Un tiers des personnes âgées en établissement sont dans un état psychologique dégradé

03/02/2020 Par L. C.
Patients
Une enquête de la Drees, publiée vendredi 31 janvier, montre que l'état psychologique des résidents en établissement est en moyenne moins bon que celui des personnes âgées de plus de 75 ans vivant à domicile.

  Selon le baromètre de la Drees en 2017, deux tiers des Français déclaraient qu'il n'était pas envisageable pour eux de vivre dans un établissement pour personnes âgées. Cette nouvelle enquête* de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques ne risque pas de les faire changer d'avis. En effet, parmi les seniors de plus de 75 ans, 56% des résidents en Ehpad ou établissement spécialisé déclarent avoir souffert de fatigue, de lassitude, ou d'épuisement au cours de l'année, contre 44% des personnes âgées vivant à domicile. Un écart qui s'explique notamment par le fait que la dégradation de l'état de santé de ces personnes est la cause majeure de l'entrée en établissements.

  Antidépresseurs   S'installer dans un établissement implique un bouleversement dans la vie de la personne âgée qui choisit souvent ce mode de vie en raison de son état de santé et de son âge. Celle-ci doit donc s'acclimater. "Le niveau de dépendance, plus élevé en établissement, entraîne des limitations fonctionnelles qui compliquent les activités quotidiennes", note l'enquête. En effet, les résidents n'effectuent plus certaines tâches qu'ils pouvaient réaliser à domicile, comme le ménage ou la préparation du repas. Si les problèmes... de sommeil, la lassitude et la fatigue touchent également les personnes vivant chez elles, le manque d'appétit et le manque de motivation pour réaliser des activités quotidiennes concernent davantage les résidents. Ainsi, 2% seulement des seniors de 80 à 90 ans vivant à domicile ne déclarent réaliser aucune activité quotidienne, contre 19% des résidents du même âge. Ces difficultés touchent d'autant plus les plus âgés : 18% des résidents de 60-70 ans disent manquer d'appétit contre 32% pour les plus de 90 ans. Par ailleurs, le manque d'appétit et de motivation pour réaliser une activité semblent s'accroître avec l'âge et au fil du temps passé dans ces établissements.   Moins bon score de bien-être De même que les états dépressifs. Un senior sur 5 vivant en établissement déclare souffrir de dépression, contre 7% des plus de 75 ans vivant à domicile. Un tiers sont en situation de détresse psychologique, contre un quart des plus de 75 ans qui sont restés chez eux. La moitié des résidents consomment d'ailleurs des antidépresseurs (contre 1 personne sur 7 à domicile).  

    L'élaboration d'un score de bien-être grâce à un questionnaire montre que 20% des résidents capables d'y répondre déclarent se sentir tristes souvent ou en permanence au cours du mois, contre 10% pour les personnes vivant chez elles. Et un tiers des résidents disent ne se sentir jamais ou rarement heureux. Ce score a permis de montrer que le bien-être des personnes âgées en établissement est moins bon que celui des personnes du même âge à domicile. Les signes de détresse sont d'autant plus fréquents chez les veuves.   Interactivité L'enquête note que les résidents d'établissements privés à but non lucratif et publics non hospitaliers affichent des scores de bien-être plus élevés que les résidents d'établissements privés à but lucratif. Par ailleurs, elle témoigne du lien entre bonne santé et moral : 76% des résidents jugeant leur état de santé très mauvais sont en détresse psychologique, contre 14% de ceux qui estiment que leur santé est bonne. Sans surprise, l'interactivité avec les amis ou la famille impacte également beaucoup le bien-être du résident. 27% des seniors en établissement qui disent avoir une très bonne relation avec leurs proches sont en détresse psychologique. Lorsque la relation est jugée difficile, ils sont 72% à être en situation de détresse. De même, les résidents qui éprouvent plus de difficultés à nouer des relations se déclarent davantage en dépression (23%). Toutefois, "le sentiment subjectif d'isolement paraît en réalité plus important que la fréquence des visites". En effet, les résidents qui n'ont ni famille ni amis ont en moyenne un score de bien-être plus élevé que ceux qui déclarent vouloir voir leurs proches plus souvent.     * Enquête CARE-Institutions de la Drees réalisée en 2016 a été menée auprès de 3.300 personnes âgées de plus de 60 ans résidant de manière permanente dans les établissements pour personnes âgées dépendantes, dans les maisons de retraite, dans les maisons de retraite non Ehpad et dans les établissements de soins de longue durée (SLD).

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