VIH : entre progrès et inquiétudes

19/07/2019 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Le dernier rapport de l’Onusida met en évidence d’'impressionnants progrès", mais aussi "de préoccupants échecs".

  Les points positifs concernent tout d’abord la mortalité. Ainsi, en 2018, le VIH a été à l’origine de 770 000 décès dans le monde. Cela représente une baisse d'un tiers depuis 2010 (1,2 million). Ces évolutions sont en grande partie liée aux progrès survenus en Afrique du sud et de l'est, région la plus concernée par le sida. L’autre bonne nouvelle concerne l’accès au traitement. Désormais, plus de trois séropositifs sur cinq dans le monde (23,3 millions sur 37,9) suivent des traitements antirétroviraux, qui permettent de ne plus transmettre le virus du sida s'ils sont pris correctement. C'est la plus haute proportion jamais atteinte, et c'est environ dix fois plus qu'au milieu des années 2000. L’OMS tire cependant la sonnette d’alarme sur plusieurs indicateurs. Les motifs d’inquiétude concernent les nouvelles infections qui ne baissent pas assez. En 2018, ce taux était stable par rapport aux années précédentes (1,7 million). "Ce nombre a baissé de 16% entre 2010 et 2018, alors qu'on envisageait initialement 75%. Nous en sommes loin", commente Peter Ghys, un des responsables de l'Onusida. La situation est particulièrement préoccupante en Europe de l'est et dans le centre de l'Asie, où le nombre de nouvelles infections a augmenté de 29% depuis 2010. Dans ces régions et sur la même période, le nombre de morts dus au sida n’a pas baissé contrairement au reste du monde mais s’est accru de 5%. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, cette augmentation atteint même 9% au Moyen-Orient, au cours de ces huit dernières années. L’OMS alerte sur le manque de moyens financiers. "Pour la première fois depuis 2000 les ressources disponibles pour la lutte globale contre le sida ont décliné", s'alarme Gunilla Carlsson, qui assure l'intérim à la tête de l'Onusida après le départ du Malien Michel Sidibé. En 2018, 19 milliards de dollars étaient consacrés à des programmes de lutte contre la maladie dans les pays à faibles et moyens revenus. C'est un milliard de moins qu'en 2017, et sept de moins que la somme jugée nécessaire pour 2020 (26,2). "Cette baisse est un échec collectif", juge l'Onusida, selon qui cela concerne "toutes les sources de financement": contributions internationales des Etats, investissements des pays eux-mêmes ou dons privés à but philanthropique. C’est dans ce cotexte qu’aura lieu le 10 octobre prochain la conférence de financement du Fonds mondial, qui se tient tous les 3 ans. Elle se déroulera à Lyon. L'objectif est de lever 14 milliards de dollars pour la période 2020-22 afin de financer ce fonds, fruit d'un partenariat entre États, organisations de la société civile, secteur privé et malades. Les principaux contributeurs sont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Japon. Tous ces obstacles compromettent le but que s'est assigné l'ONU pour 2020: que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que 90% de ces dernières soient sous traitement, et que parmi celles-ci, 90% aient une charge virale indétectable. En 2018, ces proportions se montaient respectivement à 79%, 78% et 86%, avec là encore des disparités régionales. Pour rappeler l'importance de cet objectif, l'Onusida a organisé la présentation de son rapport à Eshowe, ville de la province sud-africaine du KwaZulu-Natal. Le tryptique "90-90-90" y a été atteint avant la date-butoir de 2020, grâce à des actions de prévention et de soin de proximité, au sein des communautés locales. Une manière de préparer l'avenir, alors que les enfants restent une cible de choix pour le virus du sida. En 2018, 160 000 enfants dans le monde ont été infectés, loin de l'objectif de 40 000 que la communauté internationale s'était fixé.

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