Obésité : promouvoir l'allaitement pour prévenir l'épidémie

10/05/2019 Par Marielle Ammouche
Nutrition
Dans le contexte actuel d’"épidémie" d’obésité dans le monde, une étude présentée lors du 26e congrès européen de l'association européenne de l'obésité (EASO), qui a eu lieu à Glasgow (Royaume-Uni) du 28 Avril au 1er mai dernier, apporte un élément de prévention important en confirmant que l’allaitement maternel constitue un facteur protecteur contre l’obésité infantile.

  "Plus un enfant est nourri longtemps au sein, plus il est protégé contre l'obésité. Cette connaissance peut renforcer nos efforts dans la prévention de l'obésité", a souligné le Dr Bente Mikkelsen (Organisation mondial de la santé-OMS / Europe). "Agir sur l'obésité infantile - y compris l'obésité sévère - peut avoir des avantages majeurs, non seulement pour la santé et le bien-être des enfants, mais également pour les systèmes de santé nationaux, nous devons donc faire tout ce qui est en notre pouvoir pour promouvoir et protéger l'allaitement maternel dans la région." Du fait de l’existence de nombreuses données de recherche ayant mis en évidence les bienfaits de l’allaitement maternel sur la santé, l’OMS recommande l’allaitement exclusif au sein pendant les 6 premiers mois après la naissance. Et l’étude qui vient d’être présentée, confirme l’intérêt de cette pratique. + 12 à 22 % d'obésité en l'absence d'allaitement Réalisée dans 22 pays européens, elle montre, en effet, que par rapport aux nourrissons ayant été allaités au sein pendant au moins 6 mois, les probabilités d'être obèses à l’âge de 6-9 ans, étaient plus élevées chez les enfants n’ayant jamais été nourris au sein (+22 %) ou allaités pendant une période plus courte (+12 %).

L'Italie et Malte affichaient la prévalence d'obésité la plus élevée chez les enfants jamais nourris au sein (21,2 %), suivis de l'Espagne (21,0 %). En France, la proportion est moins significative car la prévalence de l’obésité est plus faible (7%), quel que soit le mode d’alimentation.

Selon les données de cette étude, dans presque tous les pays, plus de 77 % des enfants étaient nourris au sein. Quelques exceptions toutefois : en Irlande, 46 % des enfants n'étaient jamais nourris au sein, en France, 38 % et à Malte, 35 %. Et les prévalences de l'allaitement maternel exclusif (pendant 6 mois ou plus) restaient faibles : les plus élevées étant recensées au Tadjikistan (73 %), au Turkménistan (57 %), au Kazakhstan (51 %) et en Géorgie (35 %). Selon l'OMS, ces insuffisances sont dues aux politiques inefficaces pour encourager l'allaitement, à un manque de préparation des professionnels de la santé pour soutenir l'allaitement, à une commercialisation intensive des substituts du lait maternel et à des problèmes dans la législation sur la protection des maternités.

"La promotion de l'allaitement au sein constitue une opportunité pour une politique de prévention de l'obésité afin de répondre au problème de l'obésité chez les enfants dans la région européenne. Les politiques nationales existantes visant à promouvoir les pratiques d'allaitement et leur développement doivent être renforcées pour lutter plus efficacement contre l'obésité", a déclaré le Dr Joao Breda (Initiative OMS de surveillance de l’obésité chez les enfants, connue sous le nom de Cosi). De 1 à 5,5 % d'obésité sévère chez l'enfant Une autre étude présentée à Glasgow s’est, pour la première fois, attachée à évaluer la prévalence de l’obésité sévère chez les enfants. Différentes définitions ont été utilisées dont celle de l’OMS (+3 Z-scores, par rapport aux référentiels de 2007) et celle de l’International Obesity Task Force – IOTF (IMC supérieur à 35). Et les données, issues de 21 pays participants établissent à 400 000 (sur 13,7 millions) le nombre d’enfants âgés de 6 à 9 ans présentant une obésité sévère. Les taux s’échelonnaient de 1 % (définition de l’OMS) chez les enfants suédois et moldaves à 5,5 % (IC 95%: 4,9–6,1) chez les enfants maltais. La prévalence était généralement plus élevée chez les garçons que chez les filles. "En raison de son impact sur les systèmes d'éducation, de santé, de protection sociale et économique, il est nécessaire de lutter contre l'obésité via diverses approches allant de la prévention précoce de la surcharge pondérale et de l'obésité au traitement de ceux qui en ont besoin", concluent les auteurs.

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