FMC : 10 points clésComplications des tatouages

Des réactions infectieuses ou d’hypersensibilité peuvent survenir. Par ailleurs, les lésions mélaniques sont parfois difficiles à observer, et leur transformation maligne peut n’être dépistée que tardivement.

Dr Pierre Francès, Mélanie Jardot
  1. 01
    Point formation n°1

    Le tatouage consiste à insérer au niveau épidermique et dermique des colorants exogènes. Cette pratique a, suivant les individus et les pays, des connotations culturelles, ethniques et parfois punitives. Sur un plan épidémiologique, la prévalence du tatouage au niveau de la population française avoisine les 17 %.

  2. 02

    La fréquence et la prévalence des complications dues aux tatouages n’ont pas été évaluées de manière précise. Cependant, suivant les séries étudiées, il semble que la prévalence se positionnerait dans une fourchette allant de 2 à 30 %, et ces complications surviendraient majoritairement dans les trois premiers mois.

  3. 03

    Les complications (ou plutôt les réactions) immédiates sont très fréquentes, et découlent de l’effraction cutanée induite par le tatoueur. Il s’agit d’une réaction inflammatoire avec érythème, chaleur et parfois oedème.
    En parallèle peuvent être mis en évidence des saignements et des ecchymoses consécutifs à cette pratique.

  4. 04

    Les réactions allergiques et d’hypersensibilité sont très courantes et s’observent avec un laps de temps variable (entre quelques jours et quelques années). Le pigment rouge est le plus souvent impliqué dans la genèse de ces réactions.
    Sur un plan clinique, on objective des réactions granulomateuses souvent prurigineuses. Attention cependant, parfois ces lésions sont d’authentiques sarcoïdoses ; d’où la nécessité en cas de doute diagnostique d’effectuer une biopsie cutanée.
    Le pigment jaune est le plus fréquemment à l’origine de réactions de photosensibilité.

  5. 05

    Les complications infectieuses sont le plus souvent dues à un laxisme en ce qui concerne les mesures d’hygiène lors de la réalisation du tatouage. Ces réactions surviennent généralement dans les premières semaines après la réalisation de ce dernier. Il peut s’agir de complications superficielles (ecthyma ou impétigo) ou profondes (furonculose ou fasciite nécrosante).
    On peut parfois retrouver des infections dues aux mycobactéries du fait de l’utilisation d’une eau de robinet contaminée lors de la dilution de l’encre.

  6. 06

    Des virus peuvent également se développer à la suite d’un tatouage : verrues vulgaires, herpès surtout.
    Plus rarement, et en fonction de l’origine du patient, on peut aussi retrouver des mycoses ou des parasites (leishmaniose, par exemple).

  7. 07

    Les complications systémiques peuvent être dues à :
    – une origine infectieuse avec une contamination par le VIH, le VHC ou le VHB ;
    – des complications migratoires. En effet, avec certaines couleurs (le noir en particulier), une migration de nanoparticules peut être observée au niveau des ganglions et du cortex cérébral. Cela peut conduire à un faux diagnostic de lymphome, et parfois compliquer le dépistage du ganglion sentinelle.

  8. 08
    Point formation n°8

    Les complications malignes ne sont pas à mettre en relation avec la pratique du tatouage. Bien que la fréquence des kératoacanthomes soit plus importante (ce carcinome épidermoïde peu invasif survenant souvent sur des zones traumatisées), les autres carcinomes ou mélanomes ont la même incidence que chez les patients non tatoués.
    Néanmoins, il est important pour tout praticien d’être vigilant en ce qui concerne les lésions næviques enchâssées au niveau des tatouages. Leur visibilité est parfois difficile, élément pouvant retarder le diagnostic.

  9. 09

    Le développement de dermatoses déjà observées chez le patient au niveau des tatouages n’est pas rare.
    Le plus souvent, il s’agit du psoriasis du fait d’un phénomène de Koebner (zone de friction plus importante).
    D’autres dermatoses peuvent également survenir, comme le vitiligo, le lupus chronique et le lichen plan (dermatose surtout centrée sur le pigment rouge).
    Bien entendu, la réalisation d’un tatouage peut induire des cicatrices (voire des chéloïdes) parfois peu esthétiques.

  10. 10

    Une autre complication doit être connue : les brûlures ou inflammations à la suite de la réalisation d’une IRM. Ces phénomènes sont secondaires à la présence d’oxyde de fer (contenu dans la couleur noire). Pour éviter cette complication, il est conseillé de refroidir la peau en regard de la zone à explorer.