"On ne négocie pas sous la menace !" : la petite phrase de Buzyn qui provoque la colère des syndicats

14/01/2019 Par A.M.
Syndicalisme

Si les négociations interprofessionnelles sur les CPTS échouent, la ministre de la Santé n'hésitera pas à passer par la loi. Une déclaration qui a provoqué des réactions indignées des syndicats de médecins et d'infirmiers. A deux jours du lancement des négos, le climat est tendu.

"De deux choses l’une : Ou bien le montant des financements dont les CPTS seront dotées est tellement indigent et assorti de tellement de contraintes que le dispositif proposé sera inacceptable […] Ou bien la ministre a confiance dans le fait que ce qui va être soumis à la discussion est de nature à convaincre les syndicats et susciter l’adhésion des professionnels, et dans ce cas, menace et contrainte sont parfaitement inutiles !", s'agace la Fédération nationale des infirmiers (FNI) dans un communiqué diffusé jeudi 10 janvier. La veille, lors d'un déplacement dans les locaux de la CPTS du 13ème arrondissement de Paris, Agnès Buzyn avait en effet indiqué qu'elle se "donnerait la possibilité" de légiférer sur les CPTS en cas d'échec des négociations sur l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI), qui seront lancées ce mercredi 16 janvier. De quoi crisper un peu plus les représentants des professionnels de santé, déjà inquiets à la lecture de la lettre de cadrage adressée par la ministre de la Santé au directeur de l'Unacam. Pour convaincre les soignants de se regrouper au sein de ces communautés, Agnès Buzyn compte en effet moduler les rémunérations forfaitaires. "L'incitation peut être telle que ne pas l'avoir serait sanctionnant en termes de rémunération", a déclaré la ministre. C'est "la carotte ou le bâton", résume Convergence infirmière. Les négociations conventionnelles sur les assistants médicaux ne s'annoncent pas mieux, tant les conditions posées par la ministre pour obtenir un financement, qui plus est dégressif, sont nombreuses. "L’engagement des professionnels n'est pas envisageable si le dispositif mis en place n'est pas pérenne et si les contraintes réclamées aux médecins généralistes par l’assurance maladie sont supérieures à ce qui est demandé aux autres spécialités", relève MG France. "Il n’est pas acceptable de demander à la profession médicale la moins bien rémunérée d’assumer une crise démographique dont elle n’est pas responsable avec une enveloppe fermée. L’accès à un assistant médical ne peut en aucun cas être subordonné à une augmentation du nombre des actes réalisés par un médecin qui est souvent déjà en suractivité." "Les médecins sont prêts à participer à l'élaboration d'une vraie réforme à condition que ça ne soit pas une pseudo concertation où le texte est déjà écrit", s'insurge de son côté le Dr Jean-Paul Hamon, de la FMF. "On ne peut pas commencer une négociation en menaçant les médecins qui resteront isolés en 2022 de payer un malus sans risquer de faire fuir ces médecins qui représentent plus de 50% des médecins libéraux", renchérit-il. "Ils exercent seuls mais ne sont pas coupé du monde pour autant ! Ils ont des correspondants médicaux (libéraux et hospitaliers et paramédicaux). Ils tiennent bien souvent le territoire dans des conditions souvent difficiles. Il faut leur faciliter l'exercice en leur permettant l'embauche ou la mise à disposition d'un secrétariat." Plutôt qu'un "assistant qui rétrécit au lavage pour cause d'amélioration de la productivité", le Dr Hamon plaide une nouvelle fois pour une augmentation du forfait structure à hauteur de 35 000 euros par an. La lutte contre les déserts médicaux passe surtout, selon le président de la FMF, par une incitation forte des "internes à effectuer leurs stages en zone prioritaire et déficitaire", prélude à une installation facilitée par une exonération de charges sociales pendant 2 ans, en supplément des aides à l'installation.

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La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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