IPP : une prescription sur deux est inadéquate

13/11/2020 Par Marielle Ammouche
Médicaments
Plus de la moitié des usages d’inhibiteurs de la pompe protons (IPP) ne serait pas justifiés, alerte la Haute Autorité de Santé (HAS) qui a cependant décidé de maintenir ces molécules au remboursement. Des actions de « déprescriptions » sont cependant nécessaires.

  La consommation des IPP ne cesse d’augmenter. Actuellement près d’un français sur 4 en consommerait. Or, des données de 2015 de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et de l’Assurance maladie (2019) évaluent leur mésusage (prescription trop fréquente ou sur une trop longue durée) entre 40 et 80 % des cas. En particulier, « près de 80% des patients ayant débuté un traitement en association systématique avec un AINS n’avaient aucun facteur de risque pouvant justifier cette coprescription « préventive » du risque d’ulcère gastroduodénal » souligne l’ANSM. Dans ce contexte, une réévaluation du service médical rendu (SMR) a été réalisée par la HAS qui a conclu que « les IPP gardent une place majeure dans les indications de l’AMM : ils sont efficaces et restent bien tolérés à court terme dans ces indications ». L’Autorité de santé maintient donc leur remboursement sans restriction de durée. Elle mentionne cependant l’existence d’un doute sur le profil d’effets indésirables à long terme et en particulier en cas de mésusage prolongé. Elle recommande donc de réaliser de façon « urgente et prioritaire » des actions pour favoriser « une prescription raisonnée », et d’engager une dynamique de « déprescription » de ces médicaments. Cela se fera prochainement sous forme de fiche de bon usage des médicaments pour les professionnels de santé, et d’un document à l’usage des patients.

Il s’agit en particulier de rappeler que, en prévention des lésions gastroduodénales dues aux AINS (80% des prescriptions), l’utilisation des IPP n’est recommandée que chez les sujets présentant des facteurs de risque :  personnes de plus de 65 ans, antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal, association à un antiagrégant plaquettaire. Ensuite, la durée initiale du traitement doit être limitée à 8 semaines maximum, suivie d’une réévaluation du patient. Enfin, les prescriptions d’IPP doivent être réduites chez les personnes âgées (comorbidités, polymédication…) et chez les nourrissons et les jeunes enfants (IPP rarement justifiés et pas utiles en cas de régurgitation non compliquée)  

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La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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