Akkermansia, une piste thérapeutique dans le diabète

22/10/2020 Par Corinne Tutin
Diabétologie

L’administration d’une bactérie du microbiote intestinal, Akkermansia muciniphila, a diminué l’insulinorésistance d’un tiers chez des sujets en surpoids ou obèses. On sait depuis plusieurs années, que la diversité du microbiote intestinal est plus faible chez les patients avec un syndrome métabolique ou une obésité que chez les sujets sains. L’équipe du Pr Patrice Cani (Université catholique de Louvain, Belgique) a montré, en 2008, qu’une bactérie, Akkermansia muciniphila, voit son abondance réduite dans l’intestin des souris rendues diabétiques ou obèses après un régime hypercalorique. « Cette bactérie, qui a la particularité de vivre dans la couche du mucus intestinal, représente jusque 5 % des bactéries du microbiote ». D’autres équipes ont décrit chez les animaux avec de faibles quantités d’Akkermansia davantage de phénomènes inflammatoires, d’hyperglycémie, d’insulinorésistance, de stéatose hépatique, et une altération de la fonction barrière de l’intestin. Des travaux réalisés, au sein du laboratoire du Pr Cani, ont aussi révélé que l’administration d’Akkermansia vivante ou pasteurisée (ce qui préserve son activité) à des souris recevant un régime enrichi en graisses accroît la production de peptides antimicrobiens, réduit la glycémie, le poids corporel, et restaure la fonction barrière de l’intestin en augmentant la couche de mucus qui avait été réduite par le régime lipidique.

Cette bactérie paraît jouer un rôle chez l’homme. De fait, une étude de l’équipe du Pr Cani, effectuée en collaboration avec la Pr Karine Clément (Sorbonne Université, Paris), a montré que les sujets en surpoids, qui présentaient la meilleure réponse après...

un régime hypocalorique en termes de taux de cholestérol, d’inflammation, d’insulinorésistance, étaient ceux qui présentaient le plus d’Akkermansia dans leur microbiote intestinal. D’autres équipes ont mis en évidence une augmentation de l’abondance d’Akkermansia sous traitement par la metformine, ou après bypass gastrique. « Ce qui conduit à s’interroger sur la participation du microbiote à l’activité métabolique de ces traitements ».   Un potentiel thérapeutique Une étude pilote en double aveugle, Microbes4U, publiée en 2019 par le laboratoire du Pr Cani, conduite chez 45 sujets en surpoids ou obèses, non traités pour le diabète et non soumis à un régime alimentaire, suggère que cette bactérie pourrait avoir un potentiel thérapeutique. La prise durant 3 mois de 10 milliards d’Akkermansia muciniphila, vivantes ou pasteurisées, a limité significativement, par rapport à un placebo, différents facteurs de risque cardiovasculaire : réduction d’un tiers de l’insulinorésistance, baisse du cholestérol du même ordre que celle qu’on relève avec un régime alimentaire ou des stérols, réduction des paramètres inflammatoires, du poids, du tour de taille et de hanche*. Depuis, l’équipe belge a isolé toute une série de nouveaux candidats bactériens dans le tractus digestif humain, qui semblent avoir des effets métaboliques intéressants. A suivre.

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