Fonds de lutte contre les addictions : le lobby de l'alcool a gagné

11/10/2018 Par S. B.
Santé publique

L'alcool ne figure pas dans le fonds de lutte contre les addictions aux substances psychoactives, s'insurgent plusieurs médecins dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

En février dernier, la ministre de la Santé était l'invitée de l'émission "Alcool: un tabou français". Dénonçant "la forte ambivalence" de la société française, Agnès Buzyn avait clairement choisi son camp : face aux dangers de l'alcool, il ne saurait y avoir de "spécificité culturelle". Même consommé avec modération, "l'alcool est mauvais pour la santé", avait-elle martelé. Puis elle a été recadrée par Emmanuel Macron affirmant boire du vin "le midi et le soir". Quelques mois plus tard, on découvre donc que l'alcool est "le grand absent du financement" du fonds de lutte contre les addictions aux substances psychoactives. Dans un courrier, plusieurs médecins* demandent à Agnès Buzyn de faire participer l'alcool, en le taxant plus fortement, au financement de ce fonds de prévention, dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2019 (PLFSS 2019). Le projet prévoit que le champ d'intervention de ce fonds, constitué de 100 millions d'euros provenant des taxes du tabac, sera élargi aux addictions liées aux substances psychoactives (alcool, cannabis), explique le professeur Michel Reynaud, président d'Actions addictions, co-signataire de cette missive. Dans le cadre de la prévention, le projet de financement de la Sécu prévoit de faire bénéficier ce fonds de nouvelles ressources "correspondant au produit des amendes forfaitaires sanctionnant la consommation de cannabis (10 millions d'euros en 2019)". Cette augmentation de 10 millions d'euros "relève d'un effet d'annonce sans commune mesure avec la dimension du problème" de l'alcool en France, estiment les huit signataires. Au-delà des 49.000 morts annuelles directement causées par sa consommation, l'alcool est la deuxième cause de cancers, la première cause de mortalité chez les 15-30 ans, la première cause de démence précoce. *Les signataires sont le Pr Reynaud, l'épidémiologiste Catherine Hill, les professeurs Amine Benyamina (psychiatrie, addictologie), Gérard Dubois (santé publique), Serge Hercberg (nutrition), Albert Hirsch (pneumologue) ainsi que le président et vice-président de l'Association nationale de prévention en Alcoologie et addictologie (Anpaa) Nicolas Simon et Bernard Basset. [Avec AFP]

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