Racisme : des soignants de l’hôpital Robert Debré accusent la direction de discrimination à l'embauche

23/09/2020 Par Marion Jort
Un collectif de soignants dénonce une discrimination à l’embauche concernant du personnel paramédical d’origine africaine, antillaisse et maghrébine à l’hôpital Robert-Debré (AP-HP). 

  C’est une polémique qui enfle depuis le mois de juin. Comme le révèle Mediapart, un collectif baptisé Soignants égaux s’est constitué à l’hôpital Robert Debré suite à de forts soupçons de discrimination à l’embauche de personnel paramédical d’origine africaine, antillaise et maghrébine. Certains d’entre eux relevant le fait que peu de personnes de ces origines ont été embauchées ces dernières années, alors que l’établissement parisien se trouve dans un arrondissement populaire, proche de la Seine-Saint-Denis.  Le collectif, appuyé par SOS Racisme, a donc décidé de saisir le défenseur des droits début août. Le journal révèle aussi que les membres de Soignants égaux ont passé “l’été à décortiquer les plannings du personnel paramédical” dans quinze services de l'hôpital. Conclusion : “Sur 1.100 soignants titulaires, 135 sont issus de la diversité hors UE (origine Maghreb, Afrique noire et Antilles), soit 12,2 %. Seules dix personnes issues de la diversité ont été embauchées ces huit dernières années”. Autre exemple parlant à leurs yeux : “Parmi ces 1.100 soignants, il y a un seul infirmier de couleur, un Antillais, qui est là depuis vingt ans. Sur 48 sages-femmes, deux sont originaires du Maghreb. Elles ont été embauchées il y a une dizaine d’années.” 

Pour déterminer qui était d’origine africaine, antillaise ou maghrébine, les soignants se sont intéressés uniquement à la couleur de peau et non pas aux prénoms et noms de familles    CV modifié Mediapart dévoile également le témoignage d’une auxiliaire de puériculture exerçant comme intérimaire depuis de nombreuses années, qui affirme que ses candidatures ont été systématiquement ignorées. Alors que des postes ont été régulièrement ouverts depuis qu’elle est arrivée à Robert Debré, elle leur confie son incompréhension : “Quand j’appelais pour savoir pourquoi elle [la chargée du recrutement, ndlr]ne donnait pas suite, elle répondait : 'Si je ne vous rappelle pas, c’est qu’il n’y a pas de poste'. Mais dans le même temps, il y avait toujours des nouvelles recrues. Mes collègues et les cadres m’incitent régulièrement à postuler, disent que je travaille très bien, mettent même des élèves avec moi. Je forme plein de nanas, mais je n’ai pas la sécurité de l’emploi. J’ai commencé en même temps que des collègues qui sont désormais titulaires, voire cadres.” 

Alors, cette dernière a décidé de changer son nom pour un patronyme à consonance française. Et affirme avoir été rappelée dans les deux jours pour un entretien.    “On recrute sur des diplômes, point final” De son côté, l’AP-HP a annoncé le dépôt d’une plainte pour diffamation le 21 septembre dernier, “face aux accusations de nature à nuire gravement à l’honneur de l’ensemble de ses professionnels et à son image”. Le directeur de l’hôpital Robert-Debré, Florent Bousquié, a aussi tenu à faire une mise au point : “On recrute sur les diplômes et les compétences, point final”, tout en se disant prêt à “examiner” toute situation individuelle, rapporte Mediapart.  [avec Mediapart]  

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