"Nous allons nous appuyer fortement sur les médecins de notre pays" : la stratégie du Gouvernement contre le Covid

04/12/2020 Par Marion Jort
Santé publique
Le Premier ministre a présenté jeudi 3 décembre la stratégie gouvernementale pour une campagne de vaccination contre le Covid “transparente” et efficace. Elle se découpe en trois grandes phases et devrait commencer au plus tard début janvier. 

  “Le début de la vaccination est désormais une question de semaines” a affirmé en préambule Jean Castex lors de la grande conférence de presse jeudi 3 décembre consacrée à la présentation de la stratégie vaccinale du Gouvernement dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Avant même de détailler son plan, le Premier ministre s’est voulu rassurant : l'exécutif s’y est pris “très en avance” pour garantir que la France dispose de suffisamment de vaccins “le moment venu”.  Un potentiel de 200 millions de doses sera disponible, ce qui permettrait de “vacciner 100 millions de personnes puisque le vaccin nécessite à ce jour 2 injections à quelques semaines d'intervalle”, a annoncé Jean Castex en précisant : “c’est plus que nos besoins (...) mais c’est la marge de sécurité que nous prenons”. Il précise que certains vaccins retenus pourraient, par exemple, ne pas recevoir in fine leur autorisation et “qu’un taux de perte doit être pris en compte”. 

Dans le détail, la vaccination sera gratuite pour tous. “Le Gouvernement a budgété à cette fin 1,5 milliards d’euros dans le dans le budget de la sécurité sociale pour 2021”, a rappelé Jean Castex, qui a détaillé un plan en trois grandes phases :  Phase 1 : Janvier-février 2021  Concernant le public prioritaire, le Gouvernement a fait le choix de suivre les recommandations émises par la HAS en début de semaine. Il s’agira donc, d’abord, des personnes pour qui le virus est le plus dangereux, précise le Premier ministre, soit les personnes âgées en établissement, notamment les Ehpad. “A la fois les résidents, mais aussi les personnels y travaillant lorsque ces derniers sont à risque de développer des formes graves de la maladie”, ajoute-t-il. Ces derniers représentant près d’un million de personnes.  Phase 2 : Février - début du printemps  “Au fur et à mesure des livraisons, nous élargirons le périmètre de la vaccination en commençant par les près de 14 millions de personnes présentant un facteur de risque lié à l’âge ou à une pathologie chronique ainsi que certains professionnels de santé”, détaille le chef du Gouvernement. Olivier Véran, lui, a précisé que l’ordre de priorité serait d’abord, les personnes âgées de 75 ans et plus, puis celles de 65 ans et plus et les professionnels de santé et médico-sociaux vulnérables en raison de leur âge ou de leur santé.  Phase 3 : Printemps 2021 Comme l’a annoncé Emmanuel Macron, la vaccination sera progressivement ouverte au grand public au printemps 2021. Mais il y aura des publics prioritaires : les personnes âgées de 50 à 64 ans, “les professionnels des secteurs essentiels au fonctionnement du pays en période épidémique” (sécurité, éducation, alimentation), les personnes vulnérables et précaires et ceux qui les prennent en charge, “les personnes qui vivent dans des hébergements confinés ou des lieux clos”, a détaillé Olivier Véran. Ensuite, sera concerné “le reste de la population majeure”. Les mineurs, eux, ne font pas l'objet de recommandations car les études cliniques les plus avancées n'ont pas inclus cette population.

“Dès la première étape et plus encore, lors de la vaccination grand public, nous mettrons l’accent sur ceux qui sont au cœur de toute campagne de vaccination et qui sont les plus à même d’avoir une relation de confiance avec les Français : je veux évidemment parler des professionnels de santé, et en premier lieu des médecins et plus particulièrement des généralistes”, a affirmé Olivier Véran. “Nous allons nous appuyer fortement sur les médecins de notre pays”, promet-il aussi. Dernier objectif fixé par Jean Castex, répondre à trois objectifs : sécurité, transparence et proximité. Avouant comprendre les réticences et les "craintes exprimées”, le Premier ministre a rappelé que si un vaccin était autorisé, c’était au terme d’une “procédure rigoureuse d’essais et d’évaluations” par des autorités sanitaires indépendantes. De plus, les personnes vaccinées seront suivies dans le cadre d’un “dispositif renforcé de pharmacovigilance et de traçabilité" mis en place par la Cnam et l’ANSM.  L’ensemble de la stratégie vaccinale du Gouvernement sera quant à elle “présentée au Parlement" au cours du mois de décembre, a aussi indiqué Jean Castex qui s’est engagé “à ce que toute la transparence, toute la pédagogie soient faites sur les décisions” prises. Le plan de l'exécutif, a expliqué le Premier ministre, sera présenté au Parlement "dans le cadre d'un débat prévu par l'article 50-1 de la Constitution", qui implique un vote mais n'engage pas la responsabilité du Gouvernement. 
 

  Défi logistique
Le premier vaccin attendu est celui développé par Pfizer/BioNTech, a expliqué le ministre de la Santé. Or, il se conserve à - 80° et "une fois décongelé il nous faut pouvoir l'administrer au patient en moins de cinq jours", a-t-il précisé. "C'est avec ces contraintes qu'il va nous falloir viser une livraison de plus 10.000 Ehpad”, a ajouté Olivier Véran, en précisant que la France avait déjà commandé des super-congélateur. Il a également évoqué "deux circuits complémentaires pour plus de sécurité". D'une part, "un circuit principal de distribution", destiné aux Ehpad, "qui va s'appuyer sur les acteurs qui ont l'habitude d'acheminer des médicaments, même dans des conditions difficiles, et notamment les vaccins". D'autre part, "un second circuit s'appuiera lui sur une centaine d'établissements hospitaliers", pour approvisionner "les établissements" pour personnes âgées liés à ces hôpitaux. Dans la deuxième moitié du mois de décembre, ce circuit logistique sera testé à blanc" et "éprouvé à travers des opérations".

“Acte altruiste” Enfin, Jean Castex a appelé les Français à être "les plus nombreux possibles" à se faire vacciner, "un acte altruiste" pour "protéger les autres", même s'il a rappelé que la vaccination contre le Covid ne sera pas obligatoire. "On doit aussi s'immuniser contre les peurs", grâce à "la connaissance", a plaidé de son côté le ministre de la Santé.    

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