La prévention de l’adaptation à l’obscurité par un masque lumineux ne modifie pas l’apparition et l’évolution de l’œdème maculaire chez les diabétiques

04/05/2018 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme

L’œdème maculaire diabétique est la cause la plus fréquente de baisse d’acuité visuelle chez les diabétiques. La localisation et la quantification de l’augmentation de l’épaisseur de la rétine du fait de l’œdème maculaire peuvent être analysées de manière objective par l’OCT (Optical Coherence Tomography). Environ 8 % des diabétiques ont un œdème maculaire central et 8 % ont un œdème maculaire périphérique. Au cours de l’adaptation à l’obscurité, les photorécepteurs normaux de la rétine consomment presque tout l’oxygène disponible au niveau de l’œil. Chez les diabétiques, l’apport rétinien en oxygène est compromis et l’état hypoxique au cours des périodes d’obscurité peut exacerber les modifications microvasculaires. D’ailleurs, la supplémentation en oxygène améliore l’œdème maculaire à court terme. Des auteurs ont donc postulé qu’en évitant l’adaptation à l’obscurité, l’œdème maculaire diabétique et la rétinopathie diabétique pourraient être améliorés du fait de la réduction de la consommation d’oxygène. Comme l’adaptation à l’obscurité chez l’homme ne survient que la nuit pendant le sommeil, dormir dans un environnement plus lumineux pourrait donc prévenir l’œdème maculaire, c’est ce qu’avait, semble-t-il, montré une étude préliminaire. L’étude CLEOPATRA s’est donc donné pour objectif, dans le cadre d’une étude de phase 3 en simple aveugle, groupes parallèles, randomisée, menée dans 15 centres ophtalmologiques du Royaume-Uni, de comparer chez des patients diabétiques ayant un œdème maculaire diabétique n’impliquant pas le centre de la macula, soit de porter un masque lumineux pendant le sommeil, soit de porter un masque non lumineux et cela pendant 24 mois. Le critère d’évaluation primaire principal étaient les modifications de l’épaisseur maximale de la rétine en OCT. 308 patients ont été assignés de manière randomisée (155 pour le masque lumineux et 153 pour le masque non lumineux). La variation dans l’épaisseur maximale de la rétine à 24 mois n’était pas différente entre les 2 groupes de traitement (changement moyen = 9.2 µm pour le masque lumineux et 12.2 µm pour le masque non lumineux, donnant une différence moyenne ajustée de -0.65 µm (IC 95 % = -6.9 à +5.59, p = 0.84). L’observance médiane de port du masque lumineux à 24 mois était de 19.5 %. Il n’y avait pas d’effet secondaire sévère. Les effets secondaires les plus fréquents liés au traitement étaient l’inconfort au niveau des yeux (14 avec le masque lumineux versus 7 avec le masque non lumineux), des yeux douloureux, collants ou pleurants (14 vers 6), et des troubles du sommeil (7 versus 1). En conclusion, le masque lumineux utilisé dans cette étude n’apporte pas de bénéfice thérapeutique à long terme sur l’œdème maculaire diabétique non central. Il n’est donc pas justifié de proposer ce type de masque chez les diabétiques qui ont un œdème maculaire.

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