FMC : 10 points clésAnaphylaxie

Les recommandations internationales n’utilisent plus l’expression « choc anaphylactique » qui focalise sur l’atteinte cardiovasculaire et est responsable d’une sous-évaluation des symptômes respiratoires et digestifs, à l’origine d’un défaut de diagnostic.

Dr Guy Scémama
  1. 01
    Point formation n°1

    L’anaphylaxie est une réaction d’hypersensibilité (ou allergique) systémique, généralisée, sévère, pouvant engager le pronostic vital. Elle se caractérise par l’apparition brutale d’une atteinte des voies aériennes, supérieures ou inférieures, ou cardiovasculaire potentiellement fatale. Elle est généralement, mais pas systématiquement, associée à une atteinte cutanéomuqueuse. Des signes digestifs peuvent également être présents.

  2. 02

    La prévalence en Europe a été évaluée à 0,3 %. L’incidence est en augmentation, entre 1,5 et 7,9 pour 100 000 personnes par an. L’incidence des hospitalisations est plus élevée chez l’adulte que chez l’enfant.

  3. 03

    La mortalité a été évaluée à 0,047 cas pour 100 000 habitants par an, la principale cause étant les médicaments. Les décès sont le plus souvent secondaires à une détresse respiratoire (86 %) en cas d’anaphylaxie alimentaire et à une atteinte cardiovasculaire en cas d’anaphylaxie médicamenteuse ou liée aux hyménoptères. On observe un premier pic de mortalité entre 10 et 30 ans, par anaphylaxie alimentaire, et un second pic après 60 ans par anaphylaxie médicamenteuse et aux venins d’hyménoptères.

  4. 04

    L’anaphylaxie est un diagnostic clinique. Il s’agit d’une pathologie rapidement évolutive. Elle se caractérise par l’installation brutale de symptômes concernant plusieurs organes et apparaissant après un délai de quelques minutes à quelques heures après l’exposition.

  5. 05

    Une anaphylaxie est probable quand l’une de ces trois situations cliniques apparaît brutalement :
    - installation aiguë (quelques minutes à quelques heures) d’une atteinte cutanéomuqueuse de type urticarienne et au moins un des éléments suivants :
              • atteinte respiratoire ;
              • hypotension artérielle ou signe de mauvaise perfusion d’organes ;
    - au moins deux des éléments suivants apparaissant rapidement après exposition à un probable allergène :
              • atteinte cutanéomuqueuse ;
              • atteinte respiratoire ;
              • hypotension artérielle ou signes de mauvaise perfusion d’organes ;
              • signes gastro‑intestinaux persistants (douleurs abdominales, vomissements, etc.) ;
    - hypotension artérielle après exposition à un allergène connu pour ce patient.

  6. 06

    L’anaphylaxie peut s’aggraver progressivement (forme protractée) ou avoir une évolution biphasique. La deuxième phase survient habituellement 4 à 12 heures après les premiers symptômes, 72 heures au maximum, et peut être plus sévère que les manifestations initiales.

  7. 07

    Certains diagnostics différentiels peuvent être évoqués :
    - une exacerbation d’asthme dont les symptômes peuvent être présents en cas d’anaphylaxie ; mais le prurit, l’urticaire, l’angio‑oedème, les douleurs abdominales intenses et l’hypotension ne sont pas retrouvés ;
    - une attaque de panique ;
    - les chocs d’autres étiologies.

  8. 08
    Point formation n°8

    Certaines comorbidités augmentent le risque d’anaphylaxie : l’asthme, les pathologies cardiovasculaires et les désordres mastocytaires. Certains traitements augmentent également ce risque : les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les bêtabloquants.

  9. 09

    La prise en charge repose sur :
    - le traitement de l’urgence vitale immédiate (traitement d’un arrêt cardiaque) ;
    - l’administration précoce par voie intra- musculaire d’adrénaline : idéalement par stylo auto-injecteur. L’indication est la présence de signes cardiovasculaires ou respiratoires. La présence de signes digestifs importants doit faire discuter l’injection d’adrénaline ;
    - l’éviction de l’allergène et l’instauration rapide des traitements complémentaires à adapter à la symptomatologie et à la sévérité clinique.
    La durée de surveillance de l’anaphylaxie est de 6 heures au minimum après résolution de l’épisode. En cas d’atteinte respiratoire sévère ou cardiovasculaire, la surveillance est prolongée, allant de 12 à 24 heures.

  10. 10

    Les mesures post-urgences sont essentielles et doivent comporter :
    - une fiche de conseils mentionnant l’éviction de tout allergène supposé, une information sur le risque de réaction biphasique, lister les médicaments et aliments pris, les symptômes d’anaphylaxie et des consignes d’utilisation de l’auto-injecteur d’adrénaline ;
    - une prescription de deux auto-injecteurs d’adrénaline ;
    - une prise en charge en allergologie.

Références :

- A. Gloaguen. Prise en charge de l’anaphylaxie en médecine d’urgence. Recommandations de la Société française de médecine d’urgence. Ann Fr Med Urgence 2016;6:342-64.

Le Dr Guy Scémama déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.