Le bococizumab, un anticorps anti-PCSK9 efficace chez les patients à haut risque cardiovasculaire…mais dont le développement est arrêté

04/05/2017 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme

Le bococizumab est un anticorps monoclonal humanisé qui inhibe PCSK9 et diminue les taux de LDL cholestérol. Reste maintenant à prouver son effet chez les patients à haut risque cardiovasculaire. Dans deux essais parallèles internationaux avec différents critères d’inclusion en termes de LDL cholestérol, 27 438 patients ont été assignés de manière randomisée pour recevoir du bococizumab à la dose de 150 mg en sous-cutané toutes les deux semaines ou du placebo. Le critère d’évaluation primaire était l’infarctus du myocarde non fatal, les AVC non fatals, les hospitalisations pour angor instable nécessitant une revascularisation urgente ou les décès cardiovasculaires. 93 % des patients recevaient une statine au début de l’étude. Les études ont été interrompues de manière prématurée après que Pfizer ait décidé d’arrêter le développement du bococizumab du fait de l’apparition de titres élevés d’anticorps anti-bococizumab. Le suivi médian a été de 10 mois. A 14 semaines, les patients avaient une baisse du LDL cholestérol de 56 % dans le groupe bococizumab et de + 2.9 % dans le groupe placebo, ce qui donnait une différence intra-groupe de 59 % (p < 0.01) et une réduction médiane à partir de la valeur de base de 64.2 % (p < 0.001). Dans le groupe à bas risque (les patients avaient un LDL cholestérol basal ≥ 0.7 g/l), l’essai d’une durée plus courte (suivi médian était de 7 mois), les événements cardiovasculaires majeurs sont survenus chez 173 patients du groupe bococizumab et du groupe placebo (hazard ratio = 0.99, IC 95 % 0.80 à 1.22, p = 0.94). Dans le groupe à risque élevé (patients ayant un LDL cholestérol basal ≥ 1 g/l), essai de plus grande durée (suivi médian était de 12 mois), les événements cardiovasculaires majeurs sont survenus chez 179 patients du groupe bococizumab et chez 224 patients du groupe placebo donnant un hazard ratio à 0.79 (0.65 à 0.97, p = 0.02). Le hazard ratio pour le critère d’évaluation primaire (événements cardiovasculaires majeurs) dans les essais combinés était de 0.88 (0.76-1.02, p = 0.08). Les réactions au niveau du site d’injection étaient plus fréquentes dans le groupe bococizumab que dans le groupe placebo (10.4 % versus 1.3 %, p < 0.001). En conclusion, dans ces deux essais randomisés comparant l’inhibiteur de PCSK9 bococizumab avec le placebo, le bococizumab n’a pas de bénéfice en termes d’événements cardiovasculaires majeurs dans l’essai ayant inclus des patients à faible risque mais a un effet significatif dans l’essai impliquant des patients à risque supérieur. Quoiqu’il en soit, même si la classe thérapeutique semble très intéressante, le bococizumab ne sera donc pas développé du fait de la survenue de ses titres d’anticorps très élevés.

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