Meilleure connaissance des profils en clinique, médicaments jouant sur la senescence des cellules, nouveaux inhalateurs, taille des particules voire nanoparticules, etc… font parties des multiples voies de recherche actuellement en cours d’étude, permettant d’envisager une meilleure prise en charge de cette pathologie.
 

  Une récente séance thématique de l’Académie nationale de pharmacie entièrement consacrée à la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) a été l’occasion d’évoquer les plus récentes avancées concernant cette pathologie fréquente et grave. La BPCO se caractérise par un rétrécissement des voies aériennes, avec une composante alvéolaire (emphysème) dans un contexte d’inflammation chronique. Avec de nombreuses comorbidités associées : métaboliques, musculaires, cardiaques, gastro-intestinales et psychiques. Ainsi que le souligne le Pr Nicolas Roche (Hôpital et Institut Cochin, Université de Paris), « alors que, pendant longtemps, le critère diagnostic clé de la BPCO a été centré sur une obstruction bronchique permanente, il a été ajouté récemment la nécessaire existence de symptômes traduisant le retentissement clinique de cette dernière ». Cela étant, beaucoup de certitudes d’hier ont été révisées à l’aune d’avancées récentes. C’est ainsi, par exemple, que les profils évolutifs moyens du VEMS* recouvrent des réalités individuelles parfois très diversifiées, sans doute en rapport avec des facteurs génétiques encore à découvrir. On peut ajouter le concept de pré-BPCO, caractérisé par des anomales cliniques et/ou morphologiques mais sans obstruction bronchique permanente. Surtout, la physiopathologie de la BPCO, maladie complexe et hétérogène, focalise l’attention des chercheurs avec l’espoir de pouvoir modifier le cours de la maladie. Un point particulièrement étudié concerne l’implication de la sénescence cellulaire. Ainsi que le pointe le Pr Serge Adnot (Institut Mondor de Recherche Biomédicale, Créteil) « on observe une énorme accumulation de cellules sénescentes à tous les niveaux des poumons des patients BPCO ; non seulement au niveau alvéolaire, mais aussi vasculaire, des cellules endothéliales et des cellules musculaires lisses, ce qui explique le développement d’une hypertension artérielle pulmonaire de mauvais pronostic ». C’est la raison pour laquelle la plupart des thérapeutiques développées actuellement ciblent la sénescence, en agissant soit au niveau transcriptionnel des protéines associées à la sénescence (voies NFkappa B, mTor…), en testant des sénolytiques (substances sélectivement toxiques pour les cellules sénescentes), ou encore en modifiant l’entrée en sénescence par la nouvelle classe des sénomorphiques (dasatinib + quercetine, metformine, anti-JAK, resveratrol, élastine en inhalation...).     Traitements inhalés : l’avenir passe-t-il par la bioengénierie ? Les formes inhalées (bêta-2 agonistes de courte ou longue durée d’action, anticholinergiques, corticostéroïdes) représentent actuellement l’essentiel du traitement pharmacologique de la BPCO. Pour autant, les progrès n’ont pas cessé en ce qui concerne les dispositifs d’administration, avec, notamment, l’arrivée récente des inhalateurs « soft mist » qui génèrent un nébulisat prolongé et très fin à l’origine d’un plus faible dépôt oro-pharyngé. Les inhalateurs de poudre sèche font également l’objet de nouveaux développements. Ceux-ci présentent le grand avantage de ne pas nécessiter de coordination main – bouche. Une source potentielle d’amélioration, comme le souligne le Pr Hervé Hillaireau (Institut Galien, Université Paris - Saclay), se situe dans la taille des particules générées afin d’en diminuer le « piégeage » au niveau du carrefour oro-pharyngé et d’en augmenter le dépôt au sein des alvéoles pulmonaires. De grands efforts sont actuellement déployés dans la modulation de la taille et de la morphologie des particules générées, associées à l’emploi de nouveaux excipients, voire l’ajout de particules extrafines. Le nec plus ultra en ce domaine sera peut-être représenté par l’utilisation de nanoparticules vectrices de substances actives optimisées par la greffe à leur surface de résidus mannose, ce qui leur permet de diffuser au travers du mucus ou du surfactant pulmonaire pour être ensuite captées de manière préférentielle par les macrophages alvéolaires. Les premiers essais utilisant le budésonide semblent très positifs.    

Rôle possible d’une exposition à la pollution in utero
L’équipe de Sophie Lanone (Inserm, Institut Mondor de Recherche Biomédicale), explore dans des modèles animaux, l’implication de la pollution dans la genèse de la BPCO. Cela en utilisant une chambre de simulation très représentative de la réalité (polluants primaires et secondaires, phases gazeuses et particulaires).
Les résultats montrent, notamment, que les souriceaux dont la mère a été exposée à une forte pollution durant la gestation développent après leur naissance des altérations de la maturation pulmonaire et sont plus exposés par la suite que les témoins à un emphysème après exposition à la fumée de cigarette.
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