Restriction calorique et longévité : le moment de l’alimentation dans le nycthémère est crucial

20/06/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La restriction calorique, sans malnutrition ni famine, et qui est obtenue en réduisant d’environ 30% la consommation calorique alimentaire, est le moyen non pharmacologique le plus efficace pour améliorer la durée de vie dans différents organismes, mais ses mécanismes restent difficiles à comprendre.

  Les protocoles de restriction calorique classiques chez la souris sont basés sur une restriction de la consommation alimentaire à un moment particulier du nycthémère, en l’occurrence un intervalle long de jeûne de plus de 22 heures, puisque la souris consomme l’alimentation dès qu’elle devient disponible. Or l’administration d’aliments à un temps donné est un signal puissant qui entraîne les horloges circadiennes dans les tissus périphériques comme le foie. Ainsi, en plus de réduire la consommation énergétique quotidienne, la restriction calorique remet à niveau les programmes circadiens complexes d’expression des gènes dans les tissus à travers l’organisme. Si la diminution de la consommation d’énergie est fréquemment considérée comme le facteur critique qui allonge la durée de vie, il est possible aussi que le moment de la prise alimentaire au cours du nycthémère soit aussi important. C’est ce que tend à montrer une étude menée par une équipe américaine qui a réalisé une série d’expériences en modifiant l’heure d’alimentation de souris afin d’analyser l’importance du moment auquel, dans le nycthémère, la consommation alimentaire, dans le cas d’une restriction calorique, jouait un rôle sur la longévité. Le modèle utilisé était des souris C57BL/6J mâles. Les auteurs confirment qu’une restriction calorique de 30 % suffit pour allonger l’espérance de vie de 10 %. Toutefois un intervalle de jeûne quotidien avec un alignement circadien de l’alimentation agissent de concert pour allonger l’espérance de vie de 35 % dans ce modèle de souris. La restriction calorique allonge bien la durée de vie comme cela était attendu mais elle marche mieux lorsque l’alimentation est restreinte de façon à ce que l’animal jeûne pendant au moins 12 heures et lorsque la période à laquelle l’animal mange correspond à la phase active de son cycle circadien. Ces effets sont indépendants du poids corporel. L’âge induit une augmentation très large de l’expression des gènes associée à l’inflammation et diminuent l’expression des gènes codant les constituants des voies métaboliques hépatiques chez les souris nourries ad-libitum. La restriction calorique, la nuit, améliore ces changements liés à l’âge. Ainsi, les interventions à des moments particuliers du rythme circadien, en dehors de la restriction calorique qui favorise la longévité, ouvrent des perspectives intéressantes pour explorer les mécanismes du vieillissement.

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