"Aidez-nous" : le cri d'alarme d'un service de pointe qui redoute une fermeture

19/04/2022 Par L. C.

Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron et à Marine Le Pen, le personnel du service d’immunopathologie clinique de l’hôpital Saint-Louis alerte sur la menace de fermeture "à très court terme" de leur service, faute d’infirmières de nuit. Une information démentie par l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP).       Seront-ils au rendez-vous ? Les soignants du service d’immunopathologie clinique de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, ont invité les candidats au second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, à se rendre devant les portes de l’établissement ce mardi, à 14h30, et à leur apporter des réponses aux difficultés qui s’amoncellent. Dans une lettre ouverte intitulée "Ce que la vie doit à la nuit", qui leur a été adressée, les soignants indiquent en effet que leur service est "menacé de fermeture à très court terme faute d’infirmières et d’infirmiers de nuit". Pourtant dans ce service de pointe, qui prend en charge les maladies rares et certains cancers hématologiques, les soignants l’assurent : ce ne sont pas les patients qui manquent. Car le taux d’occupation est "supérieur à 100%". Le service bénéficie de suffisamment d’infirmières de jour (15 postes occupés selon l’AP-HP) et d’étudiants en médecine, mais c’est la nuit que le bât blesse. Sur les douze postes d’infirmières ouverts, seuls deux sont occupés… "Comme il nous faut une infirmière pour cinq patients, c’est impossible pour 23 lits", a déploré le Dr Jehane Fadlallah sur RMC ce mardi. Pour assurer la continuité des soins face à ce "sous-effectif chronique", les personnels de jour s’organisent : "Depuis plusieurs mois, notre équipe de jour, qui est exceptionnelle, qui est tellement investie dans le service et qui a tellement peur qu’il ferme, fait des nuits en plus des jours", ajoute la praticienne. Le nombre de lits a également dû être réduit. L’AP-HP indique que le service, qui comportait encore récemment 23 lits, ne peut désormais accueillir que 15 patients à la fois. "Il faut bien comprendre qu’on n’est pas un hôtel, ici on peut penser qu’un patient va sortir le lendemain, mais en fait ça peut mal se passer, et il va devoir rester plus longtemps, dix fois par jour, ça change, c’est ça notre quotidien, alerte le Dr Fadlallah, cette fois dans le Parisien. Vous ne vous rendez pas compte du stress à gérer, si on continue comme ça, on va avoir des morts. Quand la direction nous dit qu’on va devoir fermer parce qu’on n’a pas assez d’infirmiers, c’est comme si on était une entreprise en faillite, mais ça ne marche pas comme ça, il s’agit de la vie d’êtres humains !"

Dans un communiqué diffusé ce vendredi 15 avril, l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) a démenti envisager une fermeture du service, "contrairement aux informations qui circulent". Si elle reconnaît que le service est confronté "depuis plusieurs mois à des difficultés majeures de recrutement d’infirmiers et infirmières de nuit", "la situation devrait s’améliorer sensiblement à l’automne 2022 avec plusieurs recrutements d’ores et déjà assurés", écrit l’AP-HP qui précise mener des "démarches actives au sein des instituts de formation en soins infirmiers et des forums infirmiers, ainsi qu’une communication renforcée à destination des jeunes professionnels". L’AP-HP est revenue sur le départ de 11 IDE titulaires de nuit : "Ces départs sont essentiellement liés à des motifs d’ordre personnel (départs à la retraite, déménagements en régions, mobilités internes à l’hôpital Saint-Louis et au sein de l’AP-HP …), ainsi qu’aux conséquences d’un changement d’organisation du travail intervenu en avril 2021 dans le service." A ce jour, l’AP-HP déplore 1.400 postes d’IDE vacants sur l’ensemble des établissements. "D’ici là, un plan de soutien transitoire reposant sur l’équipe de suppléance, des intérims de longue durée et des gardes d’IDE volontaires permettra de garder le service ouvert", assure l’AP-HP.

De leur côté, les soignants du service d’immunopathologie clinique réclament la reconnaissance de "la pénibilité du travail de nuit et de le valoriser de façon significative". La prime actuelle de 9.63 euros brut par nuit ne suffit plus. [avec Le Parisien et RMC]

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