FMC : 10 points clésLa gale

Malgré un diagnostic et une prise en charge initiale adaptée, il est possible de revoir les patients du fait d’une inefficacité des mesures recommandées.

Dr Pierre Francès
  1. 01
    Point formation n°1

    La gale est une parasitose ubiquitaire. Il est difficile d’effectuer une évaluation fiable du nombre de cas. Cependant, en France, l’Institut de veille sanitaire (InVS) en 2010 a établi l’incidence annuelle de cette pathologie à 328 cas pour 100 000 personnes. Cette affection est en pleine recrudescence, avec une augmentation significative de son incidence de +10 % depuis 2002. Certaines failles dans la prise en charge peuvent contribuer à expliquer ces chiffres.

  2. 02

    Une mauvaise observance du traitement. Il est simple pour le praticien d’effectuer une prescription de traitement, mais les patients concernés sont parfois dans une grande précarité sociale. De ce fait, ils ne peuvent pour des raisons financières acheter le ou les traitements prescrits. D’autre part, les traitements nécessitent une information claire et détaillée car l’administration est parfois complexe. En conséquence, certains patients utilisent les traitements prescrits de manière inadaptée.

  3. 03

    Un non-respect des modalités de l’administration des traitements prescrits. Pour la perméthrine, et le benzoate de benzyle, il faut effectuer deux applications cutanées, avec la nécessité d’une durée d’application (8 à 12 heures pour la perméthrine, et 24 heures pour le benzoate de benzyle). Pour l’esdépalléthrine + butoxyde de pipéronyle, la durée d’application du spray sur le corps doit être de douze heures.
    Pour l’ivermectine, le traitement est adapté au poids du sujet, et l’administration doit se faire en une prise unique.

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    Un non-respect de la fréquence d’administration. Les traitements actuellement sur le marché sont neurotoxiques pour le sarcopte. Cependant, ils n’ont pas d’action sur les oeufs du fait d’une demi-vie trop courte des thérapeutiques administrées. Par voie de conséquence, il est impératif d’effectuer une deuxième administration entre le 7e et le 10e jour.

  5. 05

    Une application pas nécessairement optimale des traitements locaux. Lors de l’administration, il faut penser à appliquer le traitement sous les ongles, et ne pas oublier que ces traitements concernent la totalité de la surface corporelle. Même si le visage et le cou sont rarement atteints, il est conseillé de traiter également la face. Cependant, on doit éviter une application au niveau de la bouche et des yeux.

  6. 06

    Une complexité du traitement de certaines formes de gale qui génère des difficultés dans la prise en charge de certains patients. Ainsi, la gale hyperkératosique est une gale très contagieuse se caractérisant par des placards hyperkératosiques. Une association d’un traitement local et général est nécessaire.

  7. 07

    L’absence de traitement de l’entourage qui peut être contaminé. Il faut être vigilant à cet élément qui peut entraîner à une réinfestation du sujet précédemment traité de manière satisfaisante. Il faut prendre en compte la période d’incubation, qui est en moyenne de trois semaines.

  8. 08
    Point formation n°8

    Le non-respect du traitement des vêtements du patient et de son environnement. À cet effet, il est important de recommander la réalisation d’une application de pyréthrinoïdes au niveau des literies et des canapés. Pour ce qui est des vêtements, il faut insister sur le fait qu’ils doivent être lavés à 60 °. En cas d’impossibilité (tissu trop fragile), il faut entreposer ces effets dans un sac poubelle hermétiquement fermé durant au moins vingt-quatre heures.

  9. 09

    L’existence d’une résistance aux traitements prescrits. Cette éventualité reste exceptionnelle, mais doit être prise en compte. Des cas de résistance aux pyréthrinoïdes ont été observés dans différents pays, et seraient dus à une mutation du gène du canal sodique. En Australie, des cas de résistance à l’ivermectine au sein des communautés aborigènes ont été relatés. Ces cas seraient secondaires à une altération du canal chlore.

  10. 10

    Un prurit persistant pas nécessairement en relation avec une infection parasitaire. Deux cas de figure peuvent expliquer ce prurit :
    – le prurit persiste souvent quelques semaines après un traitement bien conduit, ou peut être induit par le traitement, qui a une action irritante sur la peau ;
    – le fait que le sujet, « choqué » par cette infestation, développe un syndrome d’Ekbom (parasitophobie, avec une conviction de la persistance des parasites au niveau cutané).

Références :

- Bernigaud C, Chosidow O. La gale. La Revue du Praticien 2018;68(1):63-8.
- Monsel G. Gale : répéter le traitement. La Revue du Praticien Médecine Générale 2016;30(968):671-3.
- Pilly E. Maladies infectieuses et tropicales. Éd. Vivactis plus, 2017.
- Bitar D, et al. Annales de dermatologie et de vénéréologie 2012;139:428-34.
- Annales de dermatologie et de vénéréologie 2014;141.
- Bessis D. Manifestations dermatologiques des maladies infectieuses, métaboliques et toxiques. Éd. Springer, 2008.

Le Dr Pierre Francès déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.