Port du masque, isolement des cas suspects… Les recos du Conseil scientifique sur le déconfinement

27/04/2020 Par L. C.
Politique de santé
Mis en place pour éclairer le Gouvernement en pleine épidémie de Covid-19, le Conseil scientifique a livré, samedi 25 avril, ses recommandations pour une levée progressive et contrôlée du confinement dès le 11 mai.
 

Alors que le Premier ministre s’apprête à présenter son plan de déconfinement, mardi 28 avril dans l’après-midi à l’Assemblée nationale, le Conseil scientifique, constitué de dix experts, a livré ce week-end ses recommandations pour que la levée du confinement se fasse dans le respect des mesures barrières, dans un document de 42 pages. La stratégie des experts est notamment essentiellement sur l’identification des cas probables la plus large possible, ainsi que des contacts de cas diagnostiqués. Pendant plusieurs mois après le 11 mai, le Conseil scientifique estime également nécessaire la mise en place de mesures pour assurer la réduction des risques de transmission (masque, distanciation sociale…). Il plaide également pour des “mesures spécifiques de contrôle de l’épidémie par sous-populations prenant en compte l’âge et la situation sociale”. Le Conseil est enfin favorable à la réalisation régulière d’enquêtes pour estimer l’immunisation dans la population.   Le port du masque obligatoire A l’image de l’Académie de médecine, le Conseil scientifique plaide pour le port d’un masque généralisé dans les lieux publics durant les prochains mois. De fait, pour que le déconfinement soit réalisable dans de bonnes conditions, il est nécessaire que “des masques alternatifs de production industrielle ou artisanale anti-projection” soient “disponibles pour l’ensemble de la population et distribués en priorité aux personnes en contact régulier avec le public”, explique le groupe d’experts dans un document rendu public ce samedi 25 avril.

Les lieux recevant du public doivent proposer aux clients et usagers des masques de protection ainsi que des gels hydroalcooliques. “Un manquement à ces règles doit pouvoir aboutir à une fermeture administrative de ces lieux”, estime le Conseil.   Identifier et isoler les cas et les contacts Pour contrôler l’épidémie et éviter une deuxième vague, le Conseil scientifique estime indispensable la mise en place d’une stratégie de test et...

d’isolement. Celle-ci repose notamment sur la déclaration “volontaire” par toute personne présentant une suspicion de cas aux autorités sanitaires. Les cas suspects devront être isolés à leur domicile jusqu’à l’obtention des résultats des tests PCR. En parallèle, les experts plaident pour une alerte la “plus rapide possible” des personnes diagnostiquées positives par téléphone ou SMS. Les cas confirmés devront, eux, être isolés dans divers lieux en fonction de leur état (hôtel, domicile…). Afin d’identifier les cas contacts, le Conseil souhaite mobiliser les outils numériques en cours de développement, - dont le “déploiement devra être limité à la période de l’état d’urgence et encadré par une gouvernance claire, ouverte et transparente” -, et les équipes mobiles. Il sera ensuite nécessaire pour les personnes concernées d’être testées. Si le test est positif, la personne doit être isolée dans le respect de la procédure. Si le test est négatif, une quarantaine de 14 jours à domicile devra être respectée.

  Les personnes à risque Pour les personnes âgées de plus de 65 ans et/ ou présentant des pathologies chroniques (diabète, hypertension artérielle, cancer en cours de traitement, …), le Conseil scientifique leur conseille de respecter un confinement “strict et volontaire” pour éviter les risques de contamination, précisant qu’il s’agit d’un “choix éclairé personnel”. Pour les personnes résidant en Ehpad, un confinement “aménagé” est nécessaire, estiment les experts qui indiquent que des moyens de liaison sociale devront être mis en place pour maintenir le lien avec les proches.   Les déplacements oui, mais pas à l’international Concernant les déplacements, le Conseil scientifique ne s’oppose pas à ce qu’il se fasse d’une région à une autre par transports en commun. Mais celui-ci devra être conditionné au respect des mesures barrières et de la distance sociale. Pour les transports urbains et péri-urbains, un étalement des horaires des salariés, en plus du télétravail, devrait empêcher une saturation des services. Le Conseil propose, en effet, que les entreprises maintiennent le télétravail lorsqu'il est possible, "sur la totalité ou plus de la moitié du temps de travail". Voyager à l’étranger reste toutefois vivement déconseillé durant les mois suivant la sortie de confinement, prévient le Conseil. “Les voyageurs s’exposent à un risque de mise en quarantaine à l’arrivée dans le pays de destination, à un risque de contamination durant le séjour et à l’application de mesures de quarantaine au retour en France”, précise le rapport.   Prudence dans les écoles Contrairement à ce que le Gouvernement a annoncé, le Conseil scientifique plaide, lui, pour un maintien de la fermeture des écoles, crèches, collèges, lycées, universités jusqu’au mois de septembre 2020. Toutefois, prenant acte de la décision prise...

