Échographie en médecine générale : mode d'emploi

20/06/2019 Par Charline Delafontaine
Imagerie médicale
Mieux faire connaître l’échographie comme outil capable d’accroître l’efficience du médecin généraliste, c’est là l’objectif du Congrès d’échographie générale dont la deuxième édition se tient au Palais des congrès de Paris du 21 au 23 juin. Entretien avec le Dr Jean-Marie Bourgeois, professeur honoraire des Universités, président du Centre francophone de formation en échographie

    Egora – Le Panorama du Médecin : En France, la pratique de l'échographie demeure encore peu répandue en soins primaires… Dr Jean-Marie Bourgeois.  Je reconnais en effet que l’échographe peine à trouver sa place dans les cabinets de médecine générale français. Et c’est bien dommage… D’autant qu’aujourd’hui, la plupart des spécialistes ont adopté ce précieux outil dans leur pratique quotidienne. C’est le cas notamment des médecins urgentistes pour qui l’échographe portable, utilisable directement au lit du malade, a démontré son efficacité. On estime qu’en France seulement 5 à 8% des généralistes seraient concernés… Ces chiffres varient en fonction des études mais également en fonction des régions. Dans les zones rurales et semi-rurales,  les médecins généralistes auront ainsi davantage tendance à se former à cette technique d’imagerie médicale afin de pallier le déficit d'échographistes dans les milieux isolés.  Mais en Allemagne par exemple, la pratique de l’échographie en soins primaires est courante : près d’un généraliste sur deux l’aurait intégrée dans son exercice quotidien. Outre-Rhin, l’échographie est perçue comme un prolongement de l’examen clinique… C’est bien pourquoi, je le surnomme "le stéthoscope du 21ème siècle".   Quelles sont les indications en médecine générale ? Il existe une cinquantaine d’indications, validées par la littérature scientifique, pour lesquelles le généraliste, sous réserve d’une formation adaptée, peut obtenir des diagnostics échographiques ou clinico-échographiques sûrs. Il s’agit d’examens échographiques apportant une réponse binaire, c’est à dire affirmant, ou au contraire, excluant un diagnostic. L’échographie permet ainsi d’affirmer, ou d’exclure une phlébite emboligène des membres inférieurs un anévrisme de l’aorte abdominale, un épanchement pleural, un épanchement de l’épaule ou de la hanche… D’affirmer une appendicite, une cirrhose, une grossesse de plus de 6SA… Ou à l’inverse, d’exclure une grossesse extra-utérine, un pneumothorax.  Toutefois, s’agissant des échographies fœtales des 12e, 22e et 33e semaines d’aménorrhée, celles-ci doivent être réservées aux généralistes ayant suivi une formation universitaire d’échographie et aux spécialistes.   Quels sont les principaux arguments en faveur d’une démocratisation de l’échographie en soins primaires ? L’échographie facilite tout d’abord la réalisation de diagnostics précoces et fiables (les situations écho-cliniques à réponse binaire). Plus globalement, elle permet un gain de sécurité en améliorant l’évaluation clinique, la prise en charge, le suivi des patients et l’orientation vers les spécialistes compétents ou les urgences. Ou à l’inverse, d’éviter d’adresser un patient en médecine du second recours lorsque la sonde échographique fournit la preuve de l’absence de risque accru. L’échographie de proximité est une piste qui mériterait également d’être favorisée pour à la fois désengorger les urgences et pallier les délais d’obtention de rendez-vous dans les centres de radiologie.   

  Tout médecin est autorisé à pratiquer des actes échographiques … Le seul prérequis, c’est la formation ?  Oui. Le Conseil de l’Ordre et la Sécurité sociale autorisent tout médecin à utiliser un échographe pour améliorer son diagnostic et n’imposent pas d’obtenir un diplôme en particulier. Pour se former aux techniques échographiques, il existe des diplômes universitaires (DU) et interuniversitaires (DIU)…  Mais tous les moyens de formation sont acceptés, y compris ceux "on line", dans les livres ou chez un confrère.    

Sur le plan juridique
Sur un plan déontologique rien ne s’oppose à ce jour à la réalisation d’un acte d’échographie par le médecin généraliste ou de tout autre spécialiste, sous couvert, comme pour tout acte, du respect :
-de l’article 70 du code de déontologie, qui restreint l’omnivalence du diplôme du médecin à ses connaissances, son expérience et les moyens dont il dispose.
-des titres universitaires et honorifiques pouvant être mentionnés sur sa plaque, ses feuilles d’ordonnances ou dans un annuaire professionnel.
Le code de la Sécurité sociale ne s’oppose pas à la cotation des actes d’échographies par le médecin généraliste. Cette cotation impose cependant que l’acte réalisé soit bien conforme à la cotation et impose également la réalisation d’un compte-rendu d’examen.

  *Le Dr Jean-Marie Bourgeois déclare n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données présentées dans cet article.

La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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