FMC : 10 points clésPlaies chroniques

Les plaies chroniques sont définies par leur délai de cicatrisation supérieur à quatre semaines.
Les causes incluent les ulcères de jambe, les escarres et les plaies du diabétique.

Dr Philippe Massol
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    Point formation n°1

    La prévalence des plaies chroniques avoisine 2 millions de personnes en France. Ce nombre important reflète l’allongement de la vie et l’augmentation des pathologies chroniques comme le diabète, les artériopathies ou l’insuffisance veineuse. Ces plaies ont un lourd impact pour les patients en termes de qualité de vie.

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    Les trois types principaux de plaie chronique sont les ulcères de jambe liés à une insuffisance veineuse ou artérielle (environ 500 000 personnes en France), les plaies du pied diabétique (environ 35 000 personnes) et les escarres dues à une immobilisation prolongée (300 000 personnes).

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    Les ulcères veineux, purs ou associés à une artériopathie, représentent l’immense majorité des ulcères des membres inférieurs. Leur traitement est en règle générale ambulatoire et repose sur des soins locaux et le port d’une compression élastique adaptée.

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    La règle des 4D de l’ulcère sera appliquée : dénutrition (un bilan nutritionnel est à réaliser, et des compléments nutritionnels à prescrire en cas de dénutrition), déambulation (kinésithérapie pour éviter la grabatisation), douleur (à rechercher et à traiter), démoralisation (traiter une éventuelle dépression sous-jacente).

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    Les soins locaux sont pratiqués par une infirmière tous les deux jours lorsque la plaie est propre et bourgeonnante, et tous les jours en cas de plaie suintante, surinfectée ou fibrineuse. La bonne détersion de la plaie est essentielle. Un pansement gras sera ensuite appliqué pour favoriser la cicatrisation (une plaie cicatrise mieux en milieu humide).

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    L’ulcère du pied diabétique est une des complications majeures du diabète. Il représente la première cause d’amputation.

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    Toute ulcération du pied diabétique doit être considérée comme une urgence médicale. Favorisée par le déséquilibre glycémique, l’infection complique le traitement et aggrave le pronostic.

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    Point formation n°8

    Dans ce type de plaie, il est indispensable d’organiser la décharge de la plaie (chaussure à usage thérapeutique avec orthèse sur mesure, chaussure de décharge de série de type Barouk, fauteuil roulant...) et les soins locaux (mise à plat d’éventuelles collections, détersion mécanique des tissus dévitalisés et de la fibrine, choix du pansement). Récemment, une étude clinique a démontré l’efficacité d’un pansement dérivé de la technologie lipido-colloïde- Nosf (nano-oligo- saccharide factor) dans la prise en charge et la cicatrisation de l’ulcère du pied diabétique. Les résultats montrent un gain de soixante jours sur le temps de cicatrisation (Lancet Diabetes Endocrinol, 20 décembre 2017).

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    Concernant les escarres, le choix du pansement est déterminant. En cas de rougeur (escarre débutante), un hydrocolloïde mince à visée antalgique peut être appliqué. Une phlyctène à contenu clair doit être incisée pour évacuer le liquide. Le toit de la bulle est laissé comme protection. Un pansement hydrocolloïde mince, transparent est ensuite appliqué, qui restera en place jusqu’à saturation. Lorsque le contenu est hémorragique, on découpe le toit de la bulle et on nettoie avec de l’eau ou du sérum physiologique. On pose ensuite une plaque d’hydrocolloïde ou un hydrocellulaire (plus absorbant) si la plaie est exsudative.

    PANSEMENTS : FAIRE LE BON CHOIX
    La première étape pour bien choisir un pansement consiste à se poser la question « la plaie est-elle sèche ou exsudative ? ».
    Si la plaie est sèche : l’objectif est de l’hydrater. Plusieurs familles de pansements peuvent être utilisées :
    – les hydrocolloïdes ;
    – les pansements tulles ou interfaces ;
    – les pansements à l’acide hyaluronique ;
    – les hydrogels (uniquement pour déterger la nécrose ou la fibrine sèche).
    Si la plaie est exsudative : l’objectif est d’absorber les exsudats sans dessécher la plaie.
    Plusieurs types de pansements peuvent être utilisés en fonction de la quantité d’exsudats produite par la plaie :
    – les hydrocellulaires pour les petits exsudats ;
    – les hydrofibres et polymères de CMC pour les plaies très exsudatives ;
    – les alginates pour les plaies hémorragiques.

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    Le statut vaccinal du patient vis-à-vis du tétanos sera toujours vérifié.

Références :

– Faucher N, Lillamand M, Raynaud-Simon A. Escarres : prévention et prise en charge. Rev Prat Med Gen 2014;28(913):11-4.
– Viseux de Potter P. Les pansements et leurs utilisations. ActuSoins Magazine 2017, n° 19.

Dr Philippe Massol : journaliste, egora.fr, Egora l'Hebdo-Panorama du médecin, Global Média Santé. Il déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.