FMC : 10 points clésObésité

Le type de prise en charge dépend de la sévérité de l’obésité, de son retentissement sur la qualité de vie et de la présence de comorbidités.

Dr Bruno Lissak
  1. 01
    Point formation n°1

    L’obésité est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une accumulation excessive de graisse qui présente un risque pour la santé. Selon la valeur de l’indice de masse corporelle (IMC) sont diagnostiqués le surpoids (entre 25 et 29,9 kg/m2), l’obésité modérée (entre 30 et 34,9 kg/m2), l’obésité sévère (entre 35 et 39,9 kg/m2) et l’obésité morbide (> 40 kg/m2). Chez l’enfant, le diagnostic repose sur la courbe d’IMC des carnets de santé.

  2. 02

    Selon l’étude Obépi-Roche, relancée en 2021, 17 % de la population française est obèse, 2 % présente une obésité morbide (IMC > 40 kg/m2). 17,4 % des femmes et 16,7 % des hommes sont obèses. Au plan régional, les Hauts-de-France (22,1 %), le Grand Est (20,2 %) et la Normandie (19,8 %) sont les régions où la prévalence de l’obésité est la plus forte.

  3. 03

    L’hypercholestérolémie concerne 23 % des personnes obèses contre 9 % de l’ensemble des Français ; l’HTA 36 % des obèses contre 20 % des Français ; et le diabète 20 % des obèses contre 7 % des Français. Les choix thérapeutiques pour le diabète doivent tenir compte de leur effet potentiel sur le poids : neutre pour la metformine et les gliptines, diminution pour les agonistes du GLP-1 et les gliflozines, augmentation pour l’insuline et les sulfamides.

  4. 04

    Les sujets obèses présentent plus fréquemment que la population générale certaines comorbidités (données d’interrogatoire) : arthrose (+5 %), dépression (+5 %), SAS (+11 %), pathologie cardiovasculaire comprenant AVC et infarctus (+2 %), RGO plus ou moins pyrosis (+5 %). Pour les cancers, l’excès de prévalence n’est observé que dans l’obésité morbide.

  5. 05

    L’obésité commune est la plus répandue, souvent polygénique, le rôle des facteurs extérieurs (style de vie, stress) étant déterminant. Les obésités monogéniques et les obésités dites syndromiques sont rares, débutent dans l’enfance et aboutissent très vite à une obésité massive. Certaines endocrinopathies peuvent favoriser une prise de poids : hypothyroïdie, insuffisance antéhypophysaire, syndrome de Cushing, déficit en hormone de croissance, surtout chez l’enfant.

  6. 06

    Le médecin généraliste et les professionnels de santé paramédicaux sont les premiers acteurs de la prise en charge, et interviennent au premier niveau de recours : diététicien, infirmier, pharmacien, éducateur sportif, kinésithérapeute, psychologue. En deuxième recours interviennent les médecins spécialistes de l’obésité et SSR spécialisés. En troisième recours, le patient sera adressé en centres spécialisés de l’obésité au sein d’un CHU ou associés par convention, ou en SSR spécialisés avec équipements adaptés.

  7. 07

    Lors de la première consultation, le médecin précisera l’histoire pondérale, le besoin et la gêne du patient, la sévérité de l’obésité, avec son retentissement médical et fonctionnel. Les objectifs sont la prévention ou le traitement des complications associées, l’objectif pondéral étant fixé en accord avec le patient, en tenant compte des comorbidités, sans rechercher une normalisation de l’IMC à tout prix. Les premières thérapeutiques reposent toujours sur une optimisation de l’hygiène de vie : approche diététique, reprise d’une activité physique adaptée. Une éducation thérapeutique et comportementale sera encouragée, un suivi psychologique est parfois indiqué.

  8. 08
    Point formation n°8

    Un analogue du GLP-1, le liraglutide, est actuellement disponible en France à des doses plus élevées que dans l’indication du diabète : une AMM non remboursée existe, avec une prise en charge nutritionnelle globale, pour les patients ayant un IMC ≥ 30 kg/m2 ou ≥ 27 kg/m2 avec des complications métaboliques.

  9. 09

    La chirurgie bariatrique représente la dernière option thérapeutique de l’obésité, réservée, selon la Haute Autorité de santé (HAS), aux patients obèses avec IMC ≥ 40 kg/m2 ou ≥ 35 kg/m2 en présence de complications susceptibles d’être améliorées par la chirurgie, après échec d’une prise en charge médicale bien conduite. Il y a deux grands types d’intervention : celles fondées sur une restriction gastrique (pose d’un anneau ajustable, gastroplastie, sleeve gastrectomie) et celles entraînant une malabsorption intestinale (dérivation biliopancréatique et bypass gastrique). Ces interventions ont montré leur intérêt, avec une réduction pondérale majeure et durable (de 40 à 75 % de l’excès de poids), une rémission des comorbidités, dont le diabète, et une augmentation de l’espérance de vie de six à neuf ans selon certaines études.

  10. 10

    Chaque année en France, 50 000 patients sont opérés. Un suivi à long terme est nécessaire afin de prévenir les carences vitaminiques, dépister des complications digestives, adapter les traitements des comorbidités (diabète, HTA, dyslipidémies) et accompagner les patients psychologiquement.