Reportage : le dépistage itinérant au secours des labos submergés par le Covid

11/09/2020 Par L. C.
Santé publique

Alors qu’en Ile-de-France, les files d’attente devant les laboratoires d’analyse s’éternisent, la Région a déployé depuis le 2 septembre un nouveau dispositif de dépistage du coronavirus, le “MobilTest”, sorte de camionnette itinérante permettant de tester rapidement et gratuitement les Franciliens. Ce mardi, c’est à Chatou, dans les Yvelines, qu’elle a choisi de faire étape.   8h50, sur le parking de l’île des impressionnistes. Une trentaine de personnes, carte vitale ou ordonnance à la main, attendent que la camionnette de dépistage soit opérationnelle pour se faire tester. En coulisses, Alain, 57 ans, bénévole à la Croix-Rouge depuis six ans, organise la logistique, notamment le montage des tentes permettant d'accueillir le public en toute sécurité et le déchargement du matériel de protection. Pendant que Cathy, seule infirmière habilitée à faire des prélèvements, enfile combinaison, gants, lunettes et masque, trois autres bénévoles de la Croix-Rouge des Yvelines font asseoir les premières personnes sous la tente, après un passage, bien évidemment obligatoire, par la désinfection des mains.

Photo : Louise Claereboudt

Après avoir renseigné leur nom, prénom, âge, numéro de Sécurité sociale, etc., les personnes doivent préciser si elles ont des symptômes du Covid ou pas et si elles sont cas contacts, ou non. Ces dernières patientent ensuite dans une mini salle d’attente improvisée en plein air. Les plus téméraires y vont sans crainte, d’autres, comme les nombreux enfants présents aujourd’hui, tentent de contenir leurs

appréhensions. Parfois, en vain...   Dépister et rassurer  Pauline, 8 ans, est arrivée à 8h30 ce matin avec sa maman pour se faire dépister. Malade depuis vendredi, la petite fille n’a pas pu retourner à l’école, tout comme Céline, 36 ans, enseignante en école primaire. “Depuis qu’on a vu le médecin en téléconsultation, on a appelé tous les laboratoires et ils sont tous sur répondeur… Ce camion nous sauve la vie”, raconte la Catovienne, dont plusieurs membres de la famille ont déjà contracté la maladie pendant le confinement.

Photo : Louise Claereboudt

 

Si certains font part comme Pauline de toux, maux de tête, fièvre et autres symptômes, d’autres ont fait le déplacement pour être rassurés sur leur état de santé. C’est le cas d’Agathe, 21 ans, étudiante à Lausanne, en Suisse, venue passer les vacances chez ses parents à Chatou. “Je me sens parfaitement bien, mais j’ai été en contact avec des amis d’amis qui sont positifs. Dans les labos, on ne trouve pas de rendez-vous avant une semaine minimum. Ici, au moins, c’est plus rapide et ...

puis c’est pris en charge par la Sécurité sociale donc c’est super”, explique la jeune fille qui entre dans la petite cabine de la MobilTest et s’assoit face à l’infirmière.   “Il y a beaucoup de personnes qui n’ont a priori pas besoin à l’instant T de se faire tester mais qui sont inquiets pour des raisons plus ou moins humaines, plus ou moins cohérentes, et d’autres qui sont plus de l’ordre de l’angoisse ou de la curiosité. Je n’ai pas de hiérarchie dans la légitimité des besoins et des demandes, mais il est vrai que ça crée une tension au niveau du réseau médical”, observe le directeur de cabinet et de la communication de la ville, Christophe-Emmanuel Ragué, qui précise que Chatou a mis à disposition des locaux municipaux pour le laboratoire afin qu’il puisse réaliser des tests.   Dans les communes franciliennes, comme dans Paris intramuros, les laboratoires sont en effet pris d’assaut, à tel point qu’en quelques semaines, ils sont passés de 45.000 tests à 200.000 tests réalisés par semaine. En cause notamment : la reprise du travail et de l’école. “Les généralistes ne prennent plus de risques, note Emilie, bénévole à la Croix-Rouge. Ma fille avait un tout petit peu mal à la gorge, elle avait attrapé froid. Le médecin n’a pas pris la peine de la recevoir et lui a demandé de faire un test, qui est revenu négatif.” Ici, avec le MobilTest, les résultats sont transmis 3 à 4 jours après le dépistage, par SMS, alors que dans les labos, l’attente peut désormais atteindre 7 voire 10 jours.

  200 tests par journée La communication tardive sur les réseaux sociaux de la ville de Chatou semble faire effet. Rapidement, la foule se fait de plus en plus présente sur l'île des impressionnistes, pour atteindre jusqu’à une soixantaine de personnes aux alentours de 10 heures. En une heure, Cathy, salariée par Loxamed, l’opérateur du dispositif, a déjà réalisé près de 15 tests PCR. Elle est dans les temps : l’équipe s’est fixée pour objectif de réaliser entre 20 et 30 tests par heure, c’est-à-dire environ 200 tests par jour, “l’équivalent de la capacité d’un laboratoire parisien”, selon la Région.   Même si, à ce jour, les Yvelines, demeurent l’un des les départements les moins impactés de l’Ile-de-France*,  la demande n’en reste pas moins très importante. Samedi dernier, à Croissy-sur-Seine, les mêmes bénévoles ont toutefois dû refuser du monde, raconte Cédric Robin, 35 ans, directeur territorial de l’urgence et du secourisme à la Croix-Rouge du 78. Outre ces deux camions “MobilTest” arpentent déjà les communes franciliennes 6 jours sur 7 depuis le 2 septembre, la Région a d’ores et déjà annoncé le lancement d’un premier bus de dépistage destiné aux habitants des territoires ruraux, à compter du 10 de ce mois-ci.

Photo : Louise Claereboudt

  *Le taux d’incidence dans les Yvelines est actuellement de 59,4 (contre 98,1 en Ile-de-France) et le taux de positivité de 5,9 (contre 7 pour la Région).  

Bientôt 20 nouveaux centres de dépistage en Ile-de-France
Afin de renforcer encore plus l’accès aux tests dans la région, l’Agence régionale de santé a décidé d’ouvrir 20 centres de dépistage Covid à compter de la deuxième quinzaine de septembre. Ils seront répartis sur les 8 départements franciliens et proposeront des tests virologiques RT-PCR sans rendez-vous à des publics dits “prioritaires” : les personnes présentant des symptômes évocateurs de Covid-19 et celles identifiées comme cas contacts à risque. Par ailleurs, l’ARS s’est engagée à restituer les résultats sous 24h. Ces centres fonctionneront également 6 jours sur 7, jusqu’à la fin de la période hivernale. Objectif :  atteindre au moins 500 tests par jour.
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