Réquisitionnés en pleine nuit pour faire tourner les urgences de Lons-le-Saunier

03/06/2019 Par Yvan Pandelé
La situation se tend aux urgences de Lons-le-Saunier, en grève depuis décembre. Lors du pont de l'Ascension, les soignants ont reçu la visite de membres de forces de l'ordre en pleine nuit à leur domicile, pour être réquisitionnés malgré leur épuisement.

Visite impromptue pour le week-end de l'Ascension. Des soignants des urgences de Lons-Le-Saunier (Jura) ont reçu des policiers ou des gendarmes à domicile en pleine nuit, pour se voir signifier leur réquisition. Une méthode qui a ulcéré les soignants. Le service d'urgence de l'hôpital Jura-Sud est en grève illimitée depuis le 18 décembre pour protester contre la menace de fermeture de la seconde ligne de Smur. En mai, il a rejoint le mouvement national initié par les urgences parisiennes afin de réclamer de meilleures conditions de travail. D'après Mediapart, 70 % du personnel paramédical et huit médecins sur les quinze du service sont en arrêt maladie – en grève ou en burnout.

Le reste du personnel, réquisitionné pour assurer la continuité des soins, serait dans un état d'épuisement complet. Durant le pont de l'Ascension, entre trois et cinq infirmiers et aides-soignants ont été réquisitionnés tous les jours et toutes les nuits. Les gendarmes ou les policiers se déplaçaient à domicile pour leur donner en main propre l’avis de réquisition.   "Absentéisme soudain" Une infirmière relate avoir été réveillée à 0h45 pour apprendre qu'elle travaillait le lendemain à 7h15. "La journée de travail a été terrible : le matin, il y avait une vingtaine de patients en attente d’un lit, pas de médecins, des internes désemparés. J’ai fini la journée en pleurs", indique-t-elle à Mediapart. Elle consulte un médecin pour se faire arrêter et, le soir, trouve des gendarmes à sa porte : ils venaient lui remettre une nouvelle réquisition pour le lendemain matin. "Ce sont des méthodes dignes du régime de Vichy, qui rappelle une autre époque", s'est indigné le Dr Eric Loupiac, urgentiste à Lons et délégué de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), interrogé par France Bleu Besançon. Du côté des autorités sanitaires, on appelle les soignants à faire preuve de "responsabilité". "La déontologie médicale et le sens des responsabilités des professionnels concernés doivent les conduire à placer l'intérêt des patients au-dessus de tout autre considération", ont indiqué le préfet du Jura et l'ARS mercredi dans un communiqué commun, face à "cet absentéisme soudain dans un contexte de mouvement social".

La réquisition de soignants en cas d'urgence est prévue dans le code de la santé publique, qui dispose (article L.3131-8) : "Si l'afflux de patients ou de victimes ou la situation sanitaire le justifie, le représentant de l'État dans le département peut procéder aux réquisitions nécessaires de tous biens et services, et notamment requérir le service de tout professionnel de santé, quel que soit son mode d'exercice." [Avec Mediapart et France Bleu Besançon]

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