Effets anaboliques de la testostérone sur le muscle : pas besoin de passer par la DHT

24/03/2012 Par Pr Philippe Chanson

Les inhibiteurs de la 5a-réductase sont utilisés pour traiter l’hyperplasie bénigne de la prostate et l’alopécie androgénique. Le rôle de la 5a-dihydrotestostérone ou DHT (en comparaison de celui de la testostérone elle-même) sur le muscle, la fonction sexuelle, l’érythropoïèse et d’autres processus androgéno-dépendants, reste mal connu. Afin de déterminer les effets de la testostérone sur la masse musculaire, la force musculaire, la fonction sexuelle, l’hématocrite, le volume de la prostate, la production de sébum et les concentrations des lipides et voir si ces effets étaient atténués lorsque la conversion en DHT était bloquée par un inhibiteur de la 5a-réductase de type 1 et 2, le dudastéride, un essai randomisé comparant placebo + testostérone avec dudastéride + testostérone a été mis en place chez des hommes âgés de 18 à 50 ans dont la fonction gonadotrope et gonadique avait été inhibée par l’administration d’un analogue de GnRH ; 139 hommes ont été randomisés dont 102 ont terminé l’étude de 20 semaines. Tous les hommes ont reçu une dose de 50, 125, 300 ou 600 mg/semaine de testostérone pendant 20 semaines et ont donc aussi  reçu soit du placebo, soit du dudastéride à la dose de 2.5 mg/jour. La masse maigre moyenne gagnée dans le groupe dudastéride était de 0.6 kg (IC 95 % : -0.1 à 1.2 kg) lorsqu’ils recevaient 50 mg/jour de testostérone, de 2.6 kg (0.9-4.3) lorsqu’ils recevaient 125 mg/semaine, de 5.8 kg (4.8-6.9) lorsqu’ils recevaient 300 mg/semaine et de 7.1 kg (6-8.2) lorsqu’ils recevaient 600 mg/semaine. Les chiffres correspondant pour les patients recevant le placebo étaient de 0.8 kg (-0.1 à 1.7), de 3.5 kg (2.1-4.8), de 5.7 kg (4.8-6.5) et de 8.1 kg (6.7-9.5). Les différences ajustées en fonction de la dose entre le groupe dudastéride et le groupe placebo n’étaient pas significatives (p = 0.18). Les modifications de la masse grasse, de la force musculaire, de la fonction sexuelle, du volume de la prostate, de la production de sébum, de l’hématocrite et des concentrations lipidiques n’étaient pas non plus différentes entre les deux groupes. En conclusion, les modifications de la masse maigre observées en réponse à une dose croissante de testostérone ne sont pas différentes chez les hommes dont la DHT a été inhibée par la prescription conjointe de dudastéride en comparaison de ceux qui ont reçu un placebo. Ceci indique donc que la conversion de testostérone en DHT n’est pas essentielle pour médier les effets anaboliques sur le muscle de la testostérone.

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