Traitement hormonal de la ménopause et cancer du sein, un risque sans doute sur-estimé

10/11/2020 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
L’utilisation à long terme d’un traitement de la ménopause par voie orale est associée à une augmentation du risque de cancer du sein qui semble plutôt liée aux progestatifs, qu’il s’agisse de la médroxyprogestérone, de la noréthistérone ou du lévonorgestrel.
 

Après arrêt de ces traitements, les risques diminuent mais restent néanmoins élevés pendant plusieurs années. Une nouvelle étude, cette fois basée sur des données cas-témoins dans les cabinets de médecine générale au Royaume-Uni (UK General Practices) est rapportées dans le BMJ. 98 611 femmes âgées de 50 à 79 ans ayant un diagnostic de cancer du sein entre 1998 et 2018 ont été appariées à 457 498 femmes témoins. Globalement, 33 703 (34 %) des femmes ayant un diagnostic de cancer du sein et 134 931 (31 %) des femmes témoins ont utilisé un traitement de la ménopause au moins 1 an avant la date du diagnostic. En comparaison de celles qui n’en ont jamais utilisé, les femmes qui prenaient un traitement par les estrogènes seuls et celles qui avaient un traitement combiné estrogènes et progestatifs avaient une augmentation du risque de cancer du sein : odds ratio ajusté de 1.15 (IC 95 % = 1.09 à 1.21) pour les utilisatrices de moins de 5 ans et de 1.79 (1.73 à 1.85) pour les utilisatrices de plus de 5 ans. Pour ce qui concerne le progestatif en combinaison avec les estrogènes, l’augmentation du risque était la plus élevée pour la noréthistérone (OR=1.88 ; 1.79 à 1.99) et la plus basse pour la dydrogestérone (OR=1.24 ; 1.03 à 1.48). Une utilisation ancienne, à long terme, des estrogènes seuls ou une utilisation passée à court terme (moins de 5 ans) d’une association estrogènes/progestatifs n’était pas associée à une augmentation du risque. Le risque associé avec une utilisation passée à long terme d’une association estrogènes et progestatifs restait toutefois élevé (1.6 ; 1.11 à 1.21). Chez les utilisatrices récentes d’estrogènes seuls, entre 3 (chez les femmes jeunes) et 8 (chez les femmes plus âgées) cas supplémentaires pour 10 000 femmes/année seraient attendus et chez les utilisatrices d’estrogènes + progestatifs entre 9 et 36 cas supplémentaires pour 10 000 femmes/année étaient attendus. Chez les utilisatrices passées d’une association estrogènes + progestatifs, les résultats suggèrent qu’entre 2 et 9 cas supplémentaires pour 10 000 femmes/année de cancer du sein sont attendus. En conclusion, cette étude confirme l’augmentation du risque de cancer du sein associée à une utilisation à long terme d’un traitement par les estrogènes seuls et d’un traitement combiné par les estrogènes et les progestatifs. Le traitement combiné associé à l’augmentation du risque la moins importante est la combinaison estradiol et dydrogestérone. Ces données suggèrent finalement que le risque de cancer du sein associé à une utilisation plus prolongée du traitement de la ménopause est moins important qu’on ne le pensait et que le déclin du risque, une fois que le traitement est arrêté, est plus rapide qu’en comparaison d’une méta-analyse publiée en 2019 dans le Lancet (Collaborative Group on hormone factors in breast cancer. Time and timing of menopausal hormone therapy and breast cancer risk individual participant meta-analysis of the worldwide epidemiological evidence).

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