinale (Mici), notamment lorsque la CRP est élevée. Les examens de selles ainsi que les tests d’allergie alimentaire ne sont pas recommandés.

  4. 04

    Une coloscopie et/ou une fibroscopie doit être réalisée en cas :
    - de symptômes survenant après 45 ans ;
    - et/ou en présence de signes d’alarme (rectorragie, perte de poids, anémie, carence vitaminique...) ;
    - et/ou en cas de facteur de risque de cancer colorectal, notamment en cas d’antécédents familiaux au premier degré de cancer et/ou de polype colorectal.

  5. 05

    La prise en charge comprend l’augmentation de l’ingestion de fibres solubles (psyllium, son, avoine, orge, haricots), sans augmenter celle de fibres insolubles (son de blé, céréales complètes et certains légumes), qui peuvent majorer les ballonnements.

  6. 06

    Il n’y a pas d’indication à la greffe de microbiote fécal. Elle reste du domaine de la recherche, dans l’attente d’essais multicentriques de grande taille en double aveugle contre placebo.

  7. 07

    Le traitement médicamenteux repose sur les antispasmodiques et la menthe poivrée sous forme de gélule gastrorésistante pour la réduction des douleurs abdominales. Les antidépresseurs tricycliques sont des neuromodulateurs agissant sur l’axe intestin-cerveau. Peuvent être utilisées : l’amitriptyline, la nortriptyline, l’imipramine et la désipramine. Elles pourraient améliorer la douleur viscérale.

  8. 08
    Point formation n°8

    Les probiotiques ne sont pas recommandés pour le traitement des symptômes globaux du SII en l’absence d’extrapolation possible d’une souche à une autre pour les probiotiques. Cependant, certaines de souches disponibles ont montré leur efficacité dans des études randomisées contre placebo (Bifidobacterium infantis 35624, VSL3, Saccharomyces boulardii).

  9. 09

    Les régimes alimentaires reposent sur des notions simples, comme manger raisonnablement et régulièrement, réduire les aliments que l’on a identifiés comme étant mal supportés (environ un quart des malades sont réellement intolérants à certains aliments), éviter les aliments trop gras. Les recommandations actuelles préconisent l’essai d’un régime pauvre en Fodmap. Ces glucides sont en effet fermentés par les bactéries du côlon et provoquent des symptômes tels que des ballonnements, des gaz et des douleurs abdominales caractéristiques du SII. Le régime pauvre en Fodmap nécessite d’être accompagné par des professionnels de santé (diététiciennes) pour successivement éviter les aliments riches en Fodmap (éviction 2-6 semaines), favoriser les aliments pauvres en Fodmap, réintégrer progressivement les aliments sources de Fodmap pour tester la tolérance digestive, conserver des apports nutritionnels adéquats et surveiller les symptômes en suivant un plan de réintroduction adapté.

  10. 10

    La médecine non conventionnelle peut être utilisée lorsque les symptômes sont insuffisamment contrôlés. Le choix de ces techniques (qui ne font pas, pour la plupart, l’objet de remboursement par la Sécurité sociale) repose sur l’accessibilité à des thérapeutes formés. L’hypnose, les thérapies cognitives et comportementales ainsi que la méditation pleine conscience peuvent s’avérer efficaces dans le SII ; et leur pratique peut être complétée à domicile. La relaxation et l’ostéopathie sont en cours d’évaluation.