Congrès de l’EASL : Des avancées thérapeutiques importantes pour les maladies hépatiques

23/04/2019 Par Corinne Tutin
Hépato-gastro-entérologie
Le congrès international sur le foie, organisé à Vienne du 10 au 14 avril 2019 par l’European Association for the Study of the Liver (EASL), a confirmé les excellentes performances des antiviraux directs dans l’hépatite C et mis en évidence l’intérêt de nouveaux traitements médicamenteux dans les NASH, l’hépatite D, la maladie polykystique du foie.

L’International Liver Congress a été marqué par l’analyse intermédiaire de l’essai de phase 3 Regenerate sur 931 patients atteints de stéato-hépatite non alcoolique (Nash), une maladie qui complique 60 % des stéatoses hépatiques non alcooliques (non alcoholic fatty liver disease ou NAFLD) et qui se caractérise par l’apparition en plus de l’accumulation de graisses dans le foie d’une inflammation lobulaire et de lésions de ballonisation hépatocellulaires pouvant rapidement évoluer vers une fibrose. L’administration de 25 mg/j d’acide obéticholique, un acide biliaire activant le récepteur nucléaire farnésoïde X, a amélioré significativement en 18 mois le niveau de fibrose hépatique chez 23,1 % des malades, contre 11,9% des patients du groupe placebo (p = 0,0002). Un résultat, qui peut sembler modeste, mais qui doit être interprété en sachant « qu’aucun médicament n’avait démontré jusqu’ici une efficacité dans cette maladie », a souligné le Pr Zobair Younossi (Falls Church, États-Unis). Les effets secondaires observés ont été le plus souvent d’intensité légère à modérée, mais 9 % des patients ont dû arrêter le traitement en raison d’un prurit. Cet essai conduit dans 20 pays, dont la France, se poursuit ; ce qui permettra de mieux évaluer la place de l’acide obéticholique. Le besoin thérapeutique est réel, et une étude allemande, ayant pris en compte 215 655 patients, a confirmé la gravité des NAFLD et des Nash, le risque de cirrhose décompensée étant multiplié par plus de 4 et celui d’hépatocarcinome par près de 14 (Ali Canbay, Madgebourg, Allemagne). Succès confirmés dans l’hépatite C, espoir dans l’hépatite D D’autres données ont confirmé la forte efficacité des antiviraux directs dans les hépatites C.  L’analyse de 12 études de cohorte de 7 pays, ayant inclus 5 541 patients, a ainsi mis en évidence un taux de réponse virale de 92,7 % en analyse en intention de traiter et de 98,5 % en analyse per-protocole après administration durant 12 semaines de l’association sofosbuvir/velpatasvir. « Le taux de réponse était très important pour les 6 génotypes viraux, indépendant du stade de fibrose hépatique et du traitement antérieur, et concernait aussi les populations les plus à risque d’échec virologique : patients VIH+(96,3 % de réponse en per-protocole), usagers de drogues (97,8%), sujets de plus de 70 ans (99,1 %) », s’est félicitée le Dr Alessandra Mangia (San Giovanni Rotondo, Italie).  Deux autres études ont décrit des taux de réponse très élevés en « vraie vie » (97 à 98 % en per-protocole) après administration durant 12 semaines de la combinaison glécaprévir/pibrentasvir (Markus Cornberg, Hanovre, Allemagne ; Michael Curry, Boston, États-Unis). Et, chez des malades en échec après prescription d’antiviraux directs, la trithérapie sofosbuvir/velpatasvir/voxilaprévir a débouché sur des taux de réponse de plus de 93 %. « Ne se développant qu’en cas d’hépatite B associée, les hépatites D sont rares mais responsables d’infections chroniques sévères. Le seul traitement ayant démontré une efficacité était jusque-là l’interféron alpha », a expliqué le Pr Heiner Wedemeyer (Essen, Allemagne). Une étude de phase 2a, menée chez 60 patients, vient cependant de suggérer que l’addition à ce traitement d’injections quotidiennes sous-cutanées de bulevirtide, pourrait améliorer les résultats en inhibant l’entrée du virus dans les hépatocytes. L’ARN viral du VHD est devenu indétectable chez 40 % des patients après 72 semaines d’administration de cette combinaison, qui a été bien tolérée, la majorité des effets secondaires étant imputables à l’interféron.  Autre point positif de cette bithérapie synergique, « elle pourrait avoir une certaine efficacité dans l’hépatite B chronique, 27 % des patients ayant perdu l’antigène HBs », a rapporté le Pr Wedemeyer. Maladie polykystique du foie et du rein : efficacité du lanréotide La maladie polykystique du foie et du rein est une affection autosomique dominante, qui peut perturber la qualité de vie en cas d’hépatomégalie. Or, un analogue de la somatostatine, le lanréotide, semble freiner le développement des kystes hépatiques au vu d’une analyse sur 167 patients de l’étude Dipak 1. « Sa prescription, à la dose de 120 mg par voie sous-cutanée toutes les 4 semaines, s’est associée, après 120 semaines de traitement, à une réduction de près de 6 % du volume hépatique en comparaison des soins habituels », a ainsi expliqué le Pr René van Aerts (Pays-Bas). Par ailleurs, le lanréotide limite le volume des kystes rénaux, a précisé ce spécialiste.  

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