Médicament : la parole du candidat Macron contredite par l’an 1 de la Présidence Macron !

18/01/2018 Par Dr Alain Trébucq
Santé publique

Le Président Macron bénéficie d’une incontestable bonne cote de popularité, les français lui étant gré de faire ce qu’il annonçait en tant que candidat. Pourtant, l’actualité immédiate nous donne deux occasions de voir une contradiction entre les engagements pris et les décisions : le projet aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes et sur un tout autre sujet, la politique du médicament !

  Lors d’un meeting à Nevers, le 6 janvier 2017, le candidat s’exprimait ainsi : "Je veux qu’on arrête cette politique au petit pied qui consiste tous les 6 mois ou tous les ans à changer notre politique de remboursement ou de déremboursement, avec une variable d’ajustement que sont les laboratoires pharmaceutiques. Nous sommes en train de sacrifier notre industrie pharmaceutique pour essayer de faire des économies sur son dos". Et c’est un fait qu’au cours des années passées, les entreprises du médicament ont été la principale variable d’ajustement en supportant 50% des économies décidées sur les dépenses de santé alors que le médicament ne représente que 15% de celles-ci. La conséquence en aura été une perte d’attractivité du territoire français pour cette industrie d’innovation, représentant pas moins de 100.000 emplois directs et 271 sites de production en France, et qui a longtemps permis à notre pays d’être le premier producteur européen de médicaments, avec une balance commerciale amplement excédentaire. Le candidat Macron avait bien compris que les coups de rabot successifs laminaient progressivement cette industrie, l’espoir d’un changement radical était donc permis. Mais la loi de financement de la sécurité sociale 2018 a douché les espoirs de cette industrie, le PLFSS 2018 étant la copie des précédents à ceci près que les efforts demandés au médicament augmentent de 140 millions d’euros !   Pas de fatalité, deux mesures attendues   Lors de ses vœux à la presse, le Dr Patrick Errard, Président du LEEM, a dressé un bilan désolant de cette politique manquant cruellement d’envergure pour l’industrie française du médicament : recul des études cliniques réalisées en France, recul de la production pharmaceutique (seuls 21 médicaments sur les 282 autorisés entre 2012 et 2016 par l’Agence européenne du médicament sont produits en France contre 86 en Allemagne ou 68 au Royaume-Uni), allongement du temps d’accès des patients (hors ATU) à un nouveau médicament, le délai de mise sur le marché étant de 530 jours, soit un an de plus que chez nos principaux voisins ! La France est désormais le 4e producteur européen de médicaments alors qu’elle était première il n’y a pas si longtemps. Pourtant, avec l’Italie, preuve est donnée qu’il n’existe pas de fatalité en ce domaine : elle-même confrontée à un contexte économique délicat, l’Italie est désormais le 2e producteur européen, derrière l’Allemagne, mais devrait dépasser ce pays courant 2018. La différence entre l’Italie et la France ? Une volonté politique ! Pour le LEEM, la reconquête est possible. Deux signaux forts sont attendus. C’est tout d’abord une révision de la politique d’évaluation médico-économique du médicament, le système actuel (SMR + ASMR) étant disqualifié comme en témoigne l’absence d’ASMR1 en 2016 en dépit de l’arrivée des biomédicaments dans le traitement de certains cancers. Après que la ministre Agnès Buzyn ait annoncé l’ouverture du chantier de la Valorisation Thérapeutique Relative (VTR), le LEEM émet le vœu d’une concertation sur l’élaboration de ce nouveau modèle. Second signal attendu, la prochaine reprise des travaux du Conseil Stratégique des Industries de Santé (CSIS). Les travaux en commissions conduiront à la réunion du CSIS, le 9 juillet 2018, sous l’autorité du Premier ministre. La venue du Président Macron est probable, marquant peut-être le retour de la volonté politique de faire de la France ce qu’elle était encore il y a quelques années : une terre d’accueil pour l’innovation, un pays d’excellence pour la production pharmaceutique.

La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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Une fois par an en sortie d’hospitalisation ou critère strict. Il n’y a ici aucune revalorisation réelle au vu des cotations exist... Lire plus

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