Financement partiel des IJ par les entreprises : ça chauffe entre le Travail et la Santé

23/08/2018 Par Catherine le Borgne

La ministre du Travail Muriel Pénicaud s'est opposée en juillet au projet gouvernemental soutenu par Agnès Buzyn, de faire financer par les entreprises les arrêts maladie de courte durée, selon une lettre révélée jeudi par L'Express.

Le quotidien Les Echos indiquait début août que l'exécutif envisageait de faire prendre en charge par les entreprises, à la place de la Sécurité sociale, quatre jours d'indemnités journalières pour les arrêts de moins de huit jours. Un projet auquel le patronat s'est vivement opposé. Selon le site de L'Express, l'idée n'enchante pas non plus Muriel Pénicaud. Dans une lettre du 24 juillet envoyée au Premier ministre, elle bat en brèche l'argument, brandi notamment par sa collègue de la Santé Agnès Buzyn, selon lequel cela responsabiliserait les entreprises si la hausse des arrêts maladie est due à une détérioration des conditions de travail. "Ce présupposé n'est pas documenté de façon robuste et sérieuse par la littérature économique", tranche Muriel Pénicaud. Le projet "risque", par ailleurs, "de mettre un coup d'arrêt net à la perception d'un gouvernement "pro-business"" et "c'est "l'effet ordonnances travail" et fiscalité pro-investissement qu'on risque de mettre à bas", ajoute-t-elle, dans des passages écrits en gras selon L'Express. Selon l'hebdomadaire, Muriel Pénicaud aurait recommandé, si le gouvernement n'abandonnait pas son projet, de "présenter ce transfert comme une solution ultime au cas où les partenaires sociaux ne trouveraient pas une autre source d'économies par la négociation". Une stratégie similaire a été, un temps, utilisée par le gouvernement sur le sujet du bonus-malus sur les contrats courts, autre projet vilipendé par le patronat. L'article évoque aussi une lettre d'Agnès Buzyn datant de juillet, dans laquelle elle s'oppose à un gel du RSA. "Je souhaite que le revenu de solidarité active soit exclu de la liste des prestations sociales dont l'évolution ne suivra pas celle des prix à la consommation", écrit-elle. Ses arguments : l'"économie modeste" que cela représenterait - "135 millions d'euros en 2019 et 180 millions en 2020" -, le fait que "l'intégralité de ces économies profitera(it) aux départements qui sont aujourd'hui financeurs de la prestation" et le fait que cette mesure serait "difficile à porter" en parallèle du plan pauvreté. Les ministres Pénicaud et Buzyn ont participé mercredi à une réunion avec le Premier ministre et les ministres de l'Economie et des Comptes publics sur les derniers arbitrages budgétaires. Contactés par l'AFP, les deux ministères se sont refusés à commenter. [Avec l'AFP]

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