Gonarthrose : le CNGE recommande d’éviter la visco-supplémentation

06/09/2022 Par Marielle Ammouche
Rhumatologie
Le Conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), se prononce en défaveur de l’utilisation des injections intra-articulaires d’acide hyaluronique dans le cadre du traitement de la gonarthrose, un traitement qui n’est plus remboursé par la sécurité sociale depuis 2017. Il considère que ce traitement a une efficacité non prouvée, et présente des risques non négligeables, rendant la balance bénéfice/risques de ce traitement « défavorable ».

Pour appuyer cet avis, le Conseil scientifique se base principalement sur une récente méta-analyse (BMJ, 6 juillet 2022) qui a rassemblé 169 essais randomisés comparant la visco-supplémentation d’acide hyaluronique à des injections intra-articulaires de placebo ou des soins usuels. Les résultats ont montré une efficacité antidouloureuse minime (-2mm en moyenne sur une échelle visuelle analogique de 100 mm), et en deçà des seuils de pertinence clinique préétablis. Il en était de même pour l’amélioration de la fonction articulaire : différence moyenne standardisée = -0,11). En outre, « la plupart de ces essais étaient à haut risque de biais » et « un biais de publication a été mis en évidence, susceptible de remettre en cause la réalité de ces éventuels et faibles bénéfices, car plusieurs grands essais cliniques financés par l’industrie n’ont jamais été publiés », souligne le CNGE. Et concernant la sécurité d’emploi, il mentionne une analyse basée sur 15 essais cliniques (6 442 patients) qui a mis en évidence une forte augmentation du risque d’effets indésirables graves voire mortels, notamment cardiovasculaires : 3,7 % dans le groupe traité vs 2,5 % dans le groupe témoin (risque relatif = 1,49). Le Conseil scientifique conclut donc que « la visco-supplémentation par acide hyaluronique chez les patients souffrant de gonarthrose n’a pas d’efficacité clinique suffisante, et expose à des risques accrus d’effets indésirables graves ». Il souhaite que les agences sanitaires aillent au-delà du déremboursement et prennent « des mesures pour éviter aux patients d’être exposés à des risques inutiles conformément à leurs missions ».    

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