FMC : 10 points clésLichen plan : ce qu'il faut retenir

Le lichen plan est une affection qui se caractérise par les « 5P » : papule, pourpre, polygonal, plan, prurit.

Dr Pierre Francès
  1. 01
    Point formation n°1

    Le lichen plan (LP) est une maladie cutanéo- muqueuse inflammatoire chronique caractérisée par des troubles de la kératinisation. Il a une prévalence de 1 à 2 %, avec une prédilection pour les femmes après 50 ans. Dans 10 % des cas, il est possible d’observer une forme familiale. Sa cause est mal connue et impliquerait surtout des mécanismes immunologiques.

  2. 02

    Les lésions polymorphes sont centrées au niveau de la face antérieure des poignets, avant-bras, membres inférieurs, et dans la partie basse du thorax. Il est plus rare de rencontrer des formes généralisées, et le visage n’est jamais atteint.

  3. 03

    Cliniquement, on retrouve le plus souvent une lésion papuleuse plane de 2 à 10 mm de diamètre ayant un aspect polygonal, et brillant. La couleur varie du rose clair (couleur chair) au pourpre. À la surface de ces entités, on observe des stries grises qui donnent l’effet d’un motif de dentelle réticulé : les stries de Wickham. Ces papules restent isolées, ou forment des anneaux. Il existe un prurit intense.

  4. 04

    Le lichen peut donner une atteinte unguéale (dans 10 % des cas). Cette localisation est parfois isolée. Elle se caractérise par des dépressions linéaires (onychorrhexie) à la surface de l’ongle. Le bord libre de la lame unguéale est raccourci et reste irrégulier. La matrice est fréquemment atteinte, avec une inflammation, phénomène qui conduit au développement d’un ptérygion dorsal secondaire. Le ptérygion se caractérise par une adhérence du repli proximal au lit de l’ongle.

  5. 05

    La forme hypertrophique se caractérise par des papules épaisses (souvent au niveau de la face antérieure des jambes). Les lésions sont de couleur rouge foncé.

  6. 06

    La forme folliculaire se caractérise par la présence de lésions regroupées en placards. On les observe au niveau du cuir chevelu, et elle peut être responsable d’une alopécie définitive. Une association à une atteinte du creux axillaire et du pubis définit le syndrome de Lassueur-Graham- Little.

  7. 07

    La forme muqueuse a une prévalence comprise entre 1 et 2 %, et elle est isolée dans 25 % des cas. Dans ce cas, on note des motifs de couleur blanche en feuille de fougère principalement au niveau buccal : face postéro-inférieure des joues, langue (bords latéraux). Dans certains cas, les lésions deviennent érosives, et s’ulcèrent. Elles sont douloureuses. Des cas de gingivites chroniques peuvent exister. Le pénis et la vulve peuvent être atteints.

  8. 08
    Point formation n°8

    Le diagnostic est clinique. Cependant, dans certains cas, un examen anatomopathologique peut avoir de l’intérêt (surtout s’il est couplé à une immunofluorescence) en objectivant des dépôts d’IgM de grande taille. Ils caractérisent le lichen plan, mais ne sont pas spécifiques. Une recherche sérologique d’anticorps HVC est importante, car dans près de 16 % des formes cutanées et 30 % des formes muqueuses elle se révèle positive.

  9. 09

    Le diagnostic différentiel doit être effectué avec le psoriasis, qui se caractérise par des atteintes multiples souvent érythémato-squameuses (bords érythémateux bien limités). L’eczéma nummulaire peut prendre une morphologie similaire. Cependant, dans ces cas, les plaques sont rondes et érythémato-squameuses. Le diagnostic différentiel le plus difficile à établir est celui avec le lupus. Dans ce cas, l’étude anatomopathologique avec immunofluorescence présente un intérêt. Dans certaines situations, il est difficile de départager les deux : on parle alors de lupus- lichen.

  10. 10

    Le traitement repose sur les antihistaminiques à titre symptomatique pour réduire le prurit, la corticothérapie avec des injections intralésionnelles dans les cas de formes hypertrophiques, en topique dans les formes cutanées peu étendues, en préparation magistrale avec une base adhésive qui est appliquée pour les atteintes buccales en bain de bouche, en forme orale pour les cas généralisés ou lors d’atteinte des muqueuses.
    Les rétinoïdes et la ciclosporine sont sutilisés pour les formes rebelles ou très importantes.
    Malgré un traitement bien conduit, l’évolution de cette dermatose reste imprévisible. Cependant, le lichen plan ne doit pas être négligé. Dans près de 3 % des cas, la forme buccale peut se transformer en carcinome épidermoïde.

Références :

– Saurat JH, Lipsker D, Thomas L, Borradori L, Lachapelle JM. Dermatologie et infections sexuellement transmissibles. Éd. Elsevier-Masson 2017.
– Campana F, Ordioni U. Lichen plan buccal. Rev Prat Med Gen 2014;28(96):164-5.

Le Dr Pierre Francès déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.