Va-t-on traiter la dépression avec des anti-inflammatoires ?

11/01/2017 Par Dr Alain Trébucq

La théorie voulant que les cytokines pro-inflammatoires peuvent jouer un rôle dans la physiopathogénie de la dépression n’est guère nouvelle. L’équipe du Dr Golam Khandaker (Université de Cambridge, Royaume-Uni) avait notamment publié, en 2014, les résultats d’une étude montrant que les enfants qui avaient des marqueurs de l’inflammation élevés étaient à plus grand risque de développer une dépression ou une psychose. C’est cette même équipe qui publie aujourd’hui, dans la revue Molecular Psychiatry (groupe Nature) les résultats d’une nouvelle étude montrant que des biothérapies utilisées pour traiter des maladies auto-immunes, par leurs effets anti-inflammatoires, agissaient favorablement sur les symptômes de la dépression. Ces auteurs s’appuient sur une méta-analyse et retiennent au final les données de 7 études contrôlées randomisées incluant 2370 participants traités pour une maladie auto-immune. Le traitement des données montre que les traitements anti-cytokines ont, versus placebo, un effet antidépresseur (différence moyenne standardisée de 0.40, IC 95% = 0.22 – 0.59). Ce sont les biothérapies anti-TNF (Tumor Necrosis Factor) qui ont été les plus étudiées, ce qui n’est guère surprenant compte tenu de leur importance actuelle dans le traitement de diverses pathologies auto-immunes, en particulier la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, la spondylarthrite ankylosante ou les formes sévères de psoriasis. L’équipe de Golam Khandaker a également pu montrer que ces biothérapies étaient particulièrement efficaces sur les symptômes de la dépression chez des patients dont la dépression étaient jusqu’à présente résistante aux antidépresseurs traditionnels, notamment les inhibiteurs de monoamine oxydase. Ce n’est sans doute pas demain que les biothérapies actuellement utilisées pour traiter des maladies auto-immunes sévères seront prescrites chez des patients dépressifs mais la relation entre inflammation et dépression pourrait ouvrir la voie à une approche originale du traitement des formes résistantes de dépression, que Khandaker et coll. évaluent à près de 30% ; pour cela, une nouvelle génération de modulateurs des cytokines pourrait être développée.

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