Cinq syndicats de médecins gomment leurs différences et s'unissent contre les retraites

Pour lutter contre la réforme des retraites, les médecins libéraux ont décidé d'oublier leurs bisbilles et de s'unir. "Le moment est historique" commentent-ils. Les présidents du Bloc, de l'UFML-s, de la FMF, du SML et d'Avenir Spé co-signent une tribune dans laquelle ils expliquent à quel point la réforme des retraites serait nuisible pour la profession. Nous publions leur texte en intégralité.

  "Préserver nos régimes de retraites et le niveau des pensions est un enjeu clé pour tous les médecins libéraux au terme de leur exercice ! Il suffit pour s’en convaincre de regarder l’impact du système universel sur nos retraites. C’est précisément l’objet du comparatif entre notre régime autonome actuel et le projet de réforme qu’il nous semble utile de partager largement.   Le système actuel de retraite des médecins libéraux remplit déjà l’essentiel des objectifs de la réforme. C’est un système solidaire de répartition par points basé sur la solidarité inter et intragénérationnelle. Il offre une liberté de choix de la date de départ de notre retraite avec une liquidation possible dès 62 ans, avec surcote de +5% par an de 62 ans à 65 ans et +3% de 65 ans à 70 ans. Il présente une soutenabilité économique durable : les cotisations versées ont permis de constituer 7 milliards d’euros de réserves pour garantir sur le long terme la viabilité et l’autonomie la CARMF (Caisse de retraite des médecins libéraux). Le redressement démographique à partir de 2025 permettra de contenir les cotisations tout en revalorisant significativement la valeur du point. Ainsi, la conservation de nos régimes autonomes est compatible avec l’esprit de la réforme. Le calibrage économique de la réforme sacrifierait inutilement la solidarité professionnelle entre médecins libéraux Le système universel (SU) condamnerait nos régimes complémentaires car il impacterait les revenus jusqu’à 120 000 euros, ce qui ne laisserait aucune place à un régime complémentaire conséquent. La CARMF perdrait alors le contrôle de son action sociale envers nos confrères les plus fragiles et notre solidarité professionnelle disparaîtrait, contrevenant ainsi à notre code de déontologie (art 56) : « Les médecins se doivent assistance dans l’adversité ». C’est pourquoi une dérogation au système universel pour baisser le plafond des cotisations est indispensable pour maintenir nos régimes complémentaires et garder la main sur...

notre retraite. 100% de notre retraite basculerait sous le diktat de l’Etat et du Parlement via le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) Le pilotage financier s’inscrirait dans le cadre de ce PLFSS (1). L’ensemble des professions libérales bénéficieraient d’un seul siège sur les 26 du Conseil d’administration de La Caisse Nationale de Retraite Universelle.  Un comité Théodule serait créé en compensation : « le conseil de la protection sociale des Professions libérales ».  Nos retraites seraient alors intégralement gérées par l’Etat français qui n’a jamais réussi à équilibrer son budget depuis 1974 et qui est endetté à près de 100% du PIB. Or, la survie de la médecine libérale exige de garder le contrôle du pilotage financier de nos retraites !   Une certitude : la paupérisation programmée des médecins libéraux retraités

Si l’on prend par exemple le secteur 1, on observe une perte de 21 points de taux de remplacement, ainsi :  - pour 100 000 euros de revenus, perte de 21 000 euros de pension. - pour 80 000 euros de revenus, perte de 16 800 euros de pension.   Une promesse fragile : la baisse des cotisations des médecins libéraux actifs Ainsi, pour un revenu de 80 000 euros, la baisse des cotisations serait de l’ordre de 7000€, somme insuffisante pour alimenter un nouveau régime complémentaire capable de compenser la baisse de nos retraites induite par le système universel. Et de plus une baisse fragile car si le principe de la participation financière de la sécurité sociale à nos cotisations retraites en secteur 1 (2/3 ASV) est garanti, son montant ne l’est pas. La réforme n’est pas financée et à ce stade le système sera déficitaire de 12 milliards d’euros en 2025. De plus, le projet de loi prévoit un encadrement par une règle d’équilibre budgétaire.   L’exercice libéral : la mort programmée  Allons-nous accepter un système qui :

  • Nous ferait perdre un tiers des revenus de nos retraités ?
  • Nous rendrait dépendants des décisions de l’Etat sans aucun contre-pouvoir ?
  • Ne reconnaîtrait aucune des spécificités de l’exercice libéral ?
  • Frapperait durement l’ensemble des professions libérales de santé ?"

 

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