Covid-19 : Les conseils des urologues

02/04/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Face à l’épidémie de coronavirus, les urologues ont publié un avis d’experts rédigé par le Comité de Cancérologie de l’AFU (CCAFU). Ce texte vise un double objectif : protéger le praticien et limiter la contamination, mais aussi éviter les pertes de chance pour les sujets porteurs de cancers urologiques.
 

« Le confinement de la population et la réorganisation complète du système de soin pour prioriser la prise en charge des patients touchés par le coronavirus, entraînent une remise en cause de certains protocoles de soins utilisés en routine » constatent les urologues. C’est pourquoi le Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie (CCAFU) a souhaité accompagner les onco-urologues pour qu’ils prennent les mesures les plus adaptées pour limiter autant que possible la contamination du coronavirus, mais aussi faire les meilleurs choix pour le traitement des malades atteints de cancers. Les experts ont donc recensé les données de la littérature actuellement disponible et viennent de publier un avis d’experts qui « ne constitue pas une recommandation fondée sur l’evidence based medicine, mais plutôt un recueil de conseils pour une prise en charge optimisée face à l’urgence sanitaire ».
 
L’AFU a donc rédigé un document de 26 pages pour guider les choix thérapeutiques. Cinq cancers sont concernés, les trois plus fréquents, prostate, vessie et rein, ainsi que les cancers des organes génitaux externes (testicules, pénis). Pour chaque cancer, en fonction du grade de la tumeur, de sa taille, de son potentiel évolutif, du stade localisé ou non, métastatique ou non, les recommandations indiquent s’il est justifié de reporter certains examens, de modifier certains protocoles, de simplifier la prise en charge, ou si au contraire tout retard de traitement risque d’entrainer une perte de chance pour le patient. « L’urologue en collaboration avec les membres de la Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) restent les décideurs responsables du traitement pour chaque patient donné, en prenant en compte la pathologie, mais également l’âge, les comorbidités, et les ressources disponibles dans l’établissement de santé concerné ou son environnement » rappelle le Pr Yann Neuzillet. « Dans tous les cas, l’accompagnement du patient est essentiel par le biais d’une information claire et compréhensible de la stratégie diagnostique et thérapeutique entreprise » ajoute le Pr Arnaud Méjean, Responsable du CCAFU.


Télémédecine et prise en charge ambulatoire
Dans ce texte, les urologues suggèrent des adaptations clés pour la prise en charge des malades. Ils soulignent ainsi l’importance de ne pas faire « perdre de chance » aux patients, dans un contexte où l’essentiel des forces vives et des installations médicales sont orientées vers la prise en charge de l’épidémie. Ils encouragent à développer de nouvelles formes de consultation (notamment par télémédecine), à prioriser les examens en fonction des urgences urologiques et du pronostic du patient, et à éviter autant que faire se peut le passage à l’hôpital qu’il soit programmé, ou consécutif à une urgence. Ils appellent ainsi à modifier les protocoles quand c’est nécessaire pour favoriser l’ambulatoire, l’hospitalisation à domicile, et réduire les temps de bloc, et à privilégier dans certains cas une approche médicamenteuse initiale plutôt que la chirurgie…). Outre la protection des personnes soignants « qui passe notamment par le port, par les patients, de masques FFP1 et certaines précautions particulières à respecter lors des interventions chirurgicales », les spécialistes appellent à maintenir si possible les réunions de RCP par visioconférence,  et à suspendre les protocoles de recherche. Enfin, le recours aux programmes de récupération améliorée après chirurgie (Raac) doit être privilégié afin de minimiser le risque de complications post-opératoires et la durée du séjour hospitalier. Il s’agit aussi de déterminer quels patients peuvent voir la prise en charge de leur cancer urologique différée, sans qu’il y ait d’incidence sur le pronostic de la pathologie.« Il est souhaitable de rapprocher la surveillance des patients ayant un cancer avancé pour éviter au maximum la nécessité de recours aux hospitalisations non-programmées et les passages aux services des urgences », précise ainsi le Pr Neuzillet.

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