Vaccination : informer pour redonner confiance

25/04/2017 Par Marielle Ammouche
Infectiologie

A l’occasion de la semaine européenne de la vaccination, qui se déroule du 23 au 29 avril, le ministère chargé de la Santé et Santé publique France lancent vaccination-info-service.fr, un site d’information référent sur la vaccination. Ce nouveau site pratique vise à répondre aux questions et aux doutes de la population dans ce domaine. Il comporte un outil pratique permettant de faire le point sur les vaccins recommandés en un clic, en fonction de son âge.

L’adhésion de la population à la vaccination a tendance à s’altérer, en particulier pour certains vaccins, même si la majorité des Français y restent largement favorables. Ainsi, selon les données intermédiaires du Baromètre santé 2016 réalisé par Santé publique France, 75% des 15-75 ans se déclarent favorables à la vaccination. Cependant, certains vaccins suscitent toujours des réserves. C’est le cas des vaccins contre la grippe saisonnière (15% de réticences), l’hépatite B (13%) et dans une moindre mesure, contre le papillomavirus humain (6%). "Aujourd’hui, l’adhésion systématique des Français à la vaccination de façon générale (tous les vaccins) n’est plus globale, affirme le Dr Christine Jestin, médecin de santé publique, responsable de l’unité chargée de la prévention des risques infectieux à Santé publique France. Des hésitations et des questionnements s’expriment autour de certains vaccins et plus particulièrement sur la question des possibles effets indésirables. C’est le cas notamment du vaccin contre l’hépatite B pour lequel le doute reste ancré dans la population, alors même que les études menées entre 1996 et 2004 ont conclu que cette vaccination n’augmentait pas le risque de sclérose en plaques. En revanche, on observe une légère amélioration de la confiance sur les vaccins contre le papillomavirus et la grippe saisonnière. L’adhésion à la vaccination n’est plus inconditionnelle, comme c’était le cas à la fin des années 2000." Or, les études montrent que cette adhésion est souvent proportionnelle à l’information des individus. "Elle varie en fonction du vaccin, de l’âge, de la perception du risque de la maladie, de la connaissance de la maladie, du bénéfice-risque supposé du vaccin etc., confirme le Dr Jestin. L’influence du médecin est aussi très importante. Les Français se tournent prioritairement vers leur médecin traitant pour s’informer. C’est une ressource à laquelle ils accordent une grande confiance." C’est pourquoi, à l’occasion de la semaine européenne de la vaccination (23-29 avril), le ministère chargé de la Santé et Santé publique France lancent vaccination-info-service.fr, un nouveau site référent qui vise à apporter une information factuelle, neutre et scientifiquement validée sur la vaccination. "Le site délivre un éclairage complet et aborde des questions générales et pratiques sur les vaccinations, les maladies et les vaccins associés, les vaccins existants en France, la vaccination au cours de la vie ou encore la vaccination dans le cadre de maladies chroniques", précisent Santé publique France et le ministère de la Santé dans un communiqué. "C’est un outil qui a d’abord pour vocation de répondre aux questions les plus courantes, précise Sandrine Randriamampianina, en charge du site vaccination-infoservice.fr à Santé publique France. On y retrouve l’ensemble des 24 maladies à prévention vaccinale ainsi que tous les aspects relatifs à la vaccination. Nous avons essayé d’être le plus exhaustif possible, en revenant sur l’histoire des vaccins, leur fabrication, leur composition etc. Il y aussi des questions plus pratiques et des questions relatives à la sécurité des vaccins. Pour développer ce site, Santé publique France a travaillé avec un groupe d’experts qui rassemble l’ensemble des parties prenantes."   Faire le point sur les vaccins recommandés en un clic Ce site est organisé de façon pratique et personnalisée. Ainsi, 6 rubriques et différents outils permettent une recherche d’informations sur la vaccination en général, sur un vaccin ou une maladie en particulier, ou selon un profil (âge, statut…). Dès la page d’accueil, l’internaute peut faire le point en quelques secondes sur son statut vaccinal en cliquant sur la fenêtre "Quels vaccins dois-je faire ?" ou accéder au calendrier des vaccinations en vigueur.   Une couverture vaccinale peu impactée par les hésitations chez le nourrisson La couverture vaccinale en France reste globalement satisfaisante, mais la vigilance est de mise considèrent les autorités de santé. Ainsi, chez le nourrisson, les vaccinations contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, de la coqueluche et des infections invasives à Haemophilus influenzae b (Hib) présentent des taux de couvertures vaccinales proches de 97 %. Celle contre le pneumocoque dépasse le seuil de 90 % et celle de l’hépatite B continue d’augmenter (88 % pour le schéma vaccinal complet). "Pour la plupart des vaccins, l’hésitation vaccinale mesurée auprès des Français n’impacte pas directement la couverture vaccinale. Il existe bien en France un consensus social en faveur de la vaccination, qui se nourrit en grande partie de la capacité des professionnels de santé à rassurer les parents", explique Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste, responsable de l’unité chargée des infections respiratoires et de la vaccination à Santé publique France.

  Des taux insuffisants contre la rougeole et le méningocoque C Il persiste cependant deux points noirs : le ROR et le vaccin anti-méningocoque C. En effet, la couverture vaccinale contre la rougeole stagne depuis plusieurs années autour de 90 % pour la première dose de vaccin, alors qu’elle nécessiterait d’atteindre 95% à 2 doses pour éliminer cette maladie. En conséquence, plusieurs foyers épidémiques importants se sont activées aux cours de ces dernières années en France et en Europe. En particulier entre 2008 et 2012, 24 000 cas de rougeole potentiellement évitables ont été identifiés en France. 1.500 pneumopathies graves ont été comptabilisées, ainsi que 34 complications neurologiques, ces complications ayant entrainé 10 décès. "Sur les 10 décès recensés, 7 sont survenus sur des sujets immunodéprimés qui auraient pu bénéficier de l’immunité de groupe si la couverture vaccinale avait été meilleure", insiste Daniel Lévy-Bruhl. Et concernant la couverture vaccinale contre le méningocoque C à 24 mois, elle a légèrement progressé, mais reste insuffisante (70%). "De plus, plus on avance en âge et plus la couverture vaccinale contre cette infection grave baisse. Elle ne permet pas aujourd’hui de protéger le nourrisson, particulièrement vulnérable, par le biais d’une immunité collective", précise Santé Publique France. Entre 2011 et 2016, 298 infections à méningocoque C sont survenues chez des sujets âgés de 1 à 24 ans non vaccinés et ont provoqué 29 décès, avec un taux de séquelles est supérieur à 20%. "En d’autres termes, le méningocoque C tue 1 enfant infecté sur 10", explique Daniel Lévy-Bruhl. "La vaccination de rattrapage des enfants et des jeunes de moins de 24 ans est donc impérative, car le poids en morbidité est inacceptable. Et ce, d’autant plus que les décès sont évitables grâce à un vaccin très efficace et très bien toléré."   Un deuxième volet pour les professionnels à venir Les responsables de vaccination-info-service.fr souhaitent que ce site se développe et soit enrichi au fur et à mesure des besoins de la population. Par la suite un second volet dédié aux professionnels de santé devrait être mis en ligne.

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