Marginalisés, les médecins spécialistes libéraux veulent reprendre leur place dans le système de soins

10/07/2020 Par A.M.
Système de santé
Nouveau statut, parcours de soins, tarif "libre"… Avenir spé, issu de la branche spécialiste de la CSMF, dévoile ce jour 15 propositions pour redonner au spécialiste libéral "sa place, rien que sa place, mais toute sa place". 

"Dans une unanimité suspecte et surtout depuis la crise, l'ensemble des déclarations politiques récentes plébiscitent l'hôpital public et le premier recours, en méconnaissant, voire ignorant, la place des spécialistes libéraux dans l'écosystème des soins ou de santé", s'insurge Avenir spé, ex-Umespe, qui dévoile ce vendredi 10 juillet son projet syndical dont Egora.fr a eu copie. Alors que s'achève le Ségur de la santé, cette "exclusion politique" est mal vécue par les spécialistes libéraux, qui revendiquent d'être des "acteurs essentiels du parcours, depuis le diagnostic jusqu'à la prise en charge au long cours".  

 

"Médecin expert responsable" 

Fustigeant l'"aphorisme ancien, mais largement dépassé" du "généraliste-pivot à l'anglaise", le syndicat émet des propositions pour mettre en place une vraie coordination entre spécialités à l'échelle locale. 

Cela passe notamment par le développement des équipes de soins spécialisées (ESS), "qui ont la vocation d'être en capacité de répondre à toutes demandes de soins urgents et/ou non programmées" dans les "territoires de faible densité", par le biais d'une politique tarifaire (acte ou contrat de territoire) ou des "moyens de défiscalisation". Le fléchage du parcours ne peut être l'apanage du médecin traitant, estime Avenir spé, "les spécialistes pouvant à certains moments du parcours (entrée dans la pathologie, décompensation, chez les enfants…) devenir eux-mêmes référents temporaires, organisateurs d'une séquence de soins". De par son cursus, le médecin spécialiste libéral est "légitime à revendiquer le statut de maillon manquant proximité/hôpital", considère également le syndicat, qui plaide pour le regroupement de praticiens intra-spécialités. Le "médecin expert responsable de la prise en charge du patient" doit par ailleurs s'appuyer sur des professionnels, médicaux ou paramédicaux, dont il serait le "coach" dans cette "entreprise médicale" 

Dans les territoires de santé, l'ensemble des acteurs de santé doivent assumer des "obligations professionnelles collectives", insiste Avenir spé : urgence et permanence des soins (avec "opposabilité collective"), soins non programmés et continuité des soins, parcours de soins des patients chroniques. La délégation de tâches doit être encore développée (elle est en cours de négociation en dermatologie et en cours d'expérimentation en pédiatrie) et le métier de gestionnaire de parcours créé. Les CPTS, les plateformes territoriales d'appui (PTA) ou encore les ESS peuvent toutes trois prétendre "à un rôle de management/coaching du parcours", du moment que la profession s'organise "elle-même". Dans le cas contraire, "la gestion des parcours finira par être dévolue aux seules PTA pilotées/financées par les ARS" et les médecins seront "sommés" de réserver des créneaux, alerte Avenir spé. 

 

Un tarif "libre" pour tous, hors "mission de service public" 

Pour engager le virage ambulatoire, le syndicat vante par ailleurs le modèle allemand des MVZ (Medizinishen Versorgungszentrum), "véritables centres ambulatoires de médecine spécialisée sans hébergement" où toute l'activité chirurgicale ambulatoire est pratiquée. Pour Avenir spé, ces centres pourraient aussi faire office de PTA pour les patients complexes, où se côtoient l'ensemble des professionnels. 

Pour le syndicat, il faut construire un "statut unique" attaché à la fonction du médecin, à sa mission de "service public", "quel que soit son secteur d'activité". "La césure entre secteurs 1 et 2 est devenue inéquitable et obsolète" et l'Optam est un "échec", ajoute Avenir spé. "Il est impératif de créer un droit, encadré mais accessible à tous, à un tarif 'libre', espace 'hors mission de service public'". Le paiement à l'acte doit être conservé pour les épisodes ponctuels de prise en charge, mais la rémunération doit être diversifiée (financement à l'efficience, à l'épisode de soins). 

Le syndicat entend ainsi "redonner un avenir" au système de soins dans son ensemble. 

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