FMC : 10 points clésPédiculose du cuir chevelu

La pédiculose du cuir chevelu est une parasitose très fréquente au sein des collectivités de jeunes enfants. Cette entité est à l’origine de nombreuses consultations, et devient parfois un casse-tête thérapeutique. Les Drs Francès et Sansiquier déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.

Dr Pierre Francès, Martin Sansiquier
  1. 01
    Point formation n°1

    La pédiculose du cuir chevelu est une parasitose qui appartient à l’ordre des Anoploures (ordre abritant plus de quinze familles). Parmi eux, deux genres se rencontrent chez l’homme : les pédiculidés et les phthiridés. Deux espèces sont observées chez les pédiculidés :
    – Pediculus humanus variété corporis, ou pou de corps ;
    – Pediculus humanus variété capitis, ou pou de tête.
    Les phthiridés sont représentés par Phthirius. Phthirius du pubis est le pou du pubis, ou morpion, seule espèce rencontrée chez l’homme.

  2. 02

    La pédiculose du cuir chevelu est une affection endémique qui concerne les collectivités d’enfants (pics épidémiques chez les enfants ayant entre 6 et 8 ans). Il est également possible de l’observer au sein de populations en grande précarité.

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    La pédiculose du cuir chevelu est une pathologie qui se développe uniquement chez l’homme. De ce fait, la contamination est secondaire à des contacts rapprochés, ou par l’intermédiaire de brosses, de la literie et des vêtements. Cette parasitose ne transmet pas de maladie.

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    Le pou de tête est un ectoparasite (parasite vivant sur la surface corporelle) de 2 à 3 mm de long qui se déplace sur le cuir chevelu. Il s’accroche au cheveu par le biais d’une pince qui termine chacune de ses six pattes. Il se nourrit de sang exclusivement, et la femelle pond entre dix et vingt oeufs durant un mois. Les oeufs ou lentes sont brunes et ovales et sont collées au cheveu. Le cycle est constitué de trois stades : éclosion de la lente au bout de sept à dix jours, la nymphe qui devient adulte au bout de deux semaines, et le pou adulte dont la durée de vie est de deux mois.

  5. 05

    Cliniquement, on recherche dans un premier temps la notion d’une contamination de l’entourage. Plusieurs manifestations cliniques sont observées : prurit (absent dans 40 à 50 % des cas), excoriations au pourtour du cuir chevelu (elles peuvent prendre l’aspect d’une eczématisation), surinfections à type d’impétigo (fréquent chez les enfants qui se grattent). Les lésions sont le plus souvent observées au niveau des tempes, du pourtour des oreilles et de la nuque.

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    Le diagnostic est posé dès lors que des poux sont observés (ils sont visibles à l’oeil nu, et sont très mobiles). Il repose aussi sur la mise en évidence des lentes. Il est possible de retrouver ces parasites au moyen d’un peigne fin, ou grâce à l’utilisation d’une loupe dédiée à cette recherche. En outre, il est possible de mettre en évidence des poux sur toutes les parties du corps ayant des poils.

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    Le traitement repose sur l’administration de produits pédiculicides et lenticides. À ce titre, différents traitements existent : malathion (qui doit avoir la préférence), pyréthrines, et association de malathion et pyréthrines. Ces traitements doivent être conservés sur le cuir chevelu durant douze heures, et un shampoing est effectué dans un second temps. Un deuxième traitement (au bout de 8 jours) doit être effectué, car les lentes sont peu réceptives à ces traitements, et dans cet intervalle elles arrivent à éclore.

  8. 08
    Point formation n°8

    Préventivement, il faut décontaminer les vêtements, la literie grâce à un lavage à 50 °C. Si c’est impossible, il faut recourir à des aérosols contenant des pyréthrinoïdes (A-PAR). Le traitement préventif de l’entourage n’est pas nécessaire, tout comme l’éviction scolaire, qui n’est pas impérative si le sujet est traité.

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    Des échecs thérapeutiques peuvent être observés pour plusieurs raisons : négligence, problème du coût du traitement, réinfestation, produit insuffisamment appliqué, oubli de l’administration d’un deuxième traitement au bout de huit jours, résistance du parasite.

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    L’ivermectine est un traitement oral qui peut être recommandé en deuxième intention lorsque les traitements pédiculicides cités précédemment n’ont pas été efficaces. Ce traitement est réservé aux patients de plus de 15 kg, et s’administre à raison de 400 mg/kg en une prise unique. Il est répété au bout d’une semaine. Cependant, dans cette indication, ce traitement n’a pas obtenu d’AMM.

Références :

- Bouvresse S, Chosidow O. Ectoparasitose cutanée. Rev Prat 2011;61(6):867-73.
- Roux C, Bédane C. Ectoparasitose cutanée. Rev Prat 2006; 56(17):1951-6.
- Dutkiewicz AS. Traitement des poux : quoi de neuf? Rev Prat Med Gen 2016;30(965):561-2.
- Mokini M, Dupin N, Del Giudice P. Dermatologie infectieuse. Ed. Elsevier Masson 2014.
- Giang D, Villoing B, Allo JC. Poux de tête, poux de corps et morpions.