La santé près de la sortie de secours, lors du grand débat TV de la présidentielle

05/04/2017 Par Catherine le Borgne

Il a fallu attendre près de trois heures après le début du grand débat réunissant hier soir sur CNews et BFMTV les 11 candidats à la présidentielle pour qu'enfin, le sujet de la santé soit abordé par les postulants au premier tour. Sujet abordé uniquement sous l'angle des services publics, où les débatteurs se sont rapidement écharpés sur le programme de réduction du nombre de fonctionnaires, surtout préconisé par François Fillon et dans une moindre mesure, Emmanuel Macron.

"Ceux qui envisagent de réduire la Sécurité sociale, c'est pour permettre aux mutuelles et assurances privées de faire le profit maximum, alors que ce qui nous unit, c'est que nous voulons que tout le monde soit soigné de la même manière, a lancé Marine Le Pen. Le Front national défend le maintien des services publics, contre la "désertification"…  Le poids de la fonction publique ? François Fillon (LR) s'est immédiatement engouffré dans la brèche pour mettre en avant "le poids de la dette, 1 200 milliards d'euros, au cœur du débat car elle nous met à la merci d'une crise financière". Le programme de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, c'est de faire revenir notre pays à l'équilibre financier sur 5 ans et de réduire de 8 % l'ensemble des emplois publics, "soit revenir à la fonction publique du temps de Lionel Jospin, en 2002", alors que le volume de ces emplois a crû de 1 million depuis 10 ans. "Il va falloir faire ce travail, lutter contre la bureaucratie. Je n'ai jamais voulu privatiser la Sécurité sociale, mais installer une organisation de contrôle des complémentaires", réunissant l'Etat et les organisations de santé, a-t-il assuré.

  "Quels fonctionnaires ? Il faut dire qui va être supprimé", lui a rétorqué Benoît Hamon (PS), soulignant son "désaccord total" avec cette hypothèse. "Durant la crise financière, ce sont les fonctionnaires qui ont tenu le pays, les infirmiers, les gendarmes, les policiers. Ils ont tenu le pays et c'est à eux que vous demandez des sacrifices, comme vous l'avez fait lors d'une visite dans une maison de retraite !", a accusé le vainqueur de la primaire de la Belle alliance populaire. "Vous avez ruiné le pays et maintenant, vous venez nous donner des comptes ! Il faut dire qui va être supprimé, alors que ces professions sont les plus touchées par le burn out, dans les hôpitaux, les écoles, les commissariats. C'est au contraire là où il faut mettre les moyens", a-t-il martelé, alors que la réponse de François Fillon, rappelant qu'il voulait mettre plus de personnel dans les maisons de retraites, fut presque inaudible.

"Il faut plus de professeurs, plus de policiers et de gendarmes et un plan de recrutement dans le Ehpad, financé par l'assurance maladie", a poursuivi Benoît Hamon, qui veut aussi faire reconnaître le burn out comme maladie professionnelle. "Vous n'apportez aucune solution", lui a retorqué François Fillon.   La dette ? Jean Luc Mélenchon ne veut pas que notre pays la rembourse. Elle doit "être rachetée par la BCE" [Banque centrale européenne, NDLR] a-t-il affirmé, après avoir annoncé son intention de "recréer ce qui a été détruit, ouvrir des centres de santé et recruter des médecins fonctionnaires". Soit, environ, "60 000 personnes dans la santé et autant à l'éducation nationale". La réduction du nombre de fonctionnaires figure également au programme d'Emmanuel Macron, qui envisage d'en supprimer 120 000, par le jeu des départs à la retraite non remplacés. Le candidat d'En marche veut aussi multiplier le nombre de maisons de santé mais réaliser, par ailleurs, 60 milliards d'économies sur le quinquennat. En détail,  "10 milliards sur 5 ans, du côté des collectivités territoriales, qui auront à faire des choix", et des économies sur le budget de l'Etat. Mais, a-t-il ajouté en souriant, puisqu'il s'agit d'un cadeau, il promet aussi de "supprimer la taxe d'habitation pour 80 % des Français".

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