[Rediff] - 24ème aux ECN : "J'ai un souci d'excellence, je choisis médecine générale"

28/06/2018 Par F. Na.

Sarah Rebert a 26 ans, et le souci de l'excellence. Elle a été classée 24ème aux ECN 2016, et n'a pas hésité à l'heure du choix : ce sera médecine générale. Pour elle, c'est presque un choix citoyen. Celui de l'accès aux soins de premier recours. Elle pense s'installer dans une quinzaine d'année, après un passage aux urgences. Elle s'interroge sur l'évolution de l'organisation des soins, trouve que c'est une chance d'arriver à l'heure du changement et n'exclut pas un engagement politique.     Article initialement publié le 1er septembre 2016   "J'ai été classée 24ème aux ECN, et j'ai choisi médecine générale. Je n'avais pas particulièrement d'ambition de classement. Il y a l'envie d'excellence, peut-être. Et on est poussés par le jeu, la compétition. Je suis tombée dans cette envie de réussir au concours, mais sans objectif défini. La dernière année a été assez désagréable, surtout les six derniers mois. La délivrance, c'était à la sortie du concours. J'ai eu l'impression de retrouver la vie. Je suis partie en vacances très vite, et le concours m'a alors paru très loin. C'était même un peu perturbant d'y revenir pour les résultats. Faire médecine générale, c'est un vrai choix. Ce n'est pas un choix de facilité. Après avoir fait de la musique pendant deux, trois ans, j'ai choisi médecine pour faire de la médecine d'urgence. C'était vraiment mon projet. J'ai failli prendre médecine interne, mais j'ai envie de toucher un peu à tout. Je trouve que la médecine générale est très riche. Je pense qu'on peut être ambitieux en faisant de la médecine générale. Je suis exigeante. J'ai un souci d'excellence.   J'aurais pu adorer être médecin de campagne   Je ne compte pas m'installer en tant que généraliste avant une quinzaine d'années. Le temps que je fasse le DES de médecine générale, puis je pense rester une dizaine d'années aux urgences… Comment seront organisées les choses dans 15 ans ? J'ai du mal à imaginer mon futur exercice. J'aurais pu adorer être médecin de campagne, avoir ce côté hyper holistique, être le référent familial… Mais en vrai, je suis hyper parisienne et je ne me sens pas de quitter Paris. En tout cas, pas pour le moment. Concernant le mode d'exercice, je ne suis pas du tout mûre pour m'installer en cabinet individuel. Je ne sais pas si les maisons de santé seront encore d'actualité quand je m'installerai. Je crois qu'avec la restructuration de l'hôpital, la médecine générale en ambulatoire aura une place différente. Des choses vont changer pour ma génération et je suis contente d'arriver à ce moment-là. Je pense qu'il y a plein de choses transversales à développer. Donc j'envisage un exercice salarié, ou au moins à plusieurs. Mais je ne ferme aucune porte, c'est ça qui est bien avec la médecine générale. Peut-être que dans 20 ans, j'aurais envie de pouvoir gérer les choses à ma manière et être seule m'ira très bien. Les questions de politique et de santé publique m'intéressent beaucoup. Les questions d'accès aux soins et la médecine de premier recours ont toujours été le nerf de la guerre et c'est là que j'ai envie de travailler. J'ai envie de faire de la médecine dans la vie normale, avec des patients normaux, du quotidien. J'ai envie de garder un pied dans la médecine du quotidien. Je pense que c'est là que je vais m'épanouir, plutôt que dans une carrière hospitalière plus préfabriquée, qui me paraît moins diverse. C'est un choix à la fois de contenu, et de mode d'exercice.   De la médecine de premier recours de qualité   Certains diront que c'est de la petite médecine, moi je trouve qu'on peut très bien faire de la médecine de premier recours de qualité. J'aime le travail d'équipe, savoir adresser à un spécialiste, je ne trouve pas que ce soit dévalorisant pour la médecine générale. Je n'ai pas de médecins dans ma famille, donc l'annonce de ma spécialité a été assez simple. Ils voulaient surtout que je sois heureuse. Et je suis très heureuse de mon choix. Pour ce qui est des gens autour, j'ai reçu plein de messages. Mais même ceux qui avaient ce côté très élitiste et carriériste de la médecine de spécialité universitaire, étaient plutôt fiers que j'ai pu faire ce choix-là. Ils étaient surpris, mais dans le bon sens du terme. J'ai même eu des messages assez touchants. Je n'exclus pas un engagement politique, plus tard. J'ai fait un master 1, et j'envisage un master 2 en santé publique. C'est un monde qui pourrait m'intéresser. Il faut voir, je ne suis pas carriériste, je n'ai rien calculé. Mais ce sont des questions qui m'intéressent, même à titre individuel, dans ma vie de tous les jours de citoyen français. J'aimerais bien réussir à y participer, d'une manière ou d'une autre, le moment venu. J'ai toujours trouvé naturel que la spécialité de médecine générale soit reconnue comme les autres spécialités. La consultation à 25 euros me paraissait donc évidente. Pour le tiers payant, je n'étais pas toujours du même avis que les médecins. Ça ne me fait pas peur, bien au contraire. Ces évolutions, c'est un petit challenge à relever et c'est stimulant d'avoir à réinventer les choses. Après, c'est vrai que moi j'arrive. Je peux comprendre qu'il y ait des réticences chez les médecins installés, qui ont toujours fonctionné d'une certaine manière. Mais c'est justement l'occasion ou jamais de changer certaines choses et de participer à l'évolution de la médecine, qui devra changer un jour ou l'autre. Je trouve que ça a du sens d'y participer."

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