Servier affiche ses ambitions, notamment en oncologie

02/12/2016 Par Dr Alain Trébucq

Etre un laboratoire de taille moyenne, Servier n’en fait nullement une faiblesse, bien au contraire. Grâce à une stratégie originale et à l’absence d’actionnaires, Servier étant détenu par une fondation de droit néerlandais. Pour preuve, un chiffre d’affaires annuel qui franchit pour la première fois la barre des 4 milliards d’euros sur le dernier exercice, clos le 30 septembre.    L’originalité de Servier, c’est d’avoir au cours de ces dernières années su miser à la fois sur les génériques (1.1 milliard) et les émergents, en particulier la Chine, le Brésil, la Russie ou les pays d’Europe de l’est. Mais désormais, le 2e laboratoire français part à la conquête de nouveaux domaines, en particulier l’oncologie, voire de nouveaux territoires, comme l’a souligné Emmanuel Canet, vice-président exécutif de la R&D au cours d’un point avec la presse.   23 candidats-médicaments en développement clinique   Le portefeuille Servier est prometteur avec 23 candidats-médicaments en développement clinique (9 en phase I, 5 en phase II, 3 en phase III), dont 9 en oncologie. Servier ne fait aucunement mystère de ses ambitions de jouer demain dans la cour des grands acteurs de l’oncologie, un domaine où les besoins à satisfaire sont immenses. Pour atteindre ses ambitions, le laboratoire français consacre 50% de ses investissements de R&D à l’oncologie et focalise ses efforts selon trois 3 axes : la relance de l’apoptose, l’immuno-oncologie et les thérapies ciblées. Mais au service de ces ambitions, il y a aussi une politique de partenariats, facilités par le positionnement géographique original de Servier qui lui permet de conclure des accords avec des partenaires souhaitant conserver leurs droits sur le marché américain, voire aussi le marché japonais, deux marchés sur lesquels Servier n’est pas directement présent. C’est ainsi que Servier et Novartis co-développent un inhibiteur sélectif de Bcl-2 qui pourrait permettre de relancer l’apoptose et s’opposer ainsi à la survie aberrante des cellules cancéreuses. Autre exemple, le partenariat avec Taiho Pharmaceutical, permettant à Servier de commercialiser LONSURF® (traitement du cancer colorectal) dans le monde entier à l’exception de l’Asie, des Etats-Unis, du Canada et du Mexique.   Un antidiabétique en une ou deux prises annuelles   Autre partenariat prometteur, celui signé avec Intarcia, une biotech américaine, dans le domaine de la diabétologie. Il devrait aboutir à la prochaine mise sur le marché du premier agoniste GLP-1 délivré en deux prises annuelles grâce à une mini-pompe osmotique, de la taille d’une allumette, implantée sous la peau au cours d’un geste simple, ne nécessitant qu’une petite anesthésie locale. Ce dispositif d’administration doit surtout permettre d’obtenir un meilleur contrôle glycémique en contournant les difficultés à obtenir une bonne observance thérapeutique avec des comprimés à prendre quotidiennement. Favoriser l’observance est aussi une ambition de Servier en cardiologie, notamment avec une large gamme de médicaments antihypertenseurs, incluant des combinaisons fixes de 2 ou 3 médicaments qui, malheureusement, de l’avis même des cardiologues, ont du mal à accéder au marché français. Toujours en cardiologie, Servier a noué un partenariat avec Amgen qui commercialise l’ivabradine sous la marque Corlanor® aux Etats-Unis (Procoralan® en France). Ce partenariat avec Amgen est étendu à l’omécamtiv mécarbil, un activateur direct de la myosine cardiaque, permettant donc de renforcer la vigueur des contractions myocardiques chez l’insuffisant cardiaque. Les résultats de l’étude de phase II viennent d’être présentés au congrès de l’Americain Heart Association et seront publiés très prochainement dans le Lancet. Enfin, la R&D Servier se porte également sur deux autres domaines : d’une part les maladies neurodégénératives avec en particulier un partenariat prometteur avec GeNeuro portant sur un anticorps monoclonal GNbAC1 qui pourrait permettre de traiter la sclérose en plaques sans intervenir sur le système immunitaire ; d’autre part les maladies immuno-inflammatoires.  

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