Risque de myéloneuropathie dû au gaz hilarant

13/05/2022 Par Sylvie Coito
Neurologie
L’addiction au protoxyde d’azote ou gaz hilarant aboutit régulièrement à des myéloneuropathies par carence en vitamine B12 et peut nécessiter une rééducation.

  Le protoxyde d’azote (PO), N2O, gaz hilarant ou « proto », utilisé en médecine comme anesthésique et dans la restauration comme ingrédient pour la fabrication de mousses et crèmes, connaît une troublante ascension en tant que drogue récréative, notamment auprès d’une population jeune. Le Dr Miloudi-Mehtal (neurologue Hopital Robert Ballanger, Aulnay-sous-bois, 93) alerte sur cette addiction responsable de myélo-neuropathie chez les jeunes qui lui fait craindre « que le gaz hilarant soit une porte d’entrée dans les consommation addictives ». Elle met en garde sur les dangers de la consommation excessive et prolongée de gaz hilarant. Une augmentation des cas est constatée surtout chez les personnes entre 17 et 29 ans, avec 2/3 de patients de sexe masculin. La consommation est importante mais difficilement quantifiable. La durée de la consommation est générale supérieure à un an. La connaissance de cette nouvelle addiction est essentielle, non seulement pour sa fréquence, mais aussi pour améliorer la rapidité de son diagnostic et la mise en place du traitement, qui conditionnent le pronostic fonctionnel des complications neurologiques. Le tableau clinique est quasi-systématiquement dominé par une myélo-neuropathie parfois associée à une polyneuropathie sensitivomotrice à prédominance motrice ou sensitive confirmée à l’électromyogramme. Biologiquement, l’hémogramme peut être normal ou révéler une macrocytose isolée. La vitamine B12, cible de ce gaz, peut être normale ou diminuée. En imagerie, l‘IRM médullaire montre des hypersignaux T2 étendus des cordons postérieurs de la moelle en faveur d’une sclérose combinée de la moelle. Les électromyogrammes mettent en évidence des syndromes neurogènes périphériques.   Une évolution généralement favorable La prise en charge thérapeutique requiert l’arrêt de toute consommation du N2O ainsi qu’un traitement par vitamine B12. L’évolution clinique s’accompagne en général d’une amélioration partielle des troubles de la marche au bout d’une semaine. L’IRM et l’électromyogramme se normalisent également après traitement. Néanmoins, le Dr Miloudi-Mehtal souligne que « certains patients ont besoin d’un recours à la rééducation. Après 3 mois, il peut persister une discrète ataxie proprioceptive sans trouble de la marche. Dans de rares cas, les séquelles peuvent persister ». Elle déplore que l’accès au N2O soit en vente libre, et à des prix très abordables. Elle souhaite sensibiliser la population en particulier les jeunes par des actions de prévention et d’information.    

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