Maladie d’Alzheimer : l’enjeu de la prévention

18/09/2017 Par Marielle Ammouche
Neurologie

A l’occasion de la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, qui a lieu le 21 septembre, la Fondation pour la Recherche Médicale publie un Livre Blanc sur les facteurs influant sur la survenue de cette pathologie.

 Actuellement, en France, environ 900 000 patients souffrent de la maladie d’Alzheimer. Mais avec l’augmentation de l’espérance de vie, ils pourraient être 1,3 million en 2020. L’enjeu est majeur tant sur le plan sanitaire que sociétal et financier. Et force est de constater que les progrès thérapeutiques stagnent – voire reculent pour certains –, malgré une recherche prolifique dans ce domaine. De nombreux travaux s’orientent désormais sur la mise en évidence de facteurs de risque ou au contraire d’éléments protecteurs, qui pourrait aboutir à des stratégies de prévention de la pathologie. C’est pourquoi en amont de la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, le 21 septembre, la Fondation recherche Médicale a choisi « La prévention pour combattre la fatalité » comme thème de son livre blanc sur la maladie d’Alzheimer, paru en 2017. « La maladie d’Alzheimer peut être retardée. Les chercheurs sont unanimes sur ce point, affirment les auteurs du Livre Blanc. Face à une maladie incurable, plusieurs études convergent pour affirmer que la prévention peut jouer un rôle primordial ; non pas en empêchant l’apparition des lésions dans le cerveau, mais en retardant l’apparition des symptômes de la maladie, et par conséquent en améliorant la qualité de vie et en repoussant l’âge de la dépendance ». Selon les experts, un tiers des cas pourraient être évités ou retardés en gardant sous contrôle certains de ces facteurs de risque. Si l’âge, principal facteur de risque de la maladie n’est pas modifiable, interviennent cependant des facteurs environnementaux qui résultent de notre mode de vie. Il s’agit principalement de facteurs de risque cardiovasculaire (tabagisme, hypertension artérielle, diabète, cholestérol, stress…), ainsi que de certains facteurs protecteurs (exercice physique, niveau élevé d’éducation, stimulation cérébrale, interactions sociales, bon équilibre alimentaire). En plus du « contrôle indispensable » des facteurs de risque cardiovasculaire, les auteurs du Livre Blanc soulignent l’implication du stress chronique. « Des liens directs ont été pointés entre les hormones glucocorticoïdes, affirment-ils, et les dépôts amyloïdes et une grande étude suédoise (Johansson L. et al. BMJ, 2013), menée sur 35 ans auprès de 1 400 femmes, a conclu que le risque de développer une démence après une période de stress est 65 % plus élevé qu’en absence de stress ». Certains médicamenteux constituent aussi des facteurs de risque. Par exemple, les benzodiazépines, et en particulier celles ayant une demi-vie longue, ont été associées à un risque de survenue d’une démence. Au contraire, plusieurs travaux ont évoqué l’intérêt des recherches sur les liens entre métabolisme du cholestérol et maladie d’Alzheimer. Des chercheurs ont ainsi récemment montré que la surexpression d’une enzyme capable d’éliminer le cholestérol en excès dans le cerveau peut agir de façon bénéfique sur la composante Tau de la maladie et la corriger. Les statines pourraient aussi trouver un intérêt dans cette indication. Ainsi, des travaux menés entre 2009 et 2013 sur 400 000 sujets américains de plus de 65 ans ont mis en évidence que ceux qui prenaient des statines pendant au moins deux ans réduisaient leurs risques de présenter une maladie d’Alzheimer. Le volume de matière grise corrélé à l’exercice physique L’exercice physique est aussi fondamental. Une étude américaine récente (Cyrus A. et al. J Alzheimers dis, mars 2016), qui a suivi durant 5 ans près de 900 personnes âgées en moyenne de 78 ans, a ainsi conclu que quel que soit le sport, l’exercice ou l’activité (la marche, le jardinage, la danse…), les personnes âgées physiquement actives présentent un plus grand volume de matière grise dans les zones du cerveau responsables de la mémoire, de l’apprentissage et de l’exécution des tâches cognitives complexes. L’augmentation du volume de matière grise apparaissait corrélée avec l’intensité de l’activité physique. Dans cette étude, les personnes ayant la dépense énergétique la plus élevée présentaient un risque divisé par 2 de développer une maladie d’Alzheimer au bout de ces 5 ans. Concernant l’alimentation le rôle bénéfique du régime méditerranéen sur est connu depuis longtemps. Plus récemment des études (Pelletier A et al. 2015 Sep;11(9):1023-31 ; Morris MC et al. Alzheimers Dement. 2015 Sep;11(9):1007-14) ont démontré son « effet hautement protecteur sur le déclin cognitif ». Dans ces études, la bonne observance de ce régime permettait de réduire jusqu’à 54% le risque de survenue d’une maladie d’Alzheimer. Cet effet est lié au propriété antioxydantes de cette alimentation. L’entrainement cognitif a aussi prouvé son efficacité. Les experts précisent qu’il ne s’agit pas forcément de faire des morts croisé, sudokus ou autres jeux de grille, qu’il peut s’agir de jardinage, voyages, lectures…, et plus largement encore de la pratique d’un hobby ou d’une implication dans des activités sociales. Dans ce domaine, chez les personnes ayant travaillé plus longtemps, la maladie apparait de façon plus tardive. Et plus largement encore, une étude américaine (Boyle PA et al. Arch Gen Psychiatry 2010 Mar; 67(3): 304–310)  a montré, lors d’un suivi de 250 personnes âgées, qu’avoir un but dans la vie est associé de façon significative à une meilleure fonction cognitive et à une réduction des agrégats protéiques responsables de la destruction des neurones. Avec cette évolution des connaissances concernant la prévention, il s’agit maintenant de mettre en place des études visant à évaluer des interventions dans ce domaine. Comme le souligne le Dr Stéphane Epelbaum, neurologue spécialiste de la maladie d'Alzheimer à l'Institut de la Mémoire et de la Maladie d'Alzheimer (IM2A, Pitié Salpêtrière, Paris) et chercheur à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), « Aujourd'hui de plus en plus d'essais de prévention sont en cours dans lesquels ces plaques sont ciblées à des stades très précoces de la maladie, lorsque les symptômes sont très légers, voire inexistants. La prévention est un outil indispensable pour combattre la maladie d'Alzheimer, en ciblant le mode de vie, par exemple en encourageant la pratique d'une activité physique régulière. Nous démarrons actuellement un essai qui vise à améliorer la qualité du sommeil, grâce à des objets connectés, qui pourraient limiter la production de plaques amyloïdes ».   Enfin, la piste du vaccin préventif reste aussi toujours d’actualité. Très récemment, des chercheurs suédois ont développé un vaccin qui stimule une réponse immunitaire via la production d’anticorps qui empêchent la formation des agrégats ou des plaques responsables des dégâts neurologiques en agissant sur la protéine Tau.    

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