par le chef de l’Etat, les experts ont indiqué plusieurs mesures nécessaires à l’accueil et à l’apprentissage. Cela comporte notamment le port du masque obligatoire pour les adolescents (collèges/lycées), le Conseil jugeant ce port inadapté aux enfants en maternelle. Les règles générales de distanciation physique devraient être adoptées dans tout l'établissement, les tables de classe étant notamment écartées d'un mètre. Les experts indiquent qu’il faudrait que les élèves de classes différentes ne se croisent pas, et qu’ils mangent en classe, sur leur table, “si possible”.

Enfin, pour le Conseil scientifique, il est important que les parents prennent la température des enfants chaque jour avant de les emmener à l’école. En cas de symptômes, l’enfant ne devrait pas s’y rendre mais voir le médecin traitant. Si une infection par le Covid-19 est confirmée, les experts recommandent un dépistage “le plus précoce possible” dans l’établissement des autres élèves et “la fermeture de la classe ou de toutes les classes du même niveau (...) avec éviction des élèves concernés pendant 14 jours”. Par ailleurs, l’instance préconise l’évaluation individuelle du risque pour les enseignants “présentant des facteurs de risque”, à réaliser par leur médecin traitant avant le 11 mai. En vigueur depuis la mi-mars pour limiter la propagation du virus, le déconfinement est sur toutes les lèvres depuis plusieurs semaines maintenant. Le Premier ministre, Edouard Philippe, présentera son plan ce mardi 28 avril à l’Assemblée. Un plan qui sera ensuite soumis au vote. Les députés Républicains n’ont pas attendu cette allocution du chef du Gouvernement pour présenter leur propre plan. Annulation pure et simple des charges sociales et fiscales, prolongation du chômage partiel, port du masque obligatoire… Dans leur plan, dévoilé dans le JDD, priorité à l’économie et à la protection de la population.    

Placer les soignants au coeur de la stratégie
L'Ordre des médecins, le Collège de la médecine générale et de la Fédération des spécialités médicales (FSM) ont appelé, ce lundi, à placer les médecins et soignants au coeur de cette stratégie de déconfinement. "C'est une condition essentielle à la réussite du déconfinement", déclarent-ils conjointement dans un communiqué. Que ce soit pour accompagner le patient dans son déconfinement, dépister les patients atteints du Covid-19, suivre les personnes atteintes de pathologies chroniques ayant été en rupture de prise en charge médicale... le rôle des médecins sera "multiple", assurent-ils. Par ailleurs, ces instances estiment qu'il sera nécessaire pour les médecins de ville de prendre en charge les personnes placées en isolement après le 11 mai, y compris les malades sortis de l'hôpital.
L'Ordre des médecins, le CMG et la FSM, qui souhaitent également prioriser la protection des professionnels de santé, entendent ainsi favoriser la régulation des prises de rendez-vous et le suivi des pathologies par l'utilisation de supports numériques, mais aussi, contribuer à une reprise d'activité efficace des spécialités, ou encore renforcer "la démocratie sanitaire" vis-à-vis des soignants en n'autorisant, par exemple, pas la diffusion par les ARS de conditions d'exercice sans concertations avec les conseils nationaux professionnels.
A la veille de la présentation du plan de déconfinement par Edouard Philippe, ils attendent une feuille de route "claire" reprenant l'essentiel des recos permettant "à tous les médecins d'être confirmés dans leur rôle".

    [avec AFP]

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