FMC : 10 points clésDiabète : les 100 ans de l’insuline

L’insuline a été extraite pour la première fois en 1921 au Canada, et injectée à l’homme un an plus tard. Depuis, les technologies pour son administration ont évolué, pour mimer au maximum la physiologie et réduire le risque d’hypoglycémies.

Dr Bruno Lissak
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    Point formation n°1

    Si le rôle du pancréas dans la maladie diabétique a été découvert par Minkowski en 1889 à Strasbourg, ce sont les chercheurs Banting et Best au Canada, en 1921, qui ont réussi à en extraire des broyats de pancréas, bases de l’élaboration d’une préparation utilisable en thérapeutique, pour la première fois en 1922, testée chez un adolescent de 14 ans sur le point de mourir.

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    Physiologiquement, l’insuline sécrétée par le pancréas est déversée dans le système porte, de façon continue, avec des pics parfaitement adaptés à la quantité de glucose absorbée, et à la glycémie. En thérapeutique, l’insuline est injectée de façon discontinue et déversée dans la circulation systémique, sans régulation.

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    La technique d’injection doit être correcte et reproductible (aiguilles courtes, pas de pli, perpendiculaire à la peau, sans pression excessive) de façon à ce que l’insuline demeure en sous-cutanée et ne soit pas injectée dans le muscle sous-jacent. La connaissance du délai d’action de l’insuline selon les zones d’injection est importante : du plus rapide au plus lent, on citera l’abdomen, les bras, les cuisses et le haut des fesses. Une grille d’injection pour chaque zone évitera les lipodystrophies, sources de déséquilibre du diabète.

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    Pour mimer la physiologie, un schéma dit basal-bolus constitue le principe de l’insulinothérapie classique du diabète de type 1 : une injection d’insuline lente à heure fixe durant 24 heures correspondant à la sécrétion de base de l’insuline ; avant chaque repas, une injection d’insuline rapide est pratiquée, équivalente aux pics d’insuline induits par l’apport de glucides. Des analogues de l’insuline sont la plupart du temps utilisés : lents pour obtenir un effet plus prolongé et un plateau d’insulinémie ; rapides pour avoir un effet plus rapide et moins prolongé.

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    La pompe à insuline portable ou en patch est une alternative pouvant convenir à certains diabétiques. Elle permet une moindre fréquence des hypoglycémies, une plus grande facilité à rajouter de l’insuline pour corriger une hyperglycémie, une modulation du rythme basal de l’insuline en dehors des repas pour les patients dont les besoins varient dans la journée ou dans la nuit. La planification et le déroulement d’une grossesse peuvent être une bonne indication.

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    L’autosurveillance glycémique (ASG) est incontournable pour pouvoir adapter les doses d’insuline, donc pour traiter la maladie. À côté de l’ASG classique, nécessitant la collecte d’un échantillon de sang capillaire par piqûre, existe un autre système sans lancette : le lecteur FreeStyle Libre et capteurs. La prescription initiale et celle suivant la période d’essai d’une durée d’un à trois mois sont réservées à un diabétologue ou à un pédiatre expérimenté en diabétologie. Elles impliquent une éducation spécifique à la manipulation du système et la mise à disposition d’un système conventionnel avec autopiqueur et bandelettes en cas de défaillance ou d’indisponibilité des capteurs. Un rapport, dit AGP, permet de retrouver dix indicateurs standardisés de la mesure continue du glucose sur une page. Une étude a montré une réduction de l’HbA1c de -0,55 % en moyenne et une amélioration de la qualité de vie chez les patients utilisateurs.

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    Le questionnement doit être systématique sur la fréquence des hypoglycémies, le seuil de perception des symptômes estimé par le patient, leur caractère de gravité, l’analyse des causes possibles ayant favorisé leur survenue, les modalités de resucrage. La prescription de glucagon est systématique ; une forme administrable par voie nasale est maintenant disponible mais non remboursée.

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    Point formation n°8

    La diététique tient compte du poids, privilégie les glucides à faible indice glycémique pour les repas habituels. Le patient est invité à connaître la composition en glucides des repas pour adapter les doses d’insuline préprandiales, identifier les glucides d’action rapide recommandés pour le resucrage des hypoglycémies et prévoir des collations avant, pendant et après l’effort lors de la pratique d’activité physique.

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    L’« insulinothérapie en boucle fermée » correspond à la délivrance automatisée de l’insuline en fonction des variations actuelles et prédites de la glycémie. Elle est communément appelée « pancréas artificiel ». La délivrance de l’insuline est assurée par une pompe et ajustée selon un algorithme qui utilise les mesures d’un capteur de glucose pour augmenter ou réduire les doses d’insuline ou arrêter la pompe en cas de risque hypoglycémique.

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    En dehors de la boucle fermée seront bientôt disponibles des stylos injecteurs d’insuline réutilisables, avec mémoire de dose et connexion par Bluetooth aux systèmes de monitoring glycémiques ; ainsi, sur les relevés fournis par le dispositif de mesures glycémiques, la dose d’insuline horodatée sera visible, constituant une version moderne du carnet diabétique sans la nécessité d’intervention du patient.

Références :

- Benhamou PY. Technologie Flash chez les patients DT1 et DT2 sous insulinothérapie intensifiée. Diabète et obésité, avril 2021, p. 126-30.

Le Dr Bruno Lissak déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.