Diplomates américains à Cuba : leur cerveau a bien subi "quelque chose"

24/07/2019 Par Yvan Pandelé
International
Le "syndrome de la Havane" continue d'intriguer. Une étude en IRM parue dans Jama conclut que les cerveaux des diplomates américains frappés de troubles mystérieux à Cuba ont bien subi "quelque chose". Mais quoi ?

  En 2017, des diplomates américains et canadiens en poste dans la capitale cubaine ont fait état de troubles étranges : acouphènes, vertiges, maux de tête, problèmes oculomoteurs et de coordination, anxiété, irritabilité… Et ce depuis 2016, soit un an à peine après la réouverture de l'ambassade. Les diplomates ont été rapatriés peu après et, malgré les dénégations de Cuba, des soupçons d'attaques ont fleuri. Arme acoustique ou à radiofréquence, ayant pu provoquer des dommages cérébraux ? Interférences ultrasonique dues à des systèmes de surveillance mal isolés ? Ou simple effet du chant tapageur des criquets cubains ? Les spéculations vont bon train pour expliquer le "syndrome de La Havane".   "Ce n'est pas imaginaire" À la demande du département d'État américain, les 44 diplomates affectés et les membres de leurs familles ont été envoyés à partir de mi-2017 au centre des traumatismes cérébraux de l'université de Pennsylvanie, pour y subir des examens par IRM. Les résultats de cette investigation viennent de paraître dans Jama. Les auteurs ont mis au jour des différences cérébrales structurelles et fonctionnelles d'ampleur mais échoué à établir une piste explicative. "Leurs cerveaux ont subi quelque chose qui a causé ces changements", estime néanmoins Ragini Verma, radiologue à l'université de Pennsylvanie et premier auteur, à l'AFP. "Ce n'est pas imaginaire", insiste-t-elle, écartant le rôle de possibles antécédents médicaux. "Cela s'est bien produit dans leur cerveau. Tout ce que je peux dire c'est que la vérité reste à trouver."   Des atteintes au cervelet Pour comparaison, les chercheurs ont sélectionné 48 sujets contrôle appariés par sexe et âge aux 44 diplomates, d'un niveau d'étude analogue, mais qui différaient par bien d'autres aspects (expériences de vie, pression sanguine, bilinguisme…). Les résultats sont donc à prendre avec précaution. Toujours est-il que Verma et coll. ont montré que les diplomates avaient une densité de matière blanche bien plus faible à l'échelle du cerveau, et des différences dans la densité de matière blanche et de matière grise dans certaines régions. Un des points intéressants mentionnés par les auteurs concerne des différences fonctionnelles dans le cervelet, qui pourraientt avoir un lien avec les troubles vestibulaires et oculomoteurs observés. La microstructure des tissus cérébelleux était aussi affectée. En mars 2018, une autre étude publiée dans Jama concluait à l'existence de multiples troubles neurologiques persistants chez 21 diplomates américains et concluait à de probables lésions cérébrales d'ampleur, sans être en mesure de proposer une étiologie. [Avec AFP et New Yorker]

